Dimanche 10 décembre, le bitcoin, la monnaie virtuelle par excellence, a fait son entrée à la bourse de Chicago. Elle suscite convoitise et crainte alors que sa valeur flambe depuis plusieurs semaines.
Christopher Dembik, économiste, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Banque, définit ce qu’est le bitcoin :« C’est une monnaie virtuelle. Donc, ça s’oppose automatiquement aux monnaies que l’on a dans notre porte-monnaie. La grande différence, c’est que la monnaie virtuelle n’est pas émise par une banque centrale (…) C’est un système informatique initialement qui est attaché à la Blockchain. La Blockchain (…) est un système informatique qui est ultra-sécurisé et qui a été développé au cours des dernières années ».
Monnaie « extrêmement volatile », on estimait la valeur d’un bitcoin autour de 17 000 dollars en début de semaine.
Pour l’économiste, qui n’en possède pas lui-même, le bitcoin est « une bulle spéculative » : « Il n’y a rien de physique. À part le fait que vous ayez de nouveaux investisseurs sur le marché, rien n’explique une telle envolée sur un tel laps de temps qui est relativement restreint (…) Et plus on en parle, plus vous avez un flot d’investisseurs nouveaux qui va rentrer sur le marché. Ils vont acheter du bitcoin, ça va augmenter [sa] valeur. Et c’est ce phénomène-là auquel on assiste aujourd’hui. Sans compter, qu’initialement c’était un petit cercle fermé. Aujourd’hui toutes les grandes banques, des courtiers, proposent l’investissement sur le bitcoin. Donc vous avez une demande qui est finalement très importante, qui fait augmenter le prix. »
Payer en bitcoin ?
Dans certains pays, il est possible de payer en bitcoins : « Au Danemark, vous avez la possibilité, sur de petits achats, de régler en bitcoins. Et vous avez des États qui souhaitent mettre en avant cet aspect-là comme monnaie de paiement. Le Japon, par exemple, considère que le bitcoin est une monnaie qui a cours légal comme le yen, l’euro ou le dollar » explique-t-il.
Interrogé sur la mauvaise réputation qu’a pu avoir le bitcoin pour avoir servi aux réseaux criminels, l’économiste répond clairement : « On ne peut pas nier que ce succès, cet essor, initialement s’est allié au blanchiment d’argent, à l’évasion fiscale. Tout ce qui est économie parallèle (…) Au Venezuela, le bitcoin est utilisé pour blanchir les revenus du trafic de drogue. »
Christopher Dembik reste donc sceptique vis-à-vis du bitcoin : « Il y a quand même un problème. Aujourd’hui vous avez beaucoup de gens qui investissent sur le bitcoin, qui sont « virtuellement millionnaires » mais malheureusement personne ne nous a dit « j’ai récupéré ces bitcoins en euros ou en dollars » (…) Sur de gros montants (…) personne ne confirme que l’argent a été récupéré ».
Mais il estime tout de même que le phénomène des monnaies virtuelles n’est pas à prendre à la légère : « Vous avez des grandes banques centrales, notamment par exemple aux États-Unis, la Banque centrale américaine (…) qui publie quelques papiers sur ( …) « Et si demain, on émettait notre propre monnaie virtuelle ? ». Donc c’est un phénomène qu’il faut surveiller. Je pense vraiment que le bitcoin n’aura pas une pérennité du fait de cet aspect blanchiment d’argent qui entache [s]a réputation. Mais vous avez de multiples monnaies virtuelles, plus d’une centaine de monnaies virtuelles différentes, qui elles auront certainement un avenir. »
Vous pouvez retrouver l'entretien avec Christopher Dembik, en intégralité :
Bitcoin : une monnaie virtuelle qui fait tourner les têtes