« Notre place de parlementaires de gauche, c’est d’être aux côtés de ces Français qui se mobilisent aujourd’hui ». Devant les grilles d’entrée de l’Hôpital Tenon dans le 20e arrondissement de Paris, où était mobilisée une partie du personnel soignant, Ian Brossat a dressé les origines d’un mouvement « soutenu par beaucoup de Français qui ont voté aux dernières élections législatives, qui ont souhaité que ça change et qui constatent que le président de la République maintient coûte que coûte la même politique ». Des élus communistes, socialistes, écologistes et de l’Après ont pris part à l’appel à tout bloquer du 10 septembre.
Des chants à la démission d’Emmanuel Macron
Les rassemblements se tenaient sans heurt dans les rues parisiennes, jusqu’aux environs de 16 heures où des tensions ont éclaté place du Châtelet. Les pompiers sont rapidement intervenus sur un restaurant en proie aux flammes aux environs des Halles. En début d’après-midi, l’ambiance était pourtant au beau fixe. De nombreux jeunes déambulaient dans une légère odeur de fumigène, aux sons des tambours.
Des slogans appelant à la démission d’Emmanuel Macron ont rythmé les cortèges. La nomination express de Sébastien Lecornu à Matignon, hier soir, a semblé cristalliser la colère des manifestants, déjà latente depuis plusieurs mois.
« C’est une honte absolue », s’est indigné Ian Brossat. Pour l’élu, désigner « un très proche du Président de la République » au poste de Premier ministre, « c’est une provocation, c’est un bras d’honneur » aux citoyens qui « ont dit qu’ils ne voulaient plus de sa politique » lors des dernières élections législatives. Le sénateur a laissé présager une « sanction immédiate » si Emmanuel Macron « compte poursuivre la même politique ». Et d’ajouter : « On ira vers la censure et inévitablement vers une dissolution derrière ».
« La coupe est pleine »
Sur le parvis de cet hôpital de l’Est parisien, certains syndicats se sont déjà mobilisés, avant même les consignes à se rassembler la semaine prochaine, le 18 septembre. « On aimerait se faire entendre sur le plan de la santé », a martelé Nathalie Marchand, secrétaire CGT de l’AP-HP. « Le doublement de franchise, des consultations, des examens médicaux, les jours fériés, la cinquième semaine de congés payés », a-t-elle énuméré, « ce n’est pas possible ». Pour la syndicaliste, le constat est sans appel : « La coupe est pleine ».
Quelques Gilets Jaunes sont de la partie sur la place de la République. Vêtue d’une veste de costard de couleur jaune vif, Coline est venue « de manière pacifique et ludique » pour exprimer son « mécontentement ». Une baguette et un chapeau de magicien sont vissés dans sa main, clin d’œil à sa pancarte sur laquelle est inscrit en lettres majuscules : « Comment ça, il n’y a pas d’argent magique ? ». Cette manifestante a déploré qu’on demande « de plus en plus à ceux qui gagnent le moins », plutôt que de faire participer davantage « les ultra-riches ».
Des rassemblements qui se poursuivront la semaine prochaine, à l’appel de l’intersyndicale. Ce qu’a tenu à rappeler Ian Brossat : « Il y a la journée d’aujourd’hui, mais il y a aussi le 18 septembre, on a besoin d’un immense mouvement social si on veut que ça change dans notre pays ».
199 interpellations recensées à Paris en fin d’après-midi
Aux environs de 17h30, la procureure de la République de Paris Laure Beccuau a fait état de 199 interpellations dans la capitale, dont 99 qui donnent actuellement lieu à des gardes à vue. Pour la majorité, la qualification retenue est la participation à un groupement formé en vue de la préparation d’infraction de violence ou de dégradation. Les interpellations se sont concentrées dans le 12e arrondissement, au niveau de la rue du Niger, mais aussi dans le 13e et 20e arrondissements, et à proximité de la gare du Nord.
Au sujet du restaurant touché par les flammes dans le quartier de Châtelet-les-Halles, Laure Beccuau a évoqué un départ de feu involontaire lié à l’intervention des forces de l’ordre, en précisant que les investigations se poursuivent.