Une journée de commémorations dix ans après des attentats qui ont traumatisé tout un pays. Ce jeudi 13 novembre, une cérémonie se tiendra à Paris en hommage aux victimes des attaques terroristes du Stade de France, des terrasses parisiennes et du Bataclan. Celles-ci ont fait 132 morts et plus de 350 blessés. En poste dans la capitale à l’époque, l’ex-procureur de Paris François Molins se souvient aujourd’hui avec « beaucoup d’émotion » du déroulement de cette soirée. Entré dans la salle de concert après la tuerie, il conserve encore de ces instants un sentiment « d’effroi et de sidération ».
Au moment des faits, le magistrat était devenu une figure de la réponse de l’État à ces actes terroristes. « Aujourd’hui, ces attentats font partie de notre identité collective », estime-t-il, invité ce mercredi 12 novembre de la matinale de Public Sénat. Pour entretenir la mémoire des victimes, les Parisiens ont ainsi été invités depuis quelques jours par la mairie de Paris à un « geste commémoratif » sur la place de la République. Les habitants sont incités à y déposer « une bougie, une fleur ou un mot » en leur souvenir. Lors de la cérémonie prévue jeudi soir en présence d’Emmanuel Macron, plusieurs représentants d’associations de victimes, seront aussi invités à s’exprimer.
« Un avant et un après » sur le plan judiciaire
Sur le plan juridique, ces fusillades djihadistes ont conduit les autorités à de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme. À l’époque, le président de la République, François Hollande, avait déclenché l’état d’urgence, avant la mise en place de transformations plus profondes de la loi. « Il y a un avant et un après dans le traitement judiciaire de ce genre de choses », estime François Molins. « L’affaire Merah avait commencé à nous faire réfléchir, l’affaire Charlie Hebdo aussi… Avec les attentats du 13-Novembre, on va repenser de façon globale la réponse judiciaire qu’on va apporter à ces agissements. »
Après ces attaques terroristes, l’ex-procureur avait pris l’habitude de communiquer régulièrement les avancées de l’enquête aux Français. « C’est la confiance des citoyens dans la justice qui fonde sa légitimité », justifie-t-il dix ans plus tard. « Sur ce genre de faits, la justice doit être transparente » même si « elle ne peut pas tout dire », précise François Molins, resté au même poste à Paris jusqu’en 2018. Et ce, tout en prenant en compte l’aspect anxiogène que peuvent susciter de telles prises de parole. « Dans les points presse que je faisais, on évitait d’en rajouter », se remémore-t-il aujourd’hui.
De manière plus personnelle, comment a-t-il vécu cet épisode du 13-Novembre ? « J’ai toujours essayé de gérer mes émotions », témoigne l’ancien responsable. « Je pense que dans ces situations, il y a quelque chose d’important : il faut verbaliser le plus possible. (…) J’ai régulièrement parlé de ce que j’ai vécu. » Comme de nombreux collègues de ses services, François Molins avait pu consulter une psychologue pour exprimer son ressenti sur les faits.