Le SNU, expérimenté depuis 2019, doit être généralisé à tous les jeunes de 15 à 17 ans d’ici 2026. Résultats insatisfaisants, objectifs peu clairs, coûts plus importants qu’anticipés… Cinq ans après son lancement, la Cour des comptes dresse un bilan sévère du dispositif.
Coronavirus : la Convention citoyenne pour le climat une nouvelle fois reportée
Par Sandra Cerqueira
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William dit vouloir continuer à s’accrocher malgré tout. « On ne sait pas quand on pourra remettre nos propositions mais l’enjeu, c’est de rester audibles. » Ce trentenaire nantais continue de travailler à distance avec les autres citoyens. Jeudi dernier, ils étaient 118 en vidéoconférence pour évoquer le report. Initialement la fin des travaux était prévu en janvier puis il y a eu la longue grève de décembre, l’échéance de mars a alors été évoquée, puis avril et « là nous n’avons plus de date » regrette William. « C’est déroutant mais nous devons continuer à être actifs pour nous faire entendre. » Il n’a plus qu’une chose en tête, que le plan de relance voulu par Emmanuel Macron ne vise pas à retrouver la croissance à n’importe quel prix. « Si c’est le cas on peut craindre un rebond des émissions de CO2. C’est à nous de mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il prenne en compte les enjeux climatiques sinon on repart comme avant ! »
Cet urbaniste de 33 ans plaide pour une relance économique verte et espère que certaines des propositions de la Convention seront prises en compte dans ce plan. Comme la rénovation thermique des bâtiments, « couteuse » admet-il, « d’autant que l’acceptabilité sociale ne sera plus la même dans quelques mois à cause de la crise » mais elle peut créer beaucoup d’emplois, des emplois « d’avenir » qui permettront d’investir dans la transition écologique. « On doit raisonner autrement sinon nos travaux n’auront servis à rien et aucune leçon ne sera tirée de cette crise du Coronavirus. On ne peut pas continuer ce modèle néolibéral en place depuis des décennies » lâche William, amer, avant de raccrocher.
Que cette crise face office de déclencheur
A quelques kilomètres, confinée dans sa maison en Vendée, Corinne est persuadée que l’épidémie du Covid-19 appelle à anticiper davantage les risques à venir et notamment climatiques. Cette assistante d’éducation de 57 ans, tirée elle aussi au sort l’été dernier, dit se poser plein de questions depuis le début de la Convention en octobre et encore plus avec l’épidémie. « On ne le dit pas assez mais le développement des virus qui passent des animaux sauvages à l’humain comme le Coronavirus sont liés au déclin de la biodiversité » regrette t-elle. Et du temps, elle dit en avoir avec le confinement, pour réfléchir et continuer de s’investir dans les travaux de la Convention, même si Corinne se dit inquiète : « le doute est encore plus présent quand à l’issue de nos travaux. Comment ne pas se dire que la Convention n’est plus et ne sera plus la priorité du gouvernement dans les semaines à venir ? Que nos mesures seront occultées ?» En janvier dernier, Emmanuel Macron, avait fait savoir qu'il misait beaucoup sur leurs propositions, dans l'optique d'une seconde partie de mandat qu'il voulait plus écologique. Le chef de l'Etat s’était alors dit prêt à consulter les Français par référendum. « Il a créé beaucoup d’attente…on espère qu’il sera au rendez-vous ! »
Cette citoyenne voudrait que cette crise fasse office de déclencheur- enfin. Voire d’opportunité. Elle soutient, parce c’est « indispensable », l’un des amendements proposé par la Convention visant à mentionner l’enjeu climatique dès l’article 1 de la Constitution : « La République garantit la préservation de la biodiversité (…) et lutte contre le dérèglement climatique ». Devenue une citoyenne « éclairée », Corinne espère depuis le début que la Convention ira plus loin que ce propose les politiques. Une autre de ses craintes : « que la motivation des 150 s’essouffle » avec les travaux qui « s’éternisent » et une dernière session qui pourrait avoir lieu avant l’été ou à la rentrée, voire en octobre. « Si c’est trop long, çà va être difficile » mais Corinne compte bien s’accrocher : « Nous avons été tirés au sort pour représenter tous les Français, nous devons mener notre mandat jusqu’au bout ! »
« Maintenir tout le monde à bord »
C’est toute la difficulté que les organisateurs doivent surmonter : maintenir une dynamique de groupe. Pour l’instant, l’allongement du calendrier « n’impacte pas la motivation des uns et des autres. Nous maintenons un contact quasi quotidien. Les travaux ne sont pas suspendus » assure Julien Blanchet, rapporteur général de la Convention citoyenne
Sophie Guillain, l’une des animatrices de la Convention, confirme que tout l’enjeu maintenant est de « garder la cohésion des 150. Maintenir tout le monde à bord pour que personne ne décroche. Avec la fracture numérique, le travail en ligne est à double tranchant ». Le comité de gouvernance s’est réuni aujourd’hui pour définir les modalités de travail à distance en vue d’une session à distance les 3 et 4 avril prochains pour continuer d’affiner les propositions à l’aune également de la crise à venir. L’objectif de leurs mesures est de réduire d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans un esprit de justice sociale. « Le travail sur le financement sera important lors de la prochaine session en ligne car l’acceptabilité sociale de juin 2020 n’est pas celle d’octobre 2019. » précise Julien Blanchet. Et les citoyens le savent bien. Il sera difficile de ne pas prendre en compte l’impact de la situation actuelle sur leurs travaux.