Dépendance : le Sénat fait 11 propositions pour une politique plus ambitieuse

Dépendance : le Sénat fait 11 propositions pour une politique plus ambitieuse

La pandémie a mis en évidence la fragilité qui peut toucher les anciens. Alors que le nombre des personnes âgées dépendantes devrait augmenter dans les prochaines décennies, les sénateurs ont examiné mercredi 17 mars, un rapport sur la prévention de la perte d’autonomie. Ses rapporteurs préconisent de mettre en œuvre une politique plus ambitieuse en la matière et surtout, de changer de regard sur le grand âge.
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Par Joseph Stein

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Une espèce en voie de disparition, les rapports sur le grand âge ne le sont pas. Durant la dernière décennie, pas moins d’une dizaine d’études ont été produites sur ce sujet. Le rapport d’information sur la prévention de la perte d’autonomie, présenté le 17 mars à la commission des affaires sociales du Sénat, enrichit cette liste.

Pour Michelle Meunier et Bernard Bonne, les sénateurs derrière ce projet, il est urgent de se pencher sur cette question. Les rapporteurs notent qu’en 2030, la France comptera 21 millions de personnes de plus de 60 ans, soit trois millions de plus qu’aujourd’hui. D’après l’Insee, près de quatre millions de seniors vivront une perte d’autonomie en 2050. Il convient dès lors de trouver la manière de prévenir ce phénomène.

« L’enjeu, c’est de bien vieillir, de permettre au plus grand nombre de vieillir en bonne santé », explique la sénatrice socialiste Michelle Meunier. Un objectif d’autant plus important que la crise sanitaire a mis en lumière la dureté des conditions de vie dans les Ehpad (établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes).

« Changer de regard »

Les rédacteurs du rapport considèrent que divers dispositifs existent déjà pour lutter contre la dépendance. Le problème, c’est que « ces politiques publiques sont assez morcelées. Il y en a une pour le logement des personnes dépendantes, une autre pour leurs transports, une encore autour des questions de santé qui les concernent… Mais le tout n’est pas coordonné », regrette la sénatrice de la Loire-Atlantique.

Dans leur rapport, qui contient onze propositions pour améliorer cette politique, les deux sénateurs appellent le gouvernement à notamment, réunir toutes ces dimensions au sein d’une même loi, qui prévoirait un plan d’action global de prévention de la perte d’autonomie. Une des priorités d’une politique intégrée sur le grand âge serait de « changer le regard » sur la vieillesse, pour Michelle Meunier.

« On n’en parle plus que quand elle génère un problème, mais la vieillesse, ce n’est pas que des problèmes », met en avant la sénatrice. Elle considère que cet âge de la vie « se prépare, il faut avoir le temps d’en parler » et préconise qu’un rendez-vous avec un professionnel de santé autour des 50 ans permette d’aborder la question de la vieillesse.

« On peut vieillir autrement »

Pour les rapporteurs, il faut également décider d’arrêter de construire de nouveaux Ehpad. Une proposition à contre-courant du discours dominant, mais le Danemark suit cette voie depuis 1987. « Bien sûr, il en faudra toujours pour les personnes qui en ont le plus besoin », reconnaît la parlementaire socialiste, « mais on peut vieillir autrement. Souvent, les personnes veulent vieillir chez elles. » Ce que confirment différentes études, qui affirment que 90 % des Français sont pour le maintien à domicile (rapport thématique de la Cour des comptes en 2016) et que 70 % d’entre eux ont une mauvaise image des Ehpad (baromètre Odoxa de 2019).

L’élue de la Loire-Atlantique souhaite qu’on ne crée pas « de lieux fermés pour les personnes âgées ». Néanmoins, de l’aveu même de la sénatrice, « beaucoup d’efforts doivent être faits pour permettre aux personnes âgées de rester chez elles ». Elle invite les pouvoirs publics à coordonner leur action pour simplifier les aides à l’adaptation des logements aux besoins des anciens. Pour cela, les personnes concernées devraient être davantage informées des solutions existantes et leur dossier devrait être instruit depuis un guichet unique.

Appel à légiférer sur le sujet

Autre problème qui frappe nombre de seniors : l’isolement. La solitude touche en effet 4,6 millions de Français de plus de 60 ans, d’après un rapport des Petits frères des pauvres de 2019. Michelle Meunier recommande : « Les personnes âgées ont besoin d’avoir des visites, d’avoir des choses organisées, il faut dans cette optique faire appel au secteur associatif. » Elle conseille en outre de prendre exemple sur le Danemark, où « les jeunes sont fortement incités à trouver un stage en lien avec les personnes âgées ».

Pour mener à bien ces différents chantiers, il faut des financements pour faire fonctionner la branche « autonomie » de la Sécurité sociale, créée en août 2020. Des personnels formés sont aussi nécessaires. « Ce sont des personnes qui ne sont pas reconnues, or elles opèrent dans un secteur dur et réalisent des tâches répétitives mais essentielles », dénonce Michelle Meunier.

L’élue déplore toutefois que le projet de loi « grand âge et autonomie » ait été repoussé à la fin de la crise sanitaire. « Je doute de l’adoption de cette loi durant ce quinquennat », déclare-t-elle. Dans une tribune parue dans Le Monde fin février, elle a réclamé avec trois autres sénateurs socialistes la discussion de ce projet de loi d’ici l’été.

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