Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Dany Laferrière et Tania de Montaigne : au coeur de l’intime
Par Sébastien Thème
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Pour commencer l’académicien et écrivain haïtien Dany Laferrière y répond par l’autoportrait. Mais pas le sien, celui de Paris avec son magnifique roman dessiné, Autoportrait de Paris avec chat publié chez Grasset… Mais pourquoi cet auteur travaillé intimement par l’esprit des lieux et qui a vécu à Port-au-Prince, Montréal ou Miami a choisi Paris pour cet autoportrait ?
« Ce livre est né parce que j'étais très fatigué, et que dessiner me repose. La moitié du travail étant fait, j'ai écrit à côté, et voilà ! Le choix de Paris vient de mon goût du présent de l'indicatif, qui est fait de temps et de lieux. En l'occurrence, le Xe arrondissement, où je réside quand je viens de Montréal. Il fallait attaquer le "monstre" par un petit morceau ! »
Redéfinir sans cesse son identité
« Dans ma constellation d’écrivains, il y a cinq B : Borges, Basho, Bukowski, Boulgakov et Baldwin. Ces écrivains sont extrêmement différents et en même temps semblables par un trait simple, l’élégance. Aucun d’eux ne s’apitoie sur son sort. Quand, par exemple, Bukowski dit que parce qu’il a connu les prisons et les hôpitaux il faudra lui “donner du Monsieur”, on sent l’élégance, ce n’est pas quelqu’un qui vient pleurer. »
Au fond c’est dans ses souvenirs, dans sa mémoire et dans son expérience qu’il puise son inspiration et qu’il construit son identité. Et ce dernier ouvrage en est la plus frappante expression notamment grâce à ce retour à l’enfance de l’art, le dessin et l’écriture à la main, une expérience inédite pour l’auteur. Mais également en continuant ce qu’il a fait depuis le début de sa carrière avec son écriture géographique mais aussi en exerçant sa formidable liberté.
C’est donc en agrégeant souvenirs et revenir à la simplicité d’un trait ou d’un propos qu’il redéfinit sans cesse son identité.
Pour autant la question de la négritude n’est jamais loin de Dany Laferrière…
Et c’est d’ailleurs autour de cette question que le lien s’est créé avec notre deuxième invitée, Tania de Montaigne qui fait paraitre L’Assignation, les Noirs n’existent pas.
C’est contre le cliché, contre l’assignation, qu’elle veut baser son identité.
Ce débat a aussi été posé à travers l’ouvrage collectif d’actrices noires refusant notamment cette assignation dans Noire n’est pas mon métier.
Comprendre le cliché
Avant tout de chose, Tania de Montaigne cherche à questionner nos réflexes, déconstruire les clichés auxquels nous sommes tous soumis… et nous permet de comprendre que le cliché, même s’il est positif, est toujours arrimé à un agenda politique mais aussi et surtout que s’il on accepte le cliché « positif » on doit malheureusement accepter les clichés négatifs …
« Ce qui m’intéresse, c’est la masse. Jusqu’au 11 septembre, on a vécu avec la pensée universaliste qu’il n’y aurait ni blancs ni noirs et qu’on était tous pareils. C’est bien sûr faux, et les assignations étaient en réalité persistantes. La réponse des communautaristes a consisté à instaurer que seuls les membres du groupe auraient le droit d’énoncer qui ils sont. Or, je récuse cette réponse, car elle implique que je ne peux pas être un être de culture. »
Alors comment se définir, comment faire son autoportrait ? Est-ce que l’on trouve des traces de soi dans sa mémoire, dans ses souvenirs, dans son histoire ou alors en allant contre une certaine histoire qu’on ne parvient pas à faire sienne, en se construisant contre une certaine assignation …
Dans tous les cas ce que l’on comprend après cette émission, c’est qu’il faut avant tout faire usage entièrement de sa liberté…
Retrouvez l'émission Livres & Vous ce vendredi 13 juillet à 22h sur Public Sénat.