Écoles : « La patate chaude est renvoyée aux collectivités », selon un sénateur

Écoles : « La patate chaude est renvoyée aux collectivités », selon un sénateur

Édouard Philippe a détaillé le mode d'emploi à suivre pour la réouverture des écoles, des collèges et des lycées. Mais de nombreuses questions sur l’organisation subsistent comme les transports scolaires ou la cantine.
Public Sénat

Par Alizé Boissin

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Quelle allure aura la rentrée le 11 mai ? Fermés depuis le 16 mars, les écoles, collèges et lycées se préparent pour accueillir les 12 millions d’élèves français.

Le mode d'emploi de ce retour dans les classes a fait l'objet d’un chapitre évoqué par Édouard Philippe dans son plan de déconfinement présenté à l’Assemblée nationale, ce mardi 28 avril. « Le retour de nos enfants sur le chemin des écoles est un impératif pédagogique, un impératif de justice sociale », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre a confirmé une réouverture très progressive des maternelles et des écoles élémentaires à partir du 11 mai, sur la base du volontariat. Et ce, à condition que le nombre de nouveaux cas quotidiens soit toujours dans la fourchette prévue à l’approche de cette date. « Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai ». Autre condition à respecter : « pas plus de 15 élèves par classe ».

Les lycées fermés au moins jusqu'à la fin du mois de mai

Du côté des collèges et des lycées, la stratégie du gouvernement est différente : « À compter du 18 mai, seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible, nous pourrons envisager d'ouvrir les collèges en commençant par les classes de sixième et de cinquième. Nous déciderons fin mai si nous pouvons rouvrir les lycées, en commençant par les lycées professionnels ». « Nous fournirons des masques aux collégiens qui n'ont pas réussi à s'en procurer. Le port du masque pour les collégiens étant obligatoire », a encore précisé le Premier ministre.

Dix enfants maximum dans les crèches

Quant aux crèches, elles pourront rouvrir à partir du 11 mai, avec la possibilité d’accueillir au maximum 10 enfants. Le port du masque sera obligatoire pour les professionnels de la petite enfance. « Il n’y aura évidemment pas de port de masque pour les enfants de moins de trois ans », a affirmé le chef du gouvernement.

Édouard Philippe s’est exprimé sur les difficultés d’organisation que peuvent rencontrer certaines familles avec la reprise scolaire. « L’impossibilité de télétravail pour un couple d’actifs ou les difficultés rencontrées par les familles monoparentales devront être prises en compte dans ces critères ». « Les enfants des soignants et des professeurs devraient également être prioritaires », a-t-il ajouté.
La décision de rouvrir progressivement les écoles, guidée par la volonté affichée de lutter contre le creusement des inégalités dû au confinement, a été largement critiquée au cours des derniers jours. Le Conseil scientifique préconisait, lui, d'attendre le mois de septembre pour rouvrir les écoles.

À la suite du discours du chef du gouvernement, de nombreuses questions restent en suspens pour les sénateurs de la majorité. « La question des transports scolaires, ou encore de la restauration, n’a pas été abordée », regrette Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques et rapporteur général du projet de loi pour une école de la confiance. « On demande aux collégiens de porter un masque et pas aux plus petits, pourtant ils prennent le même bus pour aller à l’école », déplore-t-il.

Deux sénateurs LR regrettent un « manque de méthode de la part du gouvernement »

Pour le sénateur Jacques Grosperrin, sénateur LR du Doubs, habitué aux sujets sur la scolarité, « la patate chaude est renvoyée aux collectivités, aux régions et aux départements ». Les deux élus regrettent un « manque de méthode de la part du gouvernement ». Max Brisson s’interroge encore, quant à lui, sur la reprise scolaire du 11 mai. « Pour quoi faire ? On comprend dans les choix du gouvernement qu’il s’agit de faire garder les enfants pour que les parents aillent travailler mais l’école n’est pas une garderie », alerte-t-il. Pour lui, comme pour Jacques Grosperrin, le calendrier de la reprise ne semble pas adapté à la pandémie. « Il aurait été plus judicieux d’attendre septembre », conclut-il.

De son côté, la sénatrice LREM et ancienne directrice d’école, Françoise Cartron, salue le calendrier scolaire. « C’est dans les petites classes qu’on a le plus besoin des enseignants ». Elle ajoute : « On ne peut pas laisser les enfants encore quatre mois dans cette situation, il faut leur offrir un espace de respiration. »

D’après le dernier baromètre CovidDirect d’OpinionWay, 55 % des parents déclarent ne pas vouloir renvoyer leurs enfants dans les établissements scolaires.

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