L’exécutif annonce le lancement à la rentrée d’une « campagne choc » contre les violences faites aux enfants, sur le modèle des campagnes de prévention routière. « Cela doit interpeller tous les adultes que nous sommes à l’égard de notre comportement vis-à-vis des enfants […] mais aussi pour repérer les signaux faibles et porter la parole des enfants », a expliqué Charlotte Caubel, la secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l’Enfance, ce mercredi 24 mai au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.
« Cela fait un an que je suis à mon poste et je ne peux que mesurer que nous n’arrivons pas à mobiliser suffisamment notre pays sur la réalité des violences faites aux enfants », déplore-t-elle. « On est enfin arrivé à le faire sur les violences faites aux femmes, mais cette question, sur les enfants, ne passe pas le mur du son. On n’entend pas qu’un enfant meurt tous les cinq jours dans son environnement familial. On n’entend pas que deux enfants par classe subiront, un jour, un phénomène d’inceste », énumère notre invité, qui alerte également sur la recrudescence de certains phénomènes. « Le nombre de bébés secoués depuis la crise sanitaire a doublé ; on a 400 enfants chaque année qui deviennent handicapés à vie du fait d’avoir été secoués. »
Briser le silence
« Avec les enfants, il y a un côté que je n’arrive pas à décrypter, qui est : ce n’est pas possible que l’on fasse cela à un enfant. Il y a toujours une explication, on ne veut pas voir parce que c’est dans les familles, c’est caché », poursuit Charlotte Caubel qui évoque « une forme d’omerta ».
Une première campagne de sensibilisation « pourrait être plus spécifiquement centrée autour de l’inceste et des violences intrafamiliales », précise encore cette responsable gouvernementale. « L’inceste, par rapport à d’autres formes de violences, est d’autant plus difficile à accepter qu’il va détruire la famille : le couple si l’un des deux est agresseur, l’environnement familial qui prendra parti, etc. C’est extrêmement compliqué, il y a un tabou sur cela qu’il faut lever. »