Magistrat spécialiste du droit des enfants, cela fait 20 ans que le juge Edouard Durand se dédie corps et âme à la lutte contre les violences sexuelles sur mineurs. Si les enfants sont plus considérés qu’ils ne l’étaient à l’époque, l’écart entre les plaintes et les condamnations reste criant. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit le magistrat Édouard Durand, dans « Un monde un regard ».
Des livres pour oublier la crise
Par Pierre-Henri Gergonne
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Le choix du lieu
Le lieu, un choix essentiel pour une narration capable de nous transporter et de nous affranchir des réalités d’une crise sanitaire qui à l’entrée de l’été, semble avancer toujours masquée.
Paris est le lieu choisi par Tatiana de Rosnay. Un Paris du futur - dans 15 ans - aux maisons connectées rayonnantes d’ondes inquiétantes. « Dans mes livres, j’ai toujours exploré les lieux où l’on peut imaginer et réfléchir » explique l’auteure. Et là, dans cette maison théâtre de l’histoire, « l’ennemi n’est pas le voisin du dessus » ou le voisin de palier, mais la maison elle-même. Mon livre est une invitation à la paranoïa ».
Cette atmosphère hyperconnectée et futuriste est bien éloignée des élans helvétiques qui font la saveur du livre de Joël Dicker.
Presque un hommage au pays d’origine de l’auteur et à sa ville natale, Genève. « Je suis édité en France, mes livres parlent souvent d’Amérique...J’ai alors senti ce besoin d’affirmer mon identité suisse, dit-il. J’ai senti ce besoin de me reconnecter avec la Suisse ».
Alors l’on voyage, de la station huppée de Verbier aux méandres genevois en passant par les salons discrets des banques privées, scènes d’épisodes de violences doucereuses.
Une histoire où l’on découvre aussi Bernard de Fallois, l’emblématique éditeur parisien aujourd’hui disparu à qui Joël Dicker doit beaucoup de ces succès planétaires.
L’univers de Virginie Grimaldi semble aux antipodes des turpitudes des héros nés des imaginations prolixes de Dicker et de Rosnay.
Dans le livre de l’auteure, l’intimité du foyer, les histoires de familles, de maternité - même compliquée - laisse place à une plume douce trempée dans l’air du temps. « Je ne déteste pas que l’on dise que mes livres font du bien. Il y a pire comme réflexion. Je tiens à raconter la vie ce qui ne veut pas dire que je la rends plus légère. Les « points de bascule » m'intéressent comme ces moments où les enfants quittent le foyer, ou un nouveau-né arrive prématurément ».
Une bulle dans le temps
Les bulles romanesques des invités de Guillaume Erner si lointaines soient-elles les unes des autres font vibrer leurs lecteurs de plus en plus nombreux. Et ces derniers - signe des temps - cultivent désormais un contact de plus en plus direct avec leurs auteurs.
« Le lien avec mes lecteurs est essentiel » souligne Virginie Grimaldi qui depuis vingt ans via un blog sur la toile entretient son réseau d’amitié et de fervents lecteurs. Joël Dicker comme Tatiana de Rosnay eux aussi en sont convaincus : « les réseaux sociaux » estiment-ils ont changé la donne. « Les réactions de mes lecteurs sur mes livres sont très importants pour moi. Car même ce qui ne leurs plaît pas est une inspiration pour moi » se satisfait Joël Dicker.