« Aujourd’hui nous avons montré la plus belle image de la France » : revivez les temps forts de la « marche civique » contre l’antisémitisme

Public Sénat vous fait revivre la marche contre l’antisémitisme, ce dimanche 12 novembre à Paris, à l’appel de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher. De nombreux responsables politiques ont rejoint le cortège.Les deux présidents de chambre étaient en exclusivité à notre micro.
Romain David

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Deux anciens présidents de la République, une trentaine de membres du gouvernement, des représentants politiques de tous bords… ou presque. La marche contre l’antisémitisme organisée ce dimanche 12 novembre à Paris, à l’appel conjoint du président du Sénat, Gérard Larcher, et de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, se voulait une réponse à la recrudescence des actes antisémites enregistrée sur le territoire depuis l’attaque du Hamas contre Israël : au moins 1 159 en un mois, selon un chiffre du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « La République est en danger ; ses fondements mêmes sont attaqués. Il est temps de réagir, il est temps de retrouver ce qui fait la force de notre pays ; le respect des droits de l’homme et de la laïcité, pilier de notre modèle humaniste », avaient lancé les deux présidents de chambre dans une tribune commune.

Le cortège s’est mis en mouvement vers 15 heures, esplanade des Invalides, pour rejoindre la place Edmond Rostand, en face du Jardin du Luxembourg. La participation du Rassemblement national a suscité de nombreux remous. Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet ont fait savoir qu’ils ne marcheraient pas aux côtés des élus du parti de Marine Le Pen. Par ailleurs, une seule banderole a été admise en tête de cortège, portant la mention « Pour la République, contre l’antisémitisme ». À gauche de l’échiquier politique, les dirigeants de La France insoumise n’ont pas voulu rejoindre une manifestation à laquelle participait le RN.

17h15

« Une marche doit conduire à une démarche », avertit Gérard Larcher

Devant les grilles du Jardin du Luxembourg, Gérard Larcher prend à son tour la parole. « Si nous sommes aujourd’hui si nombreux dans cette marche, c’est que nous avons le devoir de protéger la République, de lutter contre l’antisémitisme et de le faire avec la force de la loi dans un Etat de droit. »

Il a remercié les anciens chefs d’Etat, de gouvernement et les anciens présidents d’assemblées, les membres du gouvernement, les élus et les personnalités de la société civile et cultuelle qui ont rejoint cette initiative. « Il ne faudra pas simplement que ce soit une marche. Une marche doit conduire à une démarche, et cette démarche doit nous conduire à mettre les valeurs de la République au cœur de notre engagement », a-t-il conclu.

17h10

« Nous ne laisserons rien passer », la Première ministre Elisabeth Borne envoie un message de fermeté contre l’antisémitisme

Alors que la tête du cortège est arrivée au niveau du Sénat pour terminer cette marche, la Première ministre Elisabeth Borne souhaite envoyer un message de fermeté contre l’antisémitisme. « Nous voulons dire à nos concitoyens de religion juive que nous sommes à leurs côtés, que nous sommes mobilisés, que nous ne laisserons rien passer », a indiqué la Première ministre.

Interrogée sur le dispositif déployé pour lutter contre la recrudescence des actes antisémites, Elisabeth Borne affirme que « les policiers, les gendarmes, les magistrats sont très mobilisés pour ne laisser passer aucun message de haine, aucune violence, à l’égard d’un de nos concitoyens parce qu’il est de religion juive ».

17h04

« Aujourd’hui nous avons montré, tous ensemble, quels que soient nos partis et nos parcours politiques, la plus belle image de la France », se félicite Yaël Braun-Pivet

En fin de manifestation, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, a pris la parole pour remercier les participants. « Il est extrêmement réjouissant de voir qu’aujourd’hui, en France, nous sommes capables de nous rassembler aussi rapidement, de nous réunir autour de ce qui fait et qui fera notre avenir. Je suis extrêmement confiante. Aujourd’hui nous avons montré, tous ensemble, quels que soient nos partis et nos parcours politiques, la plus belle image de la France », a-t-elle salué.

« C’est aussi cela que nous voulions montrer avec le président du Sénat, que nous savions tout dépasser pour pouvoir nous rassembler pour ce qui est le plus précieux. Nous sommes heureux que nos concitoyens aient répondu largement à cet appel, car c’est avant tout pour eux que nous avons marché. »

16h50

Pour la sénatrice Mélanie Vogel, « le RN a une stratégie qui consiste à instrumentaliser la lutte contre l’antisémitisme à des fins racistes »

Présente dans la marche, la sénatrice des Français établis hors de France Mélanie Vogel explique la position des partis de gauche (écologistes, PS et Parti communiste) qui forment un « cordon républicain » contre le Rassemblement national. « Aujourd’hui le RN a une stratégie qui consiste à instrumentaliser la lutte contre l’antisémitisme à des fins racistes et notre responsabilité c’est de ne pas les laisser faire », dénonce-t-elle.

La présence de Marine Le Pen et de plusieurs élus du Rassemblement national a été perturbée, en amont de la marche, par un groupe de militants d’une organisation juive de gauche. Ils ont par la suite pu prendre part au défilé, éloignés de la tête du cortège.

16h48

« Allons enfants de la patrie… »

Alors que la tête de cortège arrive au niveau de la place Edmond Rostand, dans le 6e arrondissement à proximité du Sénat, les responsables politiques entonnent La Marseillaise.

16h35

Karine Le Marchand : « Je crois que les réseaux sociaux, c’est de la grosse merde ! »

Munie d’un drapeau tricolore, l’animatrice Karine Le Marchand s’est jointe au cortège. Elle a dénoncé au micro de Public Sénat et de LCP la haine en ligne : « Je crois que les réseaux sociaux, c’est de la grosse merde ! Il faut le dire. Ce que l’on y voit n’est pas à la mesure de ce que pensent les Français. Je ne crois pas que les Français soient si racistes et antisémites, simplement on ne donne pas la parole à ces gens-là », estime Karine Le Marchand.

« Il était important d’être là pour montrer que ce n’est pas la vraie vie, ce n’est pas ce que l’on pense. On aime tout le monde, on veut une France apaisée », conclut l’animatrice vedette de M6.

16h10

« Si Marine Le Pen avait été au pouvoir, je pense que la vague d’antisémitisme que nous connaissons n’aurait pas eu lieu », assure le député RN Jean-Philippe Tanguy

Interrogé sur sa présence dans ce défilé, le député Jean-Philippe Tanguy, membre du bureau national du Rassemblement national, explique : « Nous répondons à un appel d’unité des Françaises et des Français pour rejeter toutes les formes de haines et soutenir la lutte contre l’antisémitisme ».

« Notre pays est défiguré par une vague d’antisémitisme depuis plus d’un mois. La nation, je pense, a trop attendu avant de se réunir et nous sommes heureux de voir que les Françaises et les Français ont été très nombreux à répondre à cet appel », poursuit l’élu.

Les membres du RN ont été fraîchement accueillis à leur arrivée dans cette marche, notamment par le collectif de gauche Golem, aux cris de : « Casse-toi Le Pen ! Nous les Juifs, on ne te veut pas ». Jean-Philippe Tanguy rejette  les accusations de xénophobie et d’antisémitisme : « Marine Le Pen a défini une ligne politique très claire quand elle a pris les rênes du parti il y a plus de quinze ans, et Monsieur Le Pen en a été exclu en 2015 ». Il accuse le gouvernement « de ne pas avoir lutté contre l’antisémitisme depuis qu’il est au pouvoir et d’essayer de diviser la nation au lieu d’être cohérent avec ceux qui ont toujours lutté contre ».

« Si Marine Le Pen avait été au pouvoir, je pense que la vague d’antisémitisme que nous connaissons n’aurait pas eu lieu », assure encore Jean-Philippe Tanguy.

15h40

Élie Semoun : « Je ne sais pas si cela va changer grand-chose au racisme et à l’antisémitisme ambiant, mais c’est mieux que rien »

Présent dans le cortège, avec d’autres personnalités du monde de la télévision et du spectacle, l’humoriste Élie Semoun. « C’est très rassurant de voir qu’il y a autant de monde, et pas que des Juifs », salue-t-il au micro de Public Sénat et LCP. « Je ne sais pas si cela va changer grand-chose au racisme et à l’antisémitisme ambiant, mais c’est mieux que rien. »

Interrogé sur la présence du Rassemblement national dans cette manifestation, et la polémique soulevée au sein de la classe politique, le comédien soupire : « Je trouve cela idiot. Le RN fait ce qu’il veut. Pour certains, c’est un bon prétexte pour ne pas défiler. Ce n’est pas terrible. »

15h30

L’arrivée de Marine Le Pen et d’élus RN dans la marche perturbée

Avant que le cortège ne s’élance, l’arrivée de Marine Le Pen dans la manifestation a été brièvement perturbée par un groupe de militants de l’organisation juive de gauche Golem. Avec des pancartes et en clamant des slogans comme « Les Juifs ne veulent pas de toi », le groupe a tenté de bloquer la participation des élus du Rassemblement national à la marche, avant d’être contenu par les forces de l’ordre.

De son côté, Marine Le Pen a affirmé « Nous sommes exactement là où nous devons être ».

15h15

Des personnalités politiques de premier plan en tête de cortège

Nicolas Sarkozy, François Hollande, Elisabeth Borne, Bernard Cazeneuve… Des dizaines de personnalités politiques sont présentes aux côtés de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher pour une grande photo de groupe devant l’Assemblée nationale, avant le départ de la marche. Tous ont posé derrière une grande banderole « Pour la République, contre l’antisémitisme », c’est avec ce message qu’ils défilent désormais en tête de cortège.

15h

« Le vrai ordre du jour, c’est la République ! », martèle Gérard Larcher

« Face à la situation que notre pays connaît, cette montée des tensions, des actes antisémites, de la haine et des fractures, nous ne pouvions pas ne pas agir », a expliqué la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet au micro des chaînes parlementaires à quelques minutes du coup d’envoi de cette grande marche « pour la République, contre l’antisémitisme ».

« Les fonctions que nous occupons nous enjoignaient de faire quelque chose, de faire un acte fort, c’est la raison pour laquelle nous avons décidé, ensemble, de faire un grand appel à une marche civique », souligne Yaël Braun-Pivet. « Le fait que deux institutions, avec leurs sensibilités différentes, soient là, réunies, montre que la République passe au-dessus de tout », abonde Gérard Larcher, le président du Sénat. Il invoque la nécessité d’un « sursaut républicain ».

« Les polémiques ne sont pas à la hauteur des enjeux »

Interrogée sur la polémique soulevée par la présence du Rassemblement national, Yaël Braun-Pivet rappelle qu’il ne s’agit pas d’une initiative politique mais d’une démarche « civique ». « Nous n’avons invité que les concitoyens, nous n’interdisons à personne de manifester mais nous n’avons pas lancé d’appel aux partis politiques. Nous aurions pu le faire compte tenu des responsabilités qui sont les nôtres, cela n’a pas été notre choix nous avons décidé de nous adresser directement au peuple. Pour nous, les polémiques ne sont pas à la hauteur des enjeux, elles ne doivent pas salir cette initiative inédite. »

« Le vrai ordre du jour, c’est la République ! Et la lutte absolue contre l’antisémitisme qui est le contraire des valeurs de la République. C’est donc un sursaut auquel nous appelons », pointe encore Gérard Larcher. « Chaque citoyen doit être respecté pour ce qu’il est, quelle que soit son origine, sa race ou ses croyances. C’est cela la République. La loi doit protéger la foi, tant que la foi n’entend pas dicter la loi. », ajoute l’élu.

14h48

« Cordon républicain face au RN » : « Il nous semblait que notre place était ici », affirme Marine Tondelier

Avant le départ du cortège, les partis de gauche présents pour cette grande marche civique (écologistes, PS et Parti Communiste), forment un « cordon républicain face au Rassemblement national » pour défiler ensemble. Par cette action, ils s’opposent à la présence de membres du Rassemblement national, mais aussi du parti d’Éric Zemmour Reconquête, dans le cortège cet après-midi.

« La participation du RN à ces marches trouble énormément, ce n’est pas un plaisir que de participer au même rassemblement surtout sur ce sujet. Mais il nous semblait que notre place était ici et que la décence, le respect, les aurait invités, eux, à ne pas venir », estime Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, devenu Les Ecologistes.

14h32

L’absence du chef de l’Etat

Emmanuel Macron a choisi de ne pas participer à cette manifestation, tout en saluant l’initiative. Dans une lettre publiée samedi par le journal Le Parisien, le président de la République déplore « l’insupportable résurgence d’un antisémitisme débridé ». « Une France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France. Une France où des Français ont peur en raison de leur religion ou de leur origine n’est pas la France », écrit encore le locataire de l’Elysée.

Pour le politologue Pascal Perrineau, l’absence d’Emmanuel Macron est « une maladresse ». « La fonction d’un président de la République est de représenter toute la Nation dans sa diversité, de l’extrême droite à l’extrême gauche, si le président avait été aux premiers rangs, comme l’avait été François Mitterrand en 1990 et François Hollande en 2015, cela aurait été un symbole tout à fait utile. D’une certaine manière, c’est une erreur », estime l’universitaire sur le plateau de Public Sénat et LCP.

14h25

Un rassemblement de LFI perturbé ce matin par des contre-manifestants

Ce dimanche matin, La France insoumise (LFI) organisait son propre rassemblement contre l’antisémitisme, pour déposer des gerbes de fleurs au square des Martyrs juifs du Vélodrome d’Hiver, dans le XVe arrondissement de Paris. Une manifestation perturbée par une dizaine d’individus, portant des pancartes « Touche pas à la mémoire », ou encore « Touche pas au Vel d’Hiv ». Dans un tweet, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a affiché son soutien à ces perturbations.

LFI souhaitait ainsi manifester contre l’antisémitisme, sans s’associer à la grande marche civique organisée cet après-midi, où le parti s’oppose à la présence de Marine Le Pen et d’élus du Rassemblement national. Depuis l’attaque du 7 octobre en Israël, plusieurs élus insoumis sont critiqués pour leurs prises de positions ambiguës à l’égard du Hamas. Dernière sortie en date, celle du député du Nord David Guiraud, accusé de relativiser les atrocités du Hamas, en affirmant qu’Israël avait commis par le passé des actes de barbarie comparables, lors des massacres de Sabra et Chatila en 1982 au Liban.

14h06

Une initiative historique

C’est la première fois, sous la Ve République, que les deux présidents de chambre prennent l’initiative d’organiser un tel rassemblement. « L’idée est de créer une mobilisation autour de la représentation nationale et de renforcer le sentiment d’unité de la nation autour des valeurs républicaines. Les deux présidents occupent judicieusement un espace symbolique. On sait que les citoyens ont une perception lointaine des deux assemblées, sans effet d’identification, alors que le Parlement est plutôt proche de la société civile et des associations qui la structurent », expliquait le politologue Olivier Rouquan, enseignant-chercheur en sciences politiques et chercheur associé au Centre d’Études et de Recherches de Sciences Administratives et Politiques (CERSA), à Public Sénat.

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