Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
« Courir le monde. Trouver son domaine. Repartir », rencontre avec l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson
Par Sébastien Theme
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Après quoi court le voyageur ?
« Courir le monde. Trouver son domaine. Repartir », cette formule de Sylvain Tesson permet de comprendre toute son œuvre, sa vie et son insatiable désir de découverte.
Une envie de découverte souvent motivée par l’ennui…
Et c’est en véritable « wanderer », ce mot allemand qui signifie « voyageur » qu’il parcourt le monde. C’est d’ailleurs ce qu’il explique dans son Petit traité sur l’immensité du monde
Il évoque le voyageur sans attache, « qui n’attend rien du monde, mais se contente de le parcourir, de faire la route, solitaire, soumis aux besoins de son corps et sans « rien attendre du chemin qu’il emprunte ».
En s’intéressant au mythe d’Ulysse dans ce nouvel ouvrage, il interroge cette fois la figure et la fonction du héros :
« Dans nos sociétés contemporaines, le héros ne ressemble plus à Ulysse. Les sociétés produisent des héros qui leur ressemblent. Dans l’Occident du siècle XXI, le migrant ou le père de famille, la victime ou le démuni seront dignes du podium ».
Dans ses récits de voyages, Sylvain Tesson est autant narrateur, maître du récit qu’acteur ou héros… Un héros qui a connu la douleur.
Le 20 août 2014, il chute de près de 10 mètres en escaladant la façade d’une maison à Chamonix : « Je finissais par voir les villes comme un massif. Il y avait une distorsion du regard. Ça fait une bonne vingtaine d’années que j’aurais dû m’écraser. Il y a une espèce de démon qui s’est épanoui en moi ».
« C’est une escalade totalement adolescente, peu recommandable, plus proche de la roulette russe que de l’alpinisme. Ça me plaisait beaucoup de vivre tout le temps sur ce fil. Jusqu’au jour où ça s’est mal terminé ».
Le temps comme but et non comme moyen ?
Notre second de cordée, le philosophe et scientifique Etienne Klein qui rend accessible la physique depuis des années n’a pas que l’alpinisme en commun avec Sylvain Tesson mais également le goût pour les anagrammes.
Dans son essai de philo-physique, il s’intéresse au temps : un même mot qui recoupe des réalités différentes.
Qu’est-ce que le temps « t » en physique ?
« Il ne faut pas confondre le temps avec ce qui se passe dans le temps. Dans la plupart des théories physiques, l’espace-temps est comme une scène de théâtre dont la structure serait indépendante de la pièce qui s’y joue : quoi qu’il s’y passe, cela n’a pas d’effet sur l’espace-temps lui-même. On le confond souvent avec les phénomènes temporels qui se déroulent en son sein. D’où la polysémie fulgurante du mot « temps » qui s’est enkystée dans le langage ».
« Le mot « temps » peut être utilisé pour désigner le changement, la simultanéité, la succession, le devenir ».
Pareil à Sylvain Tesson, Etienne Klein envisage ses travaux comme une véritable aventure de la pensée, comme une escalade.
Et c’est ce qu’ils nous ont offert, un voyage totalement ascensionnel…
Retrouvez l’intégralité de l’émission Livres&vous vendredi 18 mai à 22h sur Public Sénat.