Cannabis : « Il faut que l’Etat organise sa vente », selon le sénateur Bernard Jomier

Cannabis : « Il faut que l’Etat organise sa vente », selon le sénateur Bernard Jomier

Bernard Jomier, sénateur de Paris et médecin généraliste, déplore un message flou de l’Etat sur le cannabis. Plutôt que de renforcer une politique déjà répressive qu’il juge inefficace pour endiguer la forte consommation des Français, il propose que l’Etat en organise et en encadre la vente.
Public Sénat

Par Aurélien Tillier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la distinction entre drogues dures et drogues douces revient fréquemment dans le débat sur le cannabis, le sénateur de Paris Bernard Jomier (groupe socialiste), médecin généraliste, différencie clairement le produit et ses usages. « Il y a un usage modéré de l’alcool qui ne pose pas de problème et il y a un usage de l’alcool qui pose un grand problème », explique-t-il. « Le cannabis, c’est délétère pour la santé […] mais il faut bien reconnaître en même temps qu’il y a un usage du cannabis qui ne pose pas vraiment de problème, et il y en a un qui est dramatique ».

Tous les usages du cannabis ne se valent pas

Selon le dernier rapport parlementaire, 10 % de la population française entre 14 et 64 ans consomme du cannabis au moins une fois par an, et presque 3 % tous les jours. Pourtant, la France a une des politiques les plus répressives d’Europe en la matière : la consommation de stupéfiant (cannabis, cocaïne, héroïne) est passible d’une amende forfaitaire de 200 €, qui reste inscrite au casier judiciaire. Bernard Jomier s’agace de cette situation, et notamment du message que cela envoie aux jeunes. « Quand il y a une substance qui circule massivement, qui est consommée par la majorité d’entre eux, que l’Etat dit que c’est interdit et que ce n’est pas appliqué, ça ne peut pas fonctionner ». Pour résoudre ce problème, Bernard Jomier veut « mettre les pieds dans le plat » et pose la question d’une autre voie.

Légalisation « sanitaire » contre légalisation « économique »

Deux options sont possibles. La première consiste à durcir le ton et à renforcer la répression de la consommation de cannabis. C’est le chemin choisi par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui qualifiait le cannabis de « poison » le 24 août dernier sur France Info. La deuxième solution est celle de la légalisation, qui ne supprimerait pas seulement les sanctions comme le ferait la dépénalisation, mais qui autoriserait la vente, l’accès et la consommation de cannabis. C’est cette voie que préconise Bernard Jomier, mais de manière « sanitaire » et non « économique ». En effet, selon lui, une légalisation économique créant un marché libre non régulé dans lequel chacun pourrait vendre ou acheter serait « une catastrophe » et ferait « flamber la consommation ». Au contraire, une « légalisation sanitaire » mettrait la vente de cannabis sous le contrôle strict de l’Etat, qui investirait également dans des « programmes de prévention et d’accompagnement » faisant ainsi « baisser la consommation ». Une proposition qui ravirait les consommateurs, mais qui divise encore beaucoup les Français.

Revoir l’intégralité de l’émission

Dans la même thématique

Illustration: justice tibunal,administration penitenciaire.
6min

Société

Qu’est-ce que le « contrôle coercitif », cette notion au cœur des débats sur la proposition de loi contre les violences sexuelles ?

L’intégration dans le Code pénal de cette notion, développée dans les années 1970 pour décrire certains aspects des violences conjugales, a nourri de vifs débats au Sénat jeudi 3 avril. Les élus ont renoncé à la faire entrer strico-sensu dans la loi, mais ils s’en sont inspirés pour revoir la définition pénale du harcèlement sur conjoint.

Le

European Union defence : ‘rearming Europe’ project
6min

Société

Kit de survie : « Quand une population est préparée, elle n’est pas en mode panique », salue le sénateur Olivier Cadic

Pour que les populations soient préparées en cas de crise, la Commission européenne conseille aux citoyens d’avoir un « sac de résilience » avec tout ce qu’il faut pour tenir, en cas de catastrophe naturelle… ou de guerre. « Le but n’est pas de faire peur aux gens », soutient le sénateur LR Cédric Perrin, mais « d’anticiper les situations ». La France prépare un livret de survie, sur le modèle suédois.

Le

Cannabis : « Il faut que l’Etat organise sa vente », selon le sénateur Bernard Jomier
4min

Société

« Sur le handicap, le regard de la société a progressé plus vite que celui des institutions » se réjouit Eglantine Eméyé

Mannequin, animatrice de télévision et comédienne. Elle a médiatisé le combat de son second fils Samy, atteint d’autisme sévère, pour alerter sur le manque de prise en charge des enfants handicapés, mais aussi la solitude des mères et des parents. Malgré la disparition de son fils en 2023, elle a décidé de poursuivre le combat. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Eglantine Eméyé dans « Un monde, un regard » sur Public Sénat.

Le