Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Commémoration de l’abolition de l’esclavage : 20 ans après la loi Taubira, la date du 10 mai fait encore débat
Par Jules Fresard
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Cette année, l’abolition de l’esclavage est revenue plus tôt dans le débat public qu’elle ne le fait actuellement. En déposant une gerbe devant la tombe de Napoléon à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’Empereur, Emmanuel Macron a relancé le débat autour de l’héritage de Bonaparte, qui en 1802 avait rétabli l’esclavage, aboli en 1794 par les Révolutionnaires à Saint-Domingue, en Guadeloupe et en Guyane. « Commémorer n’est pas célébrer », répétait l’Élysée depuis que l’organisation de la cérémonie avait été rendue publique.
C’est donc dans un contexte particulier qu’Emmanuel Macron s’apprête, lundi 10 mai, en compagnie du président du Sénat Gérard Larcher, à commémorer l’abolition de l’esclavage, qui a lieu depuis 2006 tous les ans à cette date. Mais la commémoration prend cette année une signification particulière, puisqu’elle marque les 20 ans de la « loi Taubira », qui en 2001 avait déclaré la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité, adoptée à l’unanimité à l’époque par l’Assemblée Nationale et le Sénat.
Le choix du 10 mai
Depuis 2006, cette date est considérée comme « La journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition ». C’est à l’époque Jacques Chirac qui avait acté cette décision, sur proposition du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, aujourd’hui remplacé par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, présidée par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
La « loi Taubira » du nom de l’ancienne garde des Sceaux qui en 2001 était rapporteure du texte, prévoit, en plus de la reconnaissance comme crime contre l’humanité, qu’une place importante soit accordée dans les programmes scolaires et universitaires en sciences sociales à la traite et à l’esclavage.
Mais la particularité de cette date réside dans le fait qu’elle n’est pas la seule à célébrer l’abolition de l’esclavage sur le territoire français. Ainsi, à Mayotte, c’est le 27 avril que l’abolition est célébrée, le 22 mai pour la Martinique, le 27 mai pour la Guadeloupe, le 10 juin pour la Guyane et le 20 décembre pour la Réunion.
Pour certains historiens, le 10 mai, noyé au milieu d’autres dates plus locales, ne permettait pas de mettre en place un grand rendez-vous national et populaire sur la question. D’autant qu’une autre date nationale existe, celle du 23 mai, qui commémore, elle, les victimes de l’esclavage, et fait référence à la grande marche organisée le 23 mai 1998 à Paris en hommage à ces dernières.
C’est d’ailleurs la coexistence de deux dates nationales qui est à l’origine d’un imbroglio au sein de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Le Comité marche du 23 mai 1998 (CM98) a ainsi claqué la porte de la Fondation le 26 avril dernier, estimant que la circulaire transmise le 16 avril par Jean Castex aux préfets, en vue de la préparation des cérémonies, ne donnait à la journée du 23 mai qu’une place mineure comparée aux cérémonies prévues pour le 10 mai. Alors que depuis 2017, une loi place les deux dates à égalité.
Un mémorial encore en suspens
Autre controverse, l’impasse dans laquelle se trouve le projet de mémorial des victimes de l’esclavage, qui doit prendre place au Jardin des Tuileries à Paris et dont l’appel à projet a été mis à l’arrêt suite aux réticences du Comité marche du 23 mai 1998.
Un appel à candidatures a bien été lancé en juin 2020, et le vainqueur aurait dû être annoncé en janvier dernier. Mais le CM98 s’est opposé aux projets des finalistes, estimant qu’une demande de base n’était pas présente dans leurs réalisations, celle de faire apparaître le nom des 200 000 personnes qui sont devenues citoyens en 1848, date du décret Schœlcher, qui abolit pour la seconde fois l’esclavage en France.
Car depuis 2011, CM98 s’attache à recenser les noms des personnes ayant eu accès à la citoyenneté à cette date, et milite pour qu’un monument recensant les noms soit érigé. Emmanuel Macron, lors d’un discours au Panthéon, avait affirmé qu’un mémorial serait construit. L’emplacement avait été trouvé, en face du Jeu de Paume aux Tuileries, autrefois siège de la Convention Nationale qui abolit la première l’esclavage en 1794.
Mais devant l’intransigeance de CM98, certaines voix se demandent si un tel monument est réalisable. Car impossible d’ériger des murs sur le lieu, ce dernier étant protégé. Quand d’autres s’interrogent sur le fait que toutes les familles concernées seraient en accord avec la décision de voir afficher leur nom sur un mémorial public.
Une retransmission en direct sur Public Sénat
Des débats encore vifs donc. La cérémonie du 10 mai prochain elle se déroulera comme à l’accoutumée, au Jardin du Luxembourg, qui contrairement aux Tuileries, possède déjà un monument pour commémorer l’abolition de l’esclavage, sous forme d’une chaîne s’érigeant, son dernier anneau brisé, en présence du Président de la République, Emmanuel Macron, et du Président du Sénat, Gérard Larcher.
La cérémonie sera retransmise en direct sur Public Sénat à partir de 15 h 45, qui s’associe pour l’occasion avec France Télévisions et son pôle Outre-mer. Oriane Mancini (Public Sénat) et Kessi Weishaupt (France Télévisions) seront en plateau dès 14 h 45 et recevront des invités pour échanger autour de cette cérémonie et du temps mémoriel.