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Changement de sexe : la droite du Sénat lance un groupe de travail sur la transidentité des mineurs

Les Républicains du Sénat ont décidé de se pencher sur la transidentification des mineurs. Un groupe de travail va se mettre en place le 31 mai. A sa tête la sénatrice LR, Jacqueline Eustache-Brinio indique vouloir « protéger les enfants contre les transactivistes ».
Simon Barbarit

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C’est à un sujet sensible que les Républicains du Sénat ont décidé de s’attaquer. Un groupe de travail, composé de 18 élus LR se mettra en place mercredi prochain pour s’intéresser à « la hausse croissante des demandes de changement de sexe chez les enfants et surtout les adolescents depuis plusieurs années », peut-on lire dans un communiqué publié jeudi.

« Nous avions abordé cette question lors de l’examen de la proposition de loi visant à interdire les thérapies de conversion. Avec plusieurs de nos collègues, nous nous étions aperçus des dérives de certains influenceurs transactivistes. Nous sommes législateurs. Nous avons le devoir de protéger les enfants. À l’issue de nos travaux, nous nous poserons la question s’il y a lieu de légiférer ou pas », indique à publicsenat.fr, la sénatrice LR du Val d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio qui animera les auditions.

En effet, il y a deux ans, lors de l’examen de ce texte qui punit de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende « les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée, d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale », la sénatrice avait, sans succès, souhaité supprimer « la notion d’identité de genre ».

« A chaque fois qu’on évoque ces questions, on est taxé d’homophobe. Alors que ça n’a rien à voir »

Jacqueline Eustache-Brinio avait alors exhorté ses collègues à ne pas tomber « dans l’idéologie de la théorie du genre, des « iels » et de tout ce qui nous vient des Etats-Unis, imposés par une minorité agissante ».

« A chaque fois qu’on évoque ces questions, on est taxé d’homophobe. Alors que ça n’a rien à voir. On naît homme ou femme et nous avons une orientation sexuelle qui ne relève que de la vie privée. On a des questionnements à l’adolescence, on peut être mal dans sa peau mais ça ne justifie pas d’aller ces dérives que nous avons observées. Ça nécessite une prise en charge par des psychiatres. Mais pourquoi cette question de la transidentité qui concerne une minorité explose sur les réseaux sociaux ? Est-ce que ce débat à sa place à l’école ? Ce sont des questions que nous poserons », indique la sénatrice du Val d’Oise.

A noter que lors de la dernière campagne présidentielle, la candidate LR, Valérie Pécresse avait pris position contre les opérations de changement de sexe irréversibles sur les mineurs.

En France, aucun texte n’encadre ou n’interdit les opérations de changement de sexe pour les mineurs. Les médecins s’appuient sur les recommandations internationales notamment l’Association mondiale des professionnels en santé transgenre (World Professional Association for Transgender Health). Celle-ci recommande d’attendre la majorité pour des opérations irréversibles de personnes souffrant de dysphorie de genre, un terme employé pour désigner la détresse d’une personne transgenre face à un sentiment d’inadéquation entre son genre assigné et son identité de genre.

En revanche, un adolescent peut se faire prescrire des « bloqueurs de puberté », un traitement hormonal réversible pour développer son corps vers le genre souhaité.

« Ils importent des paniques identitaires de l’extrême droite identitaire américaine »

De l’autre côté de l’hémicycle, l’initiative de LR est prise avec désabusement. « On l’a vu lors des débats, il y a deux ans, certains LR ne savent pas ce qu’est la transidentité. Ils pensent que c’est une idéologie. Si vous leur parlez d’autres personnes que des personnes cisgenres, ils pensent que c’est de la propagande. Ils importent des paniques identitaires de l’extrême droite identitaire américaine. Donc, dans un sens, c’est bien qu’ils installent un groupe de travail pour comprendre. Le problème c’est qu’ils vont auditionner tout le monde sauf les personnes concernées, les personnes trans. Qu’ils se forment et qu’ils comprennent la détresse psychologique, la torture, qu’entraînerait chez ces adolescents l’interdiction de pouvoir avoir recours à ces bloqueurs de puberté. Mais pour ça il ne faut pas se contenter d’auditionner des experts transphobes », soupire la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel.

Le communiqué du groupe LR évoque les auditions de nombreux experts (médecins, associations, juristes, experts internationaux) avant d’envisager une éventuelle évolution du cadre législatif concernant les mineurs ». « Nous auditionnerons tout le monde y compris ceux qui ne partagent pas nos convictions », assure Jacqueline Eustache-Brinio.

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