Défiance démocratique : François Hollande porte une lourde responsabilité, pour cet ancien militant socialiste
Simple militant pendant vingt ans au Parti Socialiste, Baptiste Touchon, considère qu’en ne respectant pas ses promesses, une fois élu, François Hollande porte une lourde responsabilité dans le désarroi démocratique qui touche aujourd’hui une partie des Français. A quelques semaines des élections régionales et départementales, Rebecca Fitoussi reçoit sur le plateau de Dialogue Citoyen, des sénateurs face à des Français déçus du système politique et des institutions représentatives.

Défiance démocratique : François Hollande porte une lourde responsabilité, pour cet ancien militant socialiste

Simple militant pendant vingt ans au Parti Socialiste, Baptiste Touchon, considère qu’en ne respectant pas ses promesses, une fois élu, François Hollande porte une lourde responsabilité dans le désarroi démocratique qui touche aujourd’hui une partie des Français. A quelques semaines des élections régionales et départementales, Rebecca Fitoussi reçoit sur le plateau de Dialogue Citoyen, des sénateurs face à des Français déçus du système politique et des institutions représentatives.
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Par Nils Buchsbaum et Pierre Bonte-Joseph

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5 min

Publié le

Nous sommes en 2012, après de nombreuses années en tant que militant au Parti Socialiste, Baptise Touchon voit enfin arriver son parti au pouvoir. « Quand je me suis engagé au sein du parti socialiste c’était pour ses principes, ses valeurs. Mais en accédant au pouvoir, le PS a fait exactement l’inverse, au détriment des personnes qui ont contribué à l’élection. »

« Il n’a pas seulement tué la gauche ou le parti socialiste, il a tué la démocratie. Si on ne respecte pas le suffrage des électeurs il n’y a plus de démocratie possible. »

Sous le débit lent de l’ancien militant, on peut percevoir la colère qu’il ressent lorsqu’il raconte la manière dont il a vécu le quinquennat de François Hollande. Il est rapidement abasourdi par les revirements et renoncements du gouvernement socialiste et particulièrement par l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer les réformes les plus contestées. En 2016, lors du mouvement contre la loi Travail il se retrouve même à manifester contre le gouvernement qu’il a contribué à faire élire. « On a choisi François Hollande sur la base d’un programme et il n’a pas appliqué ses engagements. Il n’a pas seulement tué la gauche ou le parti socialiste, il a tué la démocratie. Si on ne respecte pas le suffrage des électeurs, il n’y a plus de démocratie possible. »

Xavier Iacovelli sénateur En marche dans les Hauts-de-Seine et ancien socialiste, déclare que lui aussi a été déçu par le mandat de François Hollande. « J’ai accompagné jusqu’au bout le quinquennat de François Hollande, avec des déceptions que j’ai tues, que j’ai gardées pour moi jusqu’au moment où je ne pouvais plus soutenir un parti politique qui n’incarne plus le progrès que j’attendais ».

« Lors des élections législatives de 2012, nous étions dans le deuxième tour avec un contrat commun avec les socialistes, à l’époque je travaillais sur les questions d’éducation […] j’avoue que très vite j’ai vu que tout cela n’était que du vent ». Jacques Fernique

Cependant il estime que ce sont les vieux appareils politiques et les modèles partisans qu’il faut réinventer, pas le système démocratique dans son ensemble.

« Notre modèle de démocratie est déformé par ce présidentialisme excessif »

« Il y a des mots et des expressions fortes dans la déception et la colère rentrée qu’on sent chez Baptiste Touchon », déclare Jacques Fernique, Sénateur EELV du Bas-Rhin. « Nous, les élus, nous ne sommes pas étrangers à cette insatisfaction. On a envie d’avoir des résultats, de voir le bout des actes des politiques publiques ». Il témoigne d’un moment où il s’est senti gêné par le discours qu’il portait devant les citoyens : « Lors des élections législatives de 2012, nous étions dans le deuxième tour avec un contrat commun avec les socialistes, à l’époque je travaillais sur les questions d’éducation et lors de réunions publiques, on annonçait ce qui allait être fait. J’avais peur que cela ne soit qu’un exercice de communication et j’avoue que très vite j’ai vu que tout cela n’était que du vent ».

« Maintenant que je les ai en face de moi, je demande aux sénateurs s’ils sont prêts à regarder ce dossier et interpeller l’Etat pour empêcher une délocalisation et faire en sorte que cette usine pollue moins, afin que les salariés puissent conserver une meilleure santé et profiter de leur retraite ».

Selon lui, la crise démocratique actuelle prend ses racines avant l’élection de 2012, « le problème est ce contrat présidentiel magique. Notre modèle de démocratie est déformé par ce présidentialisme excessif qui fait qu’on a le sentiment que tout se joue d’un coup. »

Des sénateurs sommés de s’engager

Ce dialogue avec des sénateurs a aussi été l’occasion pour Baptiste Touchon de les interpeller directement sur la situation de l’usine PSA de sa région. Il annonce que celle-ci risque d’être délocalisée en 2025 et dénonce les conditions de travail des salariés qui sont nombreux à développer des cancers dus aux pollutions chimiques. « Maintenant que je les ai en face de moi, je demande aux sénateurs s’ils sont prêts à regarder ce dossier et interpeller l’Etat pour empêcher une délocalisation et faire en sorte que cette usine pollue moins, afin que les salariés puissent conserver une meilleure santé et profiter de leur retraite ».

Jacques Fernique répond qu’il est prêt à s’engager sur ce dossier, d’autant plus, dit-il, qu’il fait partie la mission d’information du Sénat sur les transports de marchandise. « Il y a un véritable enjeu pour la filière automobile de transformation, de mutation industrielle. Il faut prendre le pas de la décarbonation, en prenant en compte le volet social. On ne peut pas se permettre que cela soit un désastre social. »

Quand Rebecca Fitoussi demande finalement à Baptiste Touchon s’il compte voter aux élections régionales et départementales, ce dernier répond qu’il ne sait pas et ajoute, désabusé, « qu’est-ce qu’on peut défendre en tant que militant politique quand on y croit ? Et bien plus grand-chose, à l’image des panneaux électoraux de ma ville, à la veille d’une élection, ils sont vides. »

 

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