« Bien manger c’est parfois refuser de manger »
L’une habite la ville, l’autre la campagne. Caroline et Alexandra ne se connaissent pas, ne font pas les courses aux mêmes endroits. Si chacune a sa recette, leur définition du bien manger n’est pas la même.

« Bien manger c’est parfois refuser de manger »

L’une habite la ville, l’autre la campagne. Caroline et Alexandra ne se connaissent pas, ne font pas les courses aux mêmes endroits. Si chacune a sa recette, leur définition du bien manger n’est pas la même.
Public Sénat

Par Pierre Bonte-Joseph

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Caroline a fait de ses repas son combat. Un peu par conviction, un peu par fidélité à sa famille. Si aujourd’hui elle milite pour une alimentation saine, et des produits bios fraîchement récoltés c’est dit-elle, par souvenir de ses grands-parents qui avaient leur petit bout de jardin à Monterau-sur-Yonne Yonne et puis, il y a ce désir secret de renouer avec la nature : elle, qui a habité successivement Paris et Fontainebleau n’a jamais enterré ce souvenir d’espace et de liberté qui l’assaillait quand elle traversait la forêt adolescente.

AMAP contre supermarchés

Circuits courts, produits bios, pour la cofondatrice de l’association pour le maintien de l’agriculture de proximité (AMAP) de Montreuil, manger est devenu un acte militant. Deux fois par an avec les 75 autres membres de l’association, elle participe à la distribution des fruits et des légumes fraîchement récoltés. Un panier par semaine rempli de légumes de saison et bio.

Alexandra Levy est une habituée de la grande distribution. «  Je ne cherche pas la filière, mais les bons produits. Et les supermarchés ils ont du bon et du mauvais…si on sait faire le tri on peut trouver ce qu’on cherche ». Si elle se fournit aussi chez des petits producteurs, elle ne cherche pas à éviter les supermarchés, de retour de LIDL elle détaille, non sans fierté, les bonnes affaires du jour. Brocolis emballés, betteraves cuites sous cellophanes, boîte de haricots rouges en promotion : « On a beaucoup de contraintes et parfois les supermarchés sont la seule solution pour manger correctement sans se ruiner ».

Mais attention ici pas question de manger des plats préparés, tout est fait maison ou presque. « Faire une mousse au chocolat ça prend 5 minutes, c’est tellement simple et tellement meilleur ». Chaque semaine, Alexandra consciencieuse et appliquée rédige ses menus, cuisine 7 à 8 heures, et teste de nouvelles recettes pas toujours réussies de l’avis de son compagnon. « Je suis parfois un cobaye » lâche-t-il dans un rire.

La question du prix

Mais une chose est sûre, Alexandra veille à ce que l’addition soit raisonnable. Chaque mois elle dépense près de 200 euros, soit 10% du budget familial rarement plus. Mais manger local et bio coûte cher, Alexandra Renson le sait, chaque mois pour elle toute seule elle « consacre environ 350 euros à la nourriture ». 

Mais bien manger c’est aussi des moments de partage entre militants. Le soir de distribution il n’est pas rare qu’ils se retrouvent ensemble. Ce soir-là Caroline accueille la petite troupe. Autour de la table, art très français, chacun y va de son opinion sur le bien manger. L’un d'entre eux lâche même « bien manger c’est choisir ce qu’on mange, bien manger c’est refuser de manger certaines choses ».

 

 

Retrouvez l'intégralité de l'émission Ma voix compte samedi 16 décembre sur Public Sénat.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

« Bien manger c’est parfois refuser de manger »
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le

« Bien manger c’est parfois refuser de manger »
2min

Société

Interdiction des réseaux sociaux aux jeunes : sans consensus européen, la France « montrera la voie », selon le ministre de l’Europe

Après le meurtre d’une surveillante par un collégien de 14 ans à Nogent, Emmanuel Macron a remis l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans sur la table. Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, assure à cet égard que si un « consensus » européen ne se dégage pas, la France « montrera la voie » dans les prochains mois.

Le