Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
« Avec un baril de pétrole à 200 dollars, que devient la ferme France ? » s’interroge le coordinateur des Fermes d’avenir
Par Public Sénat
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Être agriculteur en 2019, c’était le thème du débat de Public Sénat organisé ce mardi matin depuis le Salon de l’agriculture à Paris. Formation, accession, réalités sociologiques : le métier est traversé par d’intenses mutations et de nouvelles pratiques. Partisan d’une plus grande place apportée à la biodiversité dans les cursus de formation, le coordinateur des Fermes d’avenir, s’est interrogé sur la définition même du métier et sur la terminologie d’ « exploitation » agricole.
« On travaille avec la terre, on travaille la nature. On n’est pas là pour l’exploiter », rétorque Maxime de Rostolan, dont l’association promeut une agriculture plus douce et à taille humaine. « On a perdu, à force d’exploiter, 30 à 50% de la matière organique de nos sols », affirme-t-il. « Les terres sont dégradées, on ne peut plus produire dedans. Si. En rajoutant de la chimie, et donc en étant dépendant du prix du pétrole. »
Les nouveaux agriculteurs « veulent s’installer pour faire de l’agroécologie »
Pour ce militant, cette dépendance – au-delà de défis environnementaux – pose un problème économique. Il s’interroge : « On fait une projection avec un baril à 200 dollars [il est actuellement à 55 dollars, mais a atteint 145 dollars en juillet 2008, NDLR], que devient la ferme France ? »
Sur le même modèle que les diagnostics de performance énergétique qui concernent le logement, Maxime de Rostolan suggère d’instaurer des diagnostics de « performance biodiversité » pour les fermes. Il en est convaincu, ce changement de modèle représente une « immense opportunité ». Il rappelle que la moitié des prochains exploitants agricoles, non issus du sérail, « veulent s’installer pour faire de l’agroécologie ».
« Le virage est en train de se prendre tranquillement, il ne faut pas opposer les modèles agricoles », a nuancé Pascal Ferey, producteur de lait et de viande bovine et président de la chambre d’agriculture de la Manche. Ce professionnel estime que les nouvelles technologies vont permettre de « nous faire basculer d’un système qui date des années 50-60 »