C’est l’histoire d’un isolement qu’il a voulu rompre. Le sien d’abord, celui des autres ensuite. À l’annonce du confinement début Mars, David comprend rapidement que les semaines qui viennent vont être difficiles. Si jusqu’à présent il se contente d’un petit appartement sous les toits de Paris, il ne se voit pas y rester seul pour affronter la période qui s’ouvre. Immédiatement il prend ses affaires et emménage dans un appartement plus grand avec deux amies.
Des journées studieuses et joyeuses
Dans l’appartement de cinquante mètres carrés le quotidien est avant tout ponctué par ses cours, assurés à distance par les professeurs de la Sorbonne. « Cela me prend beaucoup plus de temps, la plupart des examens sont remplacés par un contrôle continu. D’ailleurs aucun cours n’est assuré par visioconférence. Sans tomber dans les clichés, en faculté de lettres, les enseignants sont sans doute moins à l’aise avec l’informatique », sourit ce bon élève.
Des journées studieuses ponctuées de joyeux échanges et des apéritifs partagés, fenêtres ouvertes sur le monde extérieur. Chaque fois qu’ils le peuvent les trois jeunes parisiens profitent du confinement pour faire connaissance avec leurs voisins et leur rendre des petits services.
Rompre l’isolement des autres
Engagé, militant dans plusieurs associations depuis des années, et conscient que l’isolement qu’il a évité touche d’autres personnes, c’est assez spontanément qu’il prend contact avec « Paris en compagnie », une communauté de citoyens qui lutte contre l’isolement des personnes âgées. « J’ai été bouleversé par des témoignages de petits vieux qui se sentaient si seuls, si tristes. »
Depuis, chaque vendredi après-midi, il converse par téléphone avec Thérèse, 90 ans. La vieille dame habite à deux pas de chez lui, dans une résidence médicalisée. « On commence à bien se connaître. On se raconte notre quotidien, nos vies, nos petits tracas. Parfois, on passe plus d’une heure et demie au téléphone. »
Un rendez-vous hebdomadaire que David aimerait prolonger au-delà du confinement et finalement rencontrer cette voisine parisienne dont il ne connaît que le son de la voix.
Le 1er mai dernier, il s’est même rendu à l’accueil de sa résidence et lui a livré à elle aussi des fleurs blanches. Il raconte encore ému combien Thérèse a été touchée par le geste. « Elle avait des sanglots dans la voix et m’a avoué que cela faisait des années qu’on ne lui avait pas offert de fleurs. »
Aujourd’hui le jeune homme attend avec hâte le 11 mai et le début du déconfinement, pour retrouver un quotidien plus normal, son copain, donner à nouveau des cours à domicile qu’il lui assure un indispensable complément de bourses et pourquoi pas aller se promener avec « sa nouvelle amie » Thérèse. Comme quoi, le confinement n’empêche pas de faire de belles rencontres…