Une succession de faits divers liés au trafic de drogue. Le meurtre à Marseille (Bouches-du-Rhône), de Mehdi Kessaci, frère du militant écologiste et engagé contre le narcobanditisme Amine Kessaci, a remis la lutte contre ce fléau au centre du débat public ces derniers jours. Le week-end dernier, un jeune adolescent a également été touché par trois balles à Grenoble (Isère) aux abords d’un point de deal. Pour le maire de la ville, Eric Piolle, « la société française » et « les ministres de l’Intérieur successifs » sont « en échec » sur la problématique du narcotrafic.
« On a une société qui pousse à des pulsions consommatrices absolument dingues »
L’écologiste constate un « rajeunissement » du trafic, « avec des jeunes de plus en plus fracassés ». « Ce monde mute de façon très violente », poursuit Eric Piolle, invité de la matinale de Public Sénat ce jeudi 20 novembre. Plus tôt dans la semaine, Emmanuel Macron avait convoqué mardi à l’Élysée une réunion en urgence dédiée au combat contre le narcotrafic, en présence de plusieurs ministres, comme Laurent Nuñez (Intérieur) ou Gérald Darmanin (Justice). Pour le chef de l’État, la lutte contre les réseaux de trafiquants doit s’inspirer de « ce qui a été fait » en matière de « terrorisme ».
Mais pour Eric Piolle, la stratégie des pouvoirs publics en place ces dernières années n’est plus assez efficace. « La consommation de drogue a explosé en France, malgré toute la bonne volonté des gens sur le terrain », pointe l’édile, regrettant « manquer de policiers » dans sa ville. Selon lui, une politique plus large doit être menée à destination des consommateurs. « Ce lien [social] qui se détériore, ça génère des problèmes de stress évident », souligne-t-il. « On a une société qui pousse à des pulsions consommatrices absolument dingues. »
Eric Piolle demande la « légalisation contrôlée » du cannabis
À quelques mois des municipales, de nombreux maires réclament un changement d’orientation pour affronter les narcotrafiquants. Candidat à la mairie de Marseille, le député RN Franck Allisio demande par exemple de déclarer « l’état d’urgence » dans la cité phocéenne. « On doit dire à cette pieuvre, à cette mafia, qu’on n’a pas peur (…) qu’ils ne nous feront pas taire », a de son côté exhorté l’actuel maire (divers gauche) de la ville, Benoît Payan, cité par l’AFP. Le responsable enjoint à « une forme d’unité nationale » sur cette question. Laurent Nuñez et Gérald Darmanin sont attendus ce jeudi dans la métropole méditerranéenne.
Promulguée en juin, la loi narcotrafic prévoit dans un premier temps « l’installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), qui sera officiellement créé le 1ᵉʳ janvier prochain », a indiqué l’Élysée lundi. Il sera destiné à traiter des dossiers les graves en matière de crime organisé. De son côté, Eric Piolle, lui, demande une « légalisation contrôlée » du cannabis pour mettre à mal le trafic. L’ambition d’une telle mesure ? « Casser la moitié du chiffre d’affaires, collecter des recettes qui permettent de faire de la prévention et avoir une stratégie de santé publique », précise-t-il. Le cannabis a déjà été légalisé ou dépénalisé dans plusieurs pays, comme le Canada, l’Uruguay, l’Allemagne ou le Luxembourg.