Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Coronavirus : la sénatrice Sylvie Robert demande à Franck Riester de venir au secours des festivals
Par Public Sénat
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A côté de la crise sanitaire et des milliers de morts, le sujet semble secondaire. Il est pourtant essentiel. Avec le confinement, c’est tout le secteur de la culture qui est à l’arrêt et en crise. Et notamment celui des festivals, qui les uns après les autres, annoncent leur annulation. On en compte des milliers, chaque année et chaque été, en France. La situation est critique et certains risquent même de ne pas se relever.
Lundi 13 avril, Emmanuel Macron a confirmé ce que beaucoup redoutaient : « Les grands festivals et événements avec public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu'à mi-juillet prochain ». Le lendemain, devant les députés, le premier ministre Edouard Philippe a même évoqué « la fin du mois de juillet ».
Mais l’avenir est tout aussi flou pour la suite. Face à cette situation, la sénatrice PS Sylvie Robert a écrit au ministre de la Culture, Franck Riester, pour lui demander des « dispositifs d’accompagnement et de soutien aux festivals ». « L’enjeu est considérable afin de limiter les pertes des producteurs et organisateurs. (…) En outre, il ne faut pas omettre les salariés et intermittents qui sont partie intégrante de ces structures » souligne la sénatrice dans ce courrier, daté du 14 avril.
Certains « petits festivals » pourraient se tenir « à partir du 11 mai », annonce Franck Riester
Invité de France Inter ce jeudi matin, le ministre a déjà commencé à clarifier la situation… ou pas. Car selon le Franck Riester, certains « petits festivals » pourraient se tenir « à partir du 11 mai », soit après le confinement. « C'est ce qu'on doit travailler avec les festivals, les organisations professionnelles, avec les autres ministres concernés par le déconfinement », explique le ministre, qui précise : « Si des festivals sont adaptés à des jauges petites et qu’il n’y a pas de problème de sécurité, nous les accompagnerons », a promis le ministre de la Culture, qui ajoute :
L’Etat sera aux côtés des festivals et des collectivités territoriales.
Mais ces déclarations risquent d’être, en réalité, mal reçues par les intéressés. Car suite aux annonces d’Emmanuel Macron, plusieurs festivals prévus après le 11 mai ont déjà annoncé leur annulation… Comme le festival Fernande, qui devait avoir lieu à Sète, du 23 au 27 juin, le festival Yeah, prévu à Lourmarin, du 5 au 7 juin, ou le festival Astropolis, à Brest, du 3 au 5 juillet. Et ils sont nombreux dans ce cas. Les propos du ministre arrivent donc un peu tard. Il pourra les clarifier cet après-midi. Franck Riester est auditionné, à 15 heures, par la commission de la culture du Sénat.
« Les festivals sont des piliers essentiels de la stratégie d’attractivité des territoires »
Dans son courrier, la sénatrice Sylvie Robert souligne l’importance de ces événements pour la vie des territoires. Ce sont souvent des moments forts, attendus localement. « Les festivals ne sont pas qu’un marqueur culturel. Ils sont un catalyseur économique, social et touristique qui participe du développement et de la vitalité des territoires », ils en sont même « des piliers essentiels de la stratégie d’attractivité » ajoute la sénatrice d’Ille-et-Vilaine, elle-même en lien avec le festival des Vieilles Charrues, dans le département voisin du Finistère. Festival qui vient aussi de renoncer à son édition 2020.
Pour les festivals déjà annulés, Sylvie Robert demande « un plan spécifique d’aide » précis. « L’appui de l’Etat » s’avère en effet indispensable pour tous ces événements.
Pour les festivals prévus après la mi-juillet, la socialiste, membre de la commission de la culture du Sénat, appelle le ministre à « clarifier davantage et au plus vite le cadre relatif à la tenue des festivals de cet été ». Ce que Franck Riester a commencé à faire ce matin. Elle ajoute : « Les organisateurs, les salariés, les intermittents, les artistes, les collectivités territoriales ont besoin de plus de visibilité et d’une décision politique de l’Etat assumée ».
La sénatrice semble en partie entendue, puisqu’elle imagine plusieurs scénarios, où les festivals pourraient se tenir, ou pas, selon « la période », « la jauge de remplissage », « le modèle économique » ou l’espace utilisé (plein air, etc). Le tout accompagné d’« une date butoir » pour anticiper au mieux et limiter les pertes.
Les annulations s’enchaînent
Pour l’heure, il n’y aura pas cette année de festival d’Avignon, de festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, ni d’Eurockéennes de Belfort ou, à Arras, de Main Square, le festival du géant américain Live Nation.
Parmi les grosses machines, le Hellfest, messe annuelle des métalleux, l’a pour le moins mauvaise. Malgré une assurance de 175.000 euros contractée en décembre, son assureur a répondu que le contrat ne couvrait pas « ce type » de pandémie… Le festival a un budget de 25 millions d’euros.
« Catastrophe » pour les petits festivals
Au-delà des grands noms, ce sont tous les « petits » festivals, par la taille ou le budget, qui boivent la tasse. Souvent organisés en partie par des bénévoles et avec beaucoup de passion, ces annulations de dernière minute peuvent être catastrophiques. Les déclarations de Franck Riester changeront-elles la donne ? Trop tôt pour le dire.
« De nombreuses petites structures ne disposent pas des moyens financiers des grandes entreprises nationales et internationales, ni de leurs niveaux de contrats d’assurance, principalement sur les assurances annulation » mettait en garde début avril, dans Trax, Tommy Vaudecrane, président de Technopol, association de défenses des musiques électroniques. Le secteur compte de nombreux festivals. Il qualifiait l’annulation de « catastrophe pour le tissu économique des PME qui constituent la majeure partie de l’offre culturelle estivale ». Même tarif pour tous les clubs, qui restent portes closes.
Au bout de la chaîne, tous les artistes trinquent
Et au bout de la chaîne, ce sont bien sûr tous les artistes qui trinquent. Certains voient leurs revenus stoppés du jour au lendemain. DJ Deep, figure de la scène house et techno depuis 30 ans, raconte se retrouver « au pied du mur » et sans « aucune trésorerie ».
« L’été sera sûrement silencieux, et c’est une grande tristesse pour notre pays », écrit Sylvie Robert dans sa lettre. « Mais veillons à ce que nous puissions tous nous projeter sur des jours meilleurs et que demain soit de nouveau une belle promesse culturelle ». Il n’y a plus qu’à espérer.