Il n’est pas rare d’apprendre dans les JT qu’un nouveau règlement de compte s’est produit dans les quartiers Nord de Marseille. Fusillade sur fond de trafic de drogue, à chaque fois ce sont des jeunes vies qui s’arrêtent. Ce ne sont pas seulement leurs vies qui s'arrêtent, mais aussi celles de leurs mères. Comme le dit l’une d’entre elles, Baya : « Quand on tue un jeune, c’est toute sa famille qu’on tue et qu’on anéantie ».
Un combat contre la rue
« Un fils accompagne sa mère jusqu’au cimetière, pas le contraire ». Dès les premiers mots du documentaire, le ton est donné. C’est un cri de rage, de chagrin, de désespoir que lancent Souad, Céline et Baya. Des mamans dont la vie s’est arrêtée en même temps que celles de leurs enfants.
« Quand on tue un jeune, c’est toute sa famille qu’on tue et qu’on anéantie »
"L'argent, la notoriété et la consommation de cannabis" sont les trois critères qui favorisent la délinquance.
« Assidu à l’école », « respectueux », « bagarreur », autant de qualificatifs qui ne laissent rien présager du destin tragique auxquels ces jeunes Marseillais vont se heurter. Chacune à sa manière, a essayé de protéger ses enfants de l’influence, de l’effet de groupe, de l’appât du gain, de l’argent facile. Unanimement, leurs témoignages soulignent leur volonté de les éduquer et de répondre à leurs besoins. Mais comme le résume Souad « l’argent, la notoriété et la consommation de cannabis » sont les trois critères qui favorisent la « spirale » dans laquelle son enfant a sombré.
Que justice soit faite
Deux de leurs fils leur ont été enlevés. Tués par armes à feu, l’un a ensuite été brulé dans sa voiture… des crimes violents et encore impunis. Le troisième lui, n’est pas mort, sa mère a risqué la vie de tous ses enfants, « pour n’en sauver qu’un… Mais c’était nécessaire ». Désemparée elle raconte s’être tournée vers la justice, en allant porter plainte contre son propre fils. En vain puisque sa plainte n’a pas abouti.
"Dans les quartiers nord de Marseille, il n'y a plus rien pour les jeunes"
« Ce sont les victimes du système, de la précarité. »
Tout au long de ce documentaire, la responsabilité de l’État et de la justice est remise en question. Leur désinvestissement dans les cités et les banlieues, en fermant « piscines, stades, tout », est-il la cause d’une jeunesse poussée aux délits ou n’est ce que l’accélération d’un dénouement prévisible ? Pour Céline, la réponse est sans appel, « ce sont les victimes du système, de la précarité ».