« Avec le Smic, je ne vis pas, je survis » témoigne une jeune mère de famille

Ils sont près de 3 millions de salariés français à être rémunérés au Smic. Un chiffre beaucoup trop important pour le Premier ministre Gabriel Attal, qui, lors de sa déclaration de politique générale le 30 janvier dernier, a affirmé vouloir « désmicardiser la France ». Selon les régions et les charges, les difficultés des personnes au Smic peuvent être très différentes. Sur le plateau de l’émission Dialogue Citoyen, deux jeunes femmes ont accepté de témoigner de leurs situations.
Axel Dubois

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« Je ne peux pas commencer ma vie d’adulte ».

En CDI depuis presque deux ans, Océane Coussot travaille à Paris dans la vente. A 27 ans, elle vit toujours chez ses parents, en région parisienne, et a en moyenne 2h30 de transport chaque jour. La jeune femme rêverait de déménager, mais son salaire ne lui permet pas de louer son propre appartement. « J’ai fait les calculs, décrit-elle. Si je devais payer un loyer toute seule, d’un montant d’environ 750 euros pour un 30 m2, il me resterait 50 euros à la fin du mois. Et de toutes façons, les propriétaires demandent de gagner trois fois plus que le montant du loyer. Je suis très loin du compte… » La jeune femme a bien tenté de faire une demande de logements sociaux, mais son dossier n’est pas prioritaire et les délais d’attente sont compris entre trois et quatre ans. La voix coupée par l’émotion, Océane constate : « Je ne peux pas avancer, je ne peux pas fonder une famille. J’ai le sentiment d’être coincée, bloquée dans ma vie. ».

 

« Entre les charges liées au travail, et la diminution des aides, je m’en sortais mieux quand je ne travaillais pas, je suis à deux doigts de demander un mi-temps ».

A Nevers dans la Nièvre, Cindy Garde, 29 ans, a elle aussi le sentiment de « survivre plutôt que de vivre. » Médiatrice dans une association, la jeune femme est maman célibataire de deux enfants. Sa plus jeune fille vient d’avoir trois ans, et depuis cet anniversaire, plusieurs des aides sociales de Cindy ont été supprimées. Depuis décembre, la mère de famille a perdu près de 400 euros par mois. Une somme qui met son budget en péril, d’autant que travailler entraîne des frais : le gasoil pour se déplacer, mais aussi la cantine et la garderie pour ses enfants. En tout, plusieurs centaines d’euros. « Je m’en sortais mieux quand je ne travaillais pas, s’indigne-t-elle. J’ai honte, mais je suis à deux doigts de demander à mes employeurs de passer à un mi-temps, afin de pouvoir retoucher certaines aides et avoir moins de charges. » Une option déconseillée par son assistante sociale, qui souhaiterait que Cindy pense au long terme et à la retraite. Mais la jeune maman se désespère : « Qui pense à comment je vais faire ce mois-ci pour payer l’école ? Je ne fais aucun écart : je vis en logement social, je n’achète pas de vêtements, pas de chaussures, je ne pars pas en vacances… ». La jeune femme se sent accablée par la situation. « Pourquoi n’aide-t-on pas davantage les gens qui veulent travailler ? Je dépasse le barème des aides pour 11 euros. Je n’ai même plus de mots », souffle-t-elle.

 

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

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