Coronavirus : en Seine-Saint-Denis, « les habitants sont sur le terrain, donc plus exposés »

Coronavirus : en Seine-Saint-Denis, « les habitants sont sur le terrain, donc plus exposés »

Le sénateur Fabien Gay (CRCE) de Seine-Saint-Denis dénonce la stigmatisation de son département, alors que ces habitants sont en première ligne. Il s’inquiète par ailleurs des inégalités exacerbées pendant cette crise sanitaire.
Public Sénat

Par Alizé Boissin

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Une surmortalité impressionnante. D’après l’Insee, le taux de mortalité a augmenté de 63% en Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, entre la deuxième et la troisième semaine de confinement. Un taux bien supérieur à ceux enregistré par les autres départements franciliens. Preuve pour le sénateur Fabien Gay (CRCE), que le département est touché de plein fouet par le Covid-19.

 

Pour l’élu, ce chiffre n’est que « la démonstration de l’accentuation du manque de services publics dont souffre ce territoire. ». Il compare la situation du département aux territoires ultramarins « ici la médecine de ville se fait rare et notre bassin de population est important : nous sommes plus d’1,6 million ».

 

« Nous avons, malgré les personnels soignants extrêmement dévoués, moins d’équipements, moins de lits ». Un système de santé plus précaire pointé du doigt par l’élu depuis un certain temps. En octobre dernier, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait présenté dans le 93 un plan de rattrapage inédit dans 4 secteurs : la justice, la police, l’éducation et la santé. Des promesses que Fabien Gay a peur de voir s’envoler avec la crise sanitaire : « Il faut que le plan de rattrapage et les mesures d’urgence arrivent tout de suite. Il ne faut pas laisser passer la crise, c’est maintenant qu’on en a besoin ».

 

« Stigmatisation insupportable »

 

Face à la stigmatisation que subit son territoire, « j’entends dire partout que nos habitants ne respectent pas les règles de confinement, on est montré du doigt quotidiennement. » Fabien Gay défend une population plus précaire, une population en première ligne, « les invisibles de la République, ce sont eux ». Une situation qui agace le parlementaire, « c’est insupportable cette stigmatisation, ça suffit, on demande juste l’égalité ».

 

Selon le sénateur, « les habitants de Seine-Saint-Denis n’ont pas tous la possibilité d’être en télétravail. Ils sont soignants, caissiers, éboueurs, etc. Ils sont sur le terrain, donc forcément plus exposés que d’autres. »

 

Carte scolaire

 

L’autre grande inquiétude de Fabien Gay, ce sont les inégalités scolaires. « Ici la continuité pédagogique, c’est beaucoup plus compliqué ». En effet, d’après le syndicat SNUipp-FSU 93, entre 8% et 10% des familles n’ont pas de contact avec l’école pendant la période de confinement.

 

Le sénateur tient d’ailleurs à rappeler le constat du rapport sur la Seine-Saint-Denis des députés François Cornut-Gentille (LR) et Rodrigue Kokouendo (LREM) sorti en mai 2018 : « l’école la mieux dotée de Seine Saint Denis est moins bien dotée que la pire école de Paris ».

 

Des inégalités loin d’être résorbées si le calendrier de la réforme de la carte scolaire est maintenu en l’état. « On est en train de tenir des réunions dans les académies pour savoir si on ferme ou pas des classes, comme s’il ne se passait rien dans le pays ! » s’émeut le sénateur. Il a d’ailleurs décidé de demander au préfet, dans un courrier envoyé le 26 mars dernier, un moratoire sur cette réforme. Le comité technique spécial départemental sur la carte scolaire devrait, pour l’instant, donner ses conclusions sur la fermeture des écoles, d’ici la fin de la semaine.

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