Climat : la France pousse pour une taxe européenne
Ce mardi, l’Ile Seguin (Hauts-de-Seine) accueille le One Planet Summit, un sommet climatique consacré à la finance verte, co-organisé par l’ONU et la Banque mondiale.

Climat : la France pousse pour une taxe européenne

Ce mardi, l’Ile Seguin (Hauts-de-Seine) accueille le One Planet Summit, un sommet climatique consacré à la finance verte, co-organisé par l’ONU et la Banque mondiale.
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Deux ans après le coup de marteau de Laurent Fabius, qui a scellé l’Accord de Paris, les acteurs de la lutte pour le climat se retrouvent de nouveau en France, ce mardi, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron. Cette fois, le One Planet Summit, sommet organisé par l’ONU et la Banque mondiale, sera uniquement consacré au financement, nerf de la guerre contre le réchauffement climatique. Malgré le départ des Etats-Unis de l’Accord, une cinquantaine de chefs d’Etat est attendue sur l’Ile Seguin (Hauts-de-Seine). Emmanuel Macron, évidemment, mais aussi la Britannique Theresa May ou encore le Mexicain Enrique Peña Nieto. Ombres au tableau : les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre (Chine, inde, Canada …) n’ont envoyé que des représentants pour discuter de la finance verte. Donald Trump, lui, n’a pas été invité mais sera représenté par un chargé d’ambassade. Aux chefs d’Etat, s’ajoutent des entrepreneurs ou des philanthropes comme Michael Bloomberg et Bill Gates.

4 tables rondes au programme

En tout, près de 2000 personnes sont attendues pour faire bouger un processus qui peine à s’accélérer. En novembre, plus de 15 000 scientifiques ont lancé un cri d’alarme. « Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui » expliquaient-ils dans la revue BioScience.

Concrètement, le sommet s’organisera en 4 tables rondes : « Changer l’échelle de la finance pour l’action climat », « Verdir la finance en faveur d’une économie durable », « Accélérer l’action locale et régionale en faveur du climat » et « Renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire. » Des dizaines d’événements auront lieu en parallèle du sommet, à Paris. « Il y a eu un éveil des consciences, on sait maintenant que le changement climatique est malheureusement une réalité » affirme Brune Poirson sur Public Sénat. « Il faut changer l’ensemble du système financier, c’est vraiment un changement de paradigme qui doit être accompli. »

La « dette verte »

L’outil principal pour le climat reste la « dette verte », c’est-à-dire des obligations destinées à financer des investissements en faveur de la transition écologique. « Pour 2017, les émissions mondiales de la dette verte ont déjà atteint plus de 125 milliards d'euros (contre 90 en 2016) », souligne à l’AFP Stéphane Marciel, Responsable Obligations Durables chez Société Générale CIB. De la même façon, 40 pays et 25 provinces ou villes ont mis en place une tarification du carbone pour pousser les entreprises à réduire leurs émissions de CO2, début septembre. Mais les tarifs restent trop faibles pour être véritablement coercitifs.

Vers une taxe européenne ?

Parmi les autres solutions possibles, la mise en place d’une taxe sur les transactions financières au niveau européen revient au premier plan. C’est en tout cas la volonté de 4 ministres français, qui ont signé une tribune commune, ce dimanche dans le JDD. « Nous avons progressé. La France a depuis mis en place une taxe sur les transactions financières qui contribue à soutenir son action pour le climat. Nous nous mobiliserons pour que cette taxe devienne européenne et ferons en sorte que chacun participe à cette solidarité » expliquent Nicolas Hulot (Transition écologique), Jean-Yves Le Drian (Diplomatie), Bruno Le Maire (Economie) et Frédérique Vidal (Recherche). Véritable serpent de mer, ce prélèvement rappelle la taxe Tobin, suggérée en 1972 par le Nobel d’économie James Tobin pour taxer les transactions monétaires internationales.

Remise au goût du jour après la crise de 2008, elle avait été approuvée par une dizaine de pays européens mais mise au garage avec la surprise du Brexit, malgré les relances du président Hollande. En septembre, Emmanuel Macron a néanmoins décidé de la remettre en selle mais dans une version « allégée » pour ne pas faire peur aux entreprises qui souhaitent quitter la City. Avec une large assiette, une taxe européenne sur 10 pays rapporterait entre 20 et 22 milliards d'euros par an mais peu d’Etats semblent disposés à une telle envergure. A l’échelle nationale, le gouvernement français a d’ailleurs décidé d’abroger l’extension de la taxe sur les transactions financières aux opérations dénouées dans la même journée, qui devait entrer en vigueur au 1er janvier. Interrogé sur France Info, Laurent Fabius estime pourtant qu’une taxe européenne était « une bonne idée » et que ce sommet sera justement l’occasion de convaincre les partenaires de la France. Réponse ce mardi.

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