Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Confinement: « Il ne faut pas rester en robe de chambre ! », le remède de Georgette Morel à la morosité
Par Pierre Bonte-Jospeh
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Ces dernières semaines, même si ce n’est pas dans son caractère, Georgette a dû lever le pied. À 86 ans, plus question d’aller, deux fois par semaine comme elle en avait l’habitude, au « Rendez-vous des Tilleuls », le club du grand âge dont elle est présidente. De la même façon, elle si coquette d’ordinaire, ne va plus chez le coiffeur.
Ne pas se laisser abattre
Mais qu’importe. Pas question que le confinement entame sa détermination. Une leçon de vie qu’elle partage volontiers : « Certaines de mes amies vivent dans des hameaux éloignés de la ville, certaines d’entre elles sont seules. Alors on s’appelle, et je leur dis qu’il faut absolument garder un rythme quotidien, ne pas se laisser abattre, continuer à s’habiller, ne pas rester en robe de chambre, se fixer des petites tâches ».
Un principe que cette ancienne conseillère municipale s’applique à elle-même : « J’ai trié mes papiers, mes archives, classé des photos. J’ai la fâcheuse habitude de garder beaucoup de documents en double. Et puis j’ai fait des conserves. Mon mari est chasseur, alors j’ai fait des pâtés avec de la viande de gibier congelée ».
« J’ai connu l’exode »
Si elle reconnaît d’elle-même qu’elle est privilégiée dans son pavillon coquet de Bonneval, Georgette s’indigne que certains ne respectent pas le confinement : « Des habitants sont à côté de la plaque. Individualistes. C’est moi d’abord les autres après, et ils continuent de sortir comme avant ! Il faudrait limiter les autorisations de sortie à une sortie par jour ».
Si elle fait partie des personnes qui ont le plus à craindre de la maladie, comme le lui rappelle son médecin, Georgette garde le moral : « On fait ce qu’on peut, on porte des masques quand on va dehors, on limite nos allées et venues, mais vous savez, dit-elle, je suis fataliste : dans la vie il arrive ce qui doit arriver, ce qui ne doit pas empêcher de faire des efforts pour soutenir nos soignants qui sont en première ligne ».
Son arme ? Un caractère bien trempé : « Vous savez, à 6 ans j’ai quitté mon village, on a pris la route. C’était l’exode. On s’est fait mitrailler sur les routes. Alors là, c’est peut-être une guerre, mais ça n’a rien à voir. On reste avec nos proches. On est ensemble dans le confinement ».
« On fait des voitures à outrance, mais on n’a pas de masques en papier »
Depuis quelques jours, elle a même ressorti la machine à coudre. Pour faire des masques et des charlottes. « Ma nièce travaille dans un Ehpad, et il fallait qu’elle soit équipée pour aller travailler, alors je m’y suis mise. Mais je manque d’élastiques ».
Et Georgette de dénoncer pêle-mêle la disparition des merceries de village et l’incurie des pouvoirs publics sur la fabrication des masques : « Vous vous rendez compte, on est obligés d’importer des masques de Chine ! lance-t-elle. C’est un comble ! On les fait venir par avion, la marchandise est surveillée par l’armée. C’est du plus haut grotesque. On n’aurait jamais dû délocaliser. On fait des voitures à outrance, mais on n’est pas fichus de fabriquer suffisamment de masques en papier ».
Car des idées pour le monde d’après, Georgette en a plein. À commencer par éradiquer la misère, s’occuper des démunis, changer le système. Au moment de raccrocher, Georgette ajoute : « Dites-leur aussi qu’ils continuent le confinement le temps qu’il faut. J’attendrai ! Et que j’irai chez le coiffeur dès la fin du confinement. »