« Le 10 septembre, la France s’arrête. » Ce slogan, apparu en mai dans un canal de Telegram, a d’abord circulé dans la confidentialité avant de s’imposer progressivement sur les réseaux sociaux. Porté par un rejet du plan d’économies présenté par François Bayrou, le 15 juillet, il a trouvé un nouvel élan grâce au soutien affiché de la gauche et de certains syndicats. Peu à peu, l’appel s’est transformé en un véritable mot d’ordre, nourri par un sentiment de ras-le-bol généralisé, qui n’est pas sans rappeler la naissance des Gilets Jaunes en novembre 2018. Même si la chute du gouvernement, attendue dès le 8 septembre, pourrait changer la donne, les appels à « tout bloquer » continuent de se multiplier, relayés par certains syndicats et les partis de gauche. Si l’ampleur réelle de la mobilisation reste incertaine, les services de renseignement territorial estiment qu’environ 100 000 personnes pourraient participer à l’appel du 10 septembre.
Transports, une paralysie redoutée
Dans les transports, les perturbations risquent d’être importantes. En Île-de-France, le réseau RATP pourrait être touché, même si les prévisions précises ne seront connues que 48 heures à l’avance. À la SNCF, Sud Rail appelle à paralyser le ferroviaire en dénonçant une « régression sociale » après les annonces budgétaires de l’été. Les aéroports ne seront pas épargnés puisque Sud Aérien incite également à bloquer les plateformes. Sur les routes, des barrages pourraient être dressés, tandis que certains syndicats évoquent la possibilité de couper aussi les voies ferrées.
Hôpitaux et services publics mobilisés
Le mécontentement s’exprime aussi dans les hôpitaux, particulièrement à l’AP-HP qui regroupe 38 établissements franciliens. La CGT, FO, CFTC et UNSA appellent à la grève pour protester contre plusieurs mesures, dont l’augmentation de la franchise médicale. Les cheminots seront également mobilisés, la CGT- Cheminots, première organisation du secteur, invite tous ses adhérents à rejoindre massivement la contestation.
La grève des cartes bancaires ?
Au-delà des grèves classiques, le mouvement veut frapper le système économique de manière plus ciblée. Des appels circulent pour boycotter la carte bancaire à partir du 10 septembre, afin de priver les banques de leurs commissions. D’autres initiatives prônent des opérations de « péages gratuits » en forçant les barrières pour laisser passer les automobilistes.
La jeunesse en renfort
La mobilisation pourrait aussi s’étendre aux jeunes. L’Union syndicale lycéenne a lancé un appel à bloquer les établissements scolaires pour dénoncer une politique jugée « austéritaire et destructrice pour l’éducation ». Elle espère entraîner les étudiants dans ce mouvement de contestation.
La réponse des autorités
Face à cette montée en puissance, le ministère de l’Intérieur se prépare. Dans une note interne envoyée à nos confrères du Figaro, Bruno Retailleau a donné des consignes de fermeté aux forces de l’ordre. Les autorités redoutent des actions diversifiées tels que des « blocages de raffineries, de gares ou d’axes routiers », mais aussi des opérations symboliques visant des institutions comme l’Assemblée nationale, le Sénat ou l’Élysée. Mais le ministre a été clair, elles devront être empêchées ou levées rapidement. Le ministre promet également des interpellations systématiques en cas de dégradations, tout en assurant que les manifestations déclarées « dans le cadre légal » seront protégées. « Je ne crois pas à des mouvements d’ampleur. En revanche, compte tenu de ces mouvances-là, de leur radicalité, il peut y avoir des actions spectaculaires », a-t-il déclaré lors d’un déplacement à Clermont-Ferrand.
Paris et l’Île-de-France seront placées sous haute surveillance, tout comme Marseille, Bordeaux, Dijon, Lille et Strasbourg. L’exécutif veut éviter à tout prix la paralysie économique recherchée par les partisans du « bloquons tout ».