Biodiversité : des chercheurs dressent un constat alarmant devant les parlementaires
Lors d’une audition, jeudi 10 novembre, de plusieurs scientifiques spécialisés dans l’étude des écosystèmes, des pistes d’améliorations ont été présentées aux sénateurs et députés pour tenter de préserver les milieux de vie et leurs habitants, menacés par le réchauffement climatique.
Par Lola Scandella
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« Le climat ne doit pas prendre la main sur le vivant ». Ce souhait, c’est celui de Cédric Marteau, directeur du pôle « protection de la nature » de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Face aux députés et sénateurs de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST), il a appelé de ses vœux la nécessité de « trouver un juste équilibre » entre « la transition énergétique » et « la préservation de la biodiversité ».
A ses côtés jeudi 10 novembre lors de cette audition au Sénat, cinq chercheurs ont longuement expliqué aux parlementaires les conséquences du réchauffement climatique, liées aux activités humaines, sur l’érosion de la biodiversité. « Trois quarts des zones humides ont disparu dans le monde, les prélèvements de bois dans les forêts ont augmenté de 40 % en 40 ans », a souligné l’écologue et directeur de recherche au CNRS Philippe Grandcolas.
De graves conséquences sur la biodiversité
Le constat, connu, a déjà été maintes fois répété : les émissions de gaz à effet de serre produites par la déforestation et notre utilisation des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) ont des conséquences délétères sur les écosystèmes. Au risque de voir, entre autres conséquences, les coraux marins disparaître à cause de l’acidification des eaux océanes, la fonte des glaces faire augmenter significativement le niveau de la mer, des espèces disparaître ou migrer, et parfois se développer de manière invasive. Des impacts sur l’agriculture, victime notamment de la sécheresse, et sur la santé humaine, via la prolifération de vecteurs de maladies comme le moustique tigre, sont d’ores et déjà observables.
« En 2100, si on se promène à Paris, on pourra peut-être voir une végétation similaire à celle que l’on trouve actuellement dans le sud-ouest de la France », a expliqué Benoît Sautour, professeur d’écologie à l’Université de Bordeaux, pour figurer les déplacements d’organismes qui pourraient avoir lieu à cause du réchauffement climatique. Mais nul besoin de se projeter si loin dans le temps pour observer des changements. Le chercheur a exposé aux parlementaires l’état des eaux de l’estuaire de la Gironde, dont il est spécialiste. Une espèce de plancton gélatineux venu tout droit des côtes américaines menace les effectifs de zooplancton de cet écosystème fragile. « La capacité trophique, c’est-à-dire à être une réserve de nourriture pour les poissons qui viennent s’y reproduire, de cet estuaire est en train de chuter. Cela questionne la croissance, et donc la survie en mer, des jeunes poissons marins qui se répercute directement sur les stocks de poissons et sur l’activité de pêche confrontée à cette difficulté », a-t-il expliqué.
« Compenser les effets du changement climatique » en s’appuyant sur les bénéfices offerts par la biodiversité
« Comment peut-on faire pour vulgariser ces connaissances auprès de nos concitoyens, préoccupés à plus court terme par le pouvoir d’achat, le coût de l’énergie ? », s’est interrogée Florence Lassarade, sénatrice Les Républicains (LR) de la Gironde, département meurtri cet été par des incendies. Le sujet est prompt à provoquer la colère ou l’anxiété face à l’urgence et l’injonction au changement. Il place aussi les politiques, « forcément tributaires d’un horizon temporel particulier, celui des électeurs et des élus », face à la nécessité de se projeter à plus long terme, a souligné le premier vice-président de l’OPECST Gérard Longuet, sénateur LR de la Meuse.
Les chercheurs présents lors de l’audition ont suggéré des pistes pour améliorer les choses au niveau de la biodiversité. Tous ont insisté sur le fait que des évolutions dans le bon sens étaient encore possibles. Philippe Grandcolas a ainsi plaidé pour la mise en place de « solutions fondées sur la nature, qui permettent notamment d’avoir un regard différent sur le vivant et d’utiliser sa dynamique à notre bénéfice ». Des mesures de reforestation pourraient par exemple « compenser les effets du changement climatique ».
Des « possibilités » de conservation des espèces existantes
« Il reste des solutions », a fait valoir Anne-Christine Monnet, chercheuse au Muséum national d’Histoire naturelle. « La première chose à faire pour conserver la biodiversité, c’est lever les pressions sur les écosystèmes. Cela nécessite d’agir à la fois sur les causes directes du déclin, le changement d’usage des terres, la pollution, l’exploitation des espèces, et les causes indirectes, nos valeurs, les styles de vie et de consommation, l’organisation socio-écosystémique de nos sociétés », a-t-elle énuméré.
« Il y a des possibilités », a renchéri Cédric Marteau, de la LPO, prenant l’exemple de la réserve naturelle de Moêze-Oléron (Charente-Maritime), en bord de mer. La zone est essentielle à plusieurs espèces d’oiseaux, qui y font halte lors de leurs migrations à l’automne et au printemps. Sans digue, elle est menacée par la montée du niveau de la mer. « L’objectif va être de reculer cette réserve naturelle. Les échanges sont en cours avec la profession agricole, qu’il faudra accompagner évidemment, car l’enjeu sera de retransformer ces terres en marais et donc de décaler la zone de protection ». Des méthodes « efficaces » pour conserver la biodiversité existent : « les aires protégées, la restauration des habitats, les plans d’actions de protection ou de réintroduction d’espèces au bord de l’extinction… », a énuméré Anne-Christine Monnet, appelant toutefois les parlementaires à les « réinventer ». Et Cédric Marteau d’appuyer : « si on mène une politique publique efficace, des choses peuvent se faire ».
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