Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Déconfinement : après « le stop and go », le monde de la culture craint le « go and stop »
Par Public Sénat
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C’est un calendrier de déconfinement par étapes, plutôt optimiste, que le chef de l’Etat a détaillé dans la presse quotidienne régionale. Le 19 mai, les lieux culturels musées, cinémas et théâtres, rouvriront leurs portes, avec des jauges et protocoles adaptés tout en s’accommodant d’un couvre-feu repoussé à 21h, puis à 23h à partir du 9 juin jusqu’à début juillet où il devrait, en théorie, disparaître.
Au Sénat, on se satisfait tout d’abord d’une réouverture groupée de l’ensemble de la filière. « Le milieu professionnel n’aurait pas compris qu’on échelonne en fonction des lieux et des activités », relève la sénatrice PS, Sylvie Robert, vice-présidente de la commission de la culture. Cette réouverture des lieux culturels sans distinction, faisait d’ailleurs partie des recommandations de la mission d’information du Sénat sur les effets des mesures anti-covid.
« On ne veut pas revivre ce qu’il s’est passé en décembre »
Si le chef de l’Etat a exclu un déconfinement territorialisé, des « freins d’urgence » à l’épidémie, entendez par là des reconfinements locaux, seront actionnés notamment s’il y a un taux d’incidence de 400 cas pour 100 000 habitants. De quoi rendre pessimistes certains. « On va scruter les chiffres cette semaine avant d’envisager une réouverture. On ne veut pas revivre ce qui s’est passé en décembre où on s’est retrouvé piégés », se souvient Bertrand Thamin, Président du Syndicat national du Théâtre Privé (SNDTP). Pour mémoire, après avoir annoncé une réouverture des lieux culturels au 15 décembre, le gouvernement avait fait machine arrière le 11, en raison d’une hausse des contaminations. Huit départements, dont sept franciliens, dépassent aujourd’hui, toujours, le seuil d’incidence 400. La Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise, l’Oise, Paris, l’Essonne, la Seine-et-Marne et les Bouches du Rhône.
Couvre-feu à 21h : « Les salles vont perdre une séance »
Avant de « retrouver notre art de vivre à la française, il nous faudra rester prudents et responsables », a prévenu Emmanuel Macron dans son interview donnée à la presse quotidienne régionale. Cela passera d’abord par un couvre-feu de trois semaines, fixé à 21h. « Mieux que rien » pour Richard Patry, le président de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF), interrogé par franceinfo. « Les salles vont s’adapter et, en fonction des films, programmer la dernière séance à 19h mais ils vont quand même perdre une séance », regrette Sylvie Robert qui milite, sans trop d’espoirs, pour la mise en place d’un système d’horodatage (un ticket donnant l’heure d’entrée du spectateur avant 21h qui sert d’attestation en cas de contrôle). Un système évoqué un temps avant d’être abandonné par l’exécutif pour la période des fêtes de Noël.
La reprise de l’activité s’accompagnera également de la mise en place de jauges adaptées, là encore une des préconisations de la mission d’information du Sénat. La semaine dernière, le cabinet de Roselyne Bachelot a fait part aux acteurs du secteur d’un plan en trois phases. Entre le 19 mai et le 9 juin, la mise en place d’une jauge de 35 % dans la limite de 800 spectateurs. Au 9 juin, la jauge passera à 65 %, pour revenir, en théorie, à une exploitation normale début juillet. « Il y a toujours un flou sur le maintien de la limite des 800 spectateurs en juillet. Ça demandera des précisions », s’interroge Frédéric Maurin président du Syndicat National des Scènes Publiques (SNSP).
Les professionnels du monde de la culture devront attendre mardi prochain, date d’une réunion avec le ministère de la Culture pour en savoir plus sur les modalités de réouverture.
« L’évolution de la situation sanitaire nous conduit à être sur la défensive »
« En fonction des activités, du statut ou du modèle économique, certains vont attendre la rentrée de septembre pour rouvrir », pressent d’ores et déjà Sylvie Robert. « C’est sûr qu’avec une jauge à 35 % et un couvre-feu à 21h, nous n’allons atteindre notre rythme de croisière qu’à partir du 9 juin. Les artistes sont prêts, il y a un embouteillage d’œuvres depuis 14 mois. Mais l’évolution de la situation sanitaire nous conduit à être sur la défensive. On craint de passer du stop and go au go and stop car on ne sait pas si le public va suivre. Et à la différence des salles privées conventionnées et labellisées, les salles publiques qui sont gérées par les collectivités ne bénéficient pas d’aides en cas de déficit de billetterie. Ce qui arrivera dès les premières semaines avec les jauges. Les communautés de communes en milieu rural, dont certaines se retrouvent déjà à gérer des centres de vaccination, vont préférer attendre septembre », confirme Frédéric Maurin.
Bertrand Thamin, par ailleurs directeur du théâtre Montparnasse, a déjà fait le choix d’attendre septembre. « Les Parisiens vont quitter la capitale cet été et il n’y aura pas de touristes. On va se limiter à l’ouverture du Petit Montparnasse (salle de 200 places). En plus, avant de penser aux répétitions, il va falloir penser à la distribution car de nombreux comédiens ont privilégié les tournages audiovisuels et ne sont plus disponibles ». Le présidentdu SNDTP plaide aussi pour une « baisse des aides en sifflet » en fonction du taux d’occupation des salles. « On ne peut pas les supprimer d’un seul coup au 19 mai car on ne sait pas si le public va suivre ».
« Pour que le public revienne, il doit être rassuré et pour ça il est tout à fait raisonnable de mettre en place des jauges », reconnaît Roger Karoutchi sénateur LR rapporteur de la mission d’information du Sénat, qui ajoute : « Le pire serait d’avoir fait des annonces qui ne seront pas tenues. Je comprends que le chef d’Etat veuille être optimiste mais annoncer un calendrier alors qu’on est à 30 000 cas et 300 morts par jour, c’est quand même risqué ».