Chasse : une pétition demandant l’interdiction du déterrage des blaireaux en passe d’atteindre les 100 000 signatures

Chasse : une pétition demandant l’interdiction du déterrage des blaireaux en passe d’atteindre les 100 000 signatures

C’est une nouvelle pétition sur la chasse qui va pousser le Sénat à réagir. Le texte demande « l’interdiction du déterrage des blaireaux », une espèce protégée. « Ça devient insupportable ces pétitions », dénonce le président LR du groupe d’études chasse et pêche de la Haute assemblée, Jean-Noël Cardoux. « Les chasseurs doivent faire le ménage dans certaines pratiques qui ne sont plus comprises », répond le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard. 
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Et une de plus. Une nouvelle pétition sur la chasse est bien partie pour atteindre les 100 000 signatures sur la plateforme mise en place par le Sénat, il y a deux ans. Rappelons que selon le règlement du Sénat, les pétitions d’origine citoyenne doivent atteindre 100 000 signatures en 6 mois pour déclencher une action parlementaire.

Déposée le 30 mars dernier, la pétition « pour l’interdiction du déterrage des blaireaux » a dépassé les 89 000 signatures et devrait atteindre le sésame le 30 septembre. La Conférence des présidents devra ainsi déterminer qu’elle suite à lui donner, mission d’information, commission d’enquête, proposition de loi, débat en séance publique…

« La vénerie sous terre a non seulement une incidence sur les blaireaux, premiers concernés, mais aussi sur d’autres espèces, parfois protégées […] Dans la majorité des pays voisins de la France (Belgique, Irlande, Pays-Bas, Danemark, Portugal, Espagne, Italie, …), le déterrage est interdit et le blaireau est un animal protégé », rappelle la pétition.

« Pression des antispécistes et des animalistes »

« Ça devient insupportable ces pétitions. J’ai eu le cabinet de Gérard Larcher au téléphone qui m’a confirmé que la Conférence des présidents allait probablement se saisir de celle-ci. Nous sommes en train de subir la pression des antispécistes et des animalistes qui n’ont probablement jamais vu un blaireau de leur vie. La chasse est une activité légale qui est attaquée de toute part au nom du bien-être animal. On va encore mobiliser un groupe de travail pour un sujet d’ordre réglementaire. A titre personnel, je suis pour qu’on limite la plateforme des e-pétitions aux sujets régaliens », s’agace Jean-Noël Cardoux, président LR du groupe d’études chasse et pêche de la Haute assemblée.

Il faut dire que la « Chambre des territoires », a vu passer plusieurs e-pétitions pour interdire ou limiter cette activité. Un comble pour cette assemblée « traditionnellement pro-chasse ». L’année dernière, une pétition intitulée « Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça ! », déposée par le collectif « un jour un chasseur » avait explosé le compteur de signatures et conduit les sénateurs à lancer une mission parlementaire.

En riposte, Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs avait déposé, lui aussi, une pétition, intitulé « pour la fin de la réduction fiscale pour les dons aux associations qui utilisent des moyens illégaux contre des activités légales ». Elle aussi a dépassé les 100 000 signatures conduisant à une « mission flash » du Sénat.

« Un mode de chasse cruel qui relève d’une pratique d’un autre temps »

Sur Twitter, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard s’est félicité du succès de la pétition pour l’interdiction de la vénerie sous terre, « un mode de chasse cruel qui relève d’une pratique d’un autre temps ». Le sénateur de l’Isère avait déposé une question écrite sur ce sujet au gouvernement en 2020. Il avait rappelé que cette chasse est « pratiquée en pleine période de reproduction et d’élevage des jeunes blaireaux, ce qui porte atteinte directement au renouvellement de la population ». Il rappelait également que la Convention de Berne interdit de porter atteinte aux espèces protégées sauf en cas « d’une démonstration de dommages importants aux cultures, en l’absence de solutions alternatives, ainsi qu’en l’absence d’impact sur la survie de la population concernée ».

« Les chasseurs doivent faire le ménage dans certaines pratiques qui ne sont plus comprises. C’est devenu une pratique de loisir accolée à de la cruauté. La plupart des préfets prennent des dérogations pour l’extension de ces chasses. Il faut que cette règle devienne une exception », apprit, Guillaume Gontard

« Le blaireau n’est pas une espèce en voie de disparition. Elle a sa place dans la nature mais, elle doit faire l’objet d’une régulation. Dans le Loiret, ils sont la cause de dommages importants dans les vignes. Ils sont la bête noire des services de la SNCF car ils creusent des galeries sous les voies ferrées. Ils sont surtout un facteur très important de la transmission de la tuberculose bovine », répond Jean-Noël Cardoux.

Dans la même thématique

Photo IVG
3min

Société

Accès à l’IVG en France, la course d’obstacles

Le 4 mars 2024, le Parlement adopte définitivement l'IVG dans la Constitution. Après les députés, les sénateurs ont voté en faveur de l’inscription de « la liberté des femmes de recourir à une interruption volontaire de grossesse » dans la loi fondamentale. Un « jour historique », selon le gouvernement, mais qu'en est-il concrètement de l'accès à l'IVG sur le territoire ? Derrière les célébrations, sous les ors du Congrès à Versailles, se cache une réalité plus sombre. Public Sénat est allé enquêter sur le terrain à la rencontre de ces femmes en quête d’une IVG.

Le

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »
5min

Société

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »

Dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne et à protéger la jeunesse des contenus dangereux. Pour Olivia Tambou, maître de conférences, la clé d’une telle réglementation au niveau européen réside dans la vérification de l’âge. La sénatrice Catherine Morin-Desailly appelle à une réflexion plus globale sur les usages et la formation.

Le

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le