Charlotte Caubel annonce une « campagne choc » sur l’inceste et les violences faites aux enfants

Le gouvernement lancera à la rentrée prochaine une importante campagne de sensibilisation autour des violences faites aux enfants. Invitée de Public Sénat, Charlotte Caubel, la secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l'Enfance, dénonce « une forme d’omerta » sur ces questions, et insiste sur la nécessité de mettre fin au silence pour mieux apprendre à décrypter « les signaux faibles ».
Romain David

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

L’exécutif annonce le lancement à la rentrée d’une « campagne choc » contre les violences faites aux enfants, sur le modèle des campagnes de prévention routière. « Cela doit interpeller tous les adultes que nous sommes à l’égard de notre comportement vis-à-vis des enfants […] mais aussi pour repérer les signaux faibles et porter la parole des enfants », a expliqué Charlotte Caubel, la secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l’Enfance, ce mercredi 24 mai au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.

« Cela fait un an que je suis à mon poste et je ne peux que mesurer que nous n’arrivons pas à mobiliser suffisamment notre pays sur la réalité des violences faites aux enfants », déplore-t-elle. « On est enfin arrivé à le faire sur les violences faites aux femmes, mais cette question, sur les enfants, ne passe pas le mur du son. On n’entend pas qu’un enfant meurt tous les cinq jours dans son environnement familial. On n’entend pas que deux enfants par classe subiront, un jour, un phénomène d’inceste », énumère notre invité, qui alerte également sur la recrudescence de certains phénomènes. « Le nombre de bébés secoués depuis la crise sanitaire a doublé ; on a 400 enfants chaque année qui deviennent handicapés à vie du fait d’avoir été secoués. »

Briser le silence

« Avec les enfants, il y a un côté que je n’arrive pas à décrypter, qui est : ce n’est pas possible que l’on fasse cela à un enfant. Il y a toujours une explication, on ne veut pas voir parce que c’est dans les familles, c’est caché », poursuit Charlotte Caubel qui évoque « une forme d’omerta ».

Une première campagne de sensibilisation « pourrait être plus spécifiquement centrée autour de l’inceste et des violences intrafamiliales », précise encore cette responsable gouvernementale. « L’inceste, par rapport à d’autres formes de violences, est d’autant plus difficile à accepter qu’il va détruire la famille : le couple si l’un des deux est agresseur, l’environnement familial qui prendra parti, etc. C’est extrêmement compliqué, il y a un tabou sur cela qu’il faut lever. »

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »
5min

Société

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »

Dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne et à protéger la jeunesse des contenus dangereux. Pour Olivia Tambou, maître de conférences, la clé d’une telle réglementation au niveau européen réside dans la vérification de l’âge. La sénatrice Catherine Morin-Desailly appelle à une réflexion plus globale sur les usages et la formation.

Le

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le