Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.
Clarisse Guibert

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Garde alternée, budget sensible au genre, congé parental… Ce jeudi, la délégation aux droits des femmes du Sénat auditionnait la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et ancienne ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Couillard. Six mois plus tôt, l’institution publiait le rapport annuel sur l’état du sexisme en France, l’une de ses principales missions.

Le rapport pointait du doigt plusieurs problèmes majeurs, cités en introduction par la présidente (Union centriste) de la délégation Dominique Vérien : « La polarisation autour des enjeux d’égalité de genre, notamment dans les médias et les discours politiques », « les inégalités sociales et économiques persistantes », mais également « la persistance des discours sexistes, la hausse des violences sexistes et sexuelles ». En effet, 94 % des femmes de 15 à 24 ans estiment qu’il est « plus difficile d’être une femme aujourd’hui », soit 14 points de plus que l’année précédente. Un constat alarmant.

« J’invite les Français à regarder ce qu’il se passe dans leurs territoires », lance Bérangère Couillard

Pour y remédier, des moyens financiers doivent être injectés, chose qui inquiète la présidente du Haut Conseil. Devant les sénatrices, Bérangère Couillard rappelle que si « chaque collectivité a la liberté de mener sa politique et d’attribuer les budgets qu’ils souhaitent attribuer », certains organismes subissent plus durement la situation financière du pays. L’ancienne ministre a notamment pris l’exemple du planning familial qui a subi des « baisses drastiques » dans diverses collectivités. Or, « on ne peut pas se permettre de pas en avoir ». Et la sénatrice Marie-Pierre Monier de renchérir : « surtout dans les zones rurales ».

Le problème viendrait de la structuration même du budget pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Selon la sénatrice (Union centriste) Annick Billon, il repose sur « l’appui des associations. On n’a pas construit une politique pérenne dans le temps, puisque chaque année, il faut aller renégocier des subventions ». Un constat partagé par la présidente du Haut Conseil à l’égalité : « Les associations ont besoin de trois ans de visibilité », ce que l’organisation actuelle n’offre pas. En conséquence, « les collectivités, parfois contraintes, se désengagent. […] Et quand les collectivités se désengagent, l’Etat ne se sent plus non plus obligé de poursuivre les subventions », poursuit l’élue de Vendée.

De son côté, la présidente Dominique Vérien se plaint même du manque de parité dans la commission des Finances au Sénat, dont le bureau est composé de seulement deux femmes sur 17 membres. L’égalité serait « globalement, une affaire de bonne femme », dénonce-t-elle, et les finances, une affaire d’hommes.

« On ne met pas les mêmes moyens en faveur des filles et des garçons, et des femmes et des hommes », fustige la présidente du Haut Conseil à l’égalité

Pour finir, Bérangère Couillard a évoqué le sujet du « budget sensible au genre ». Il s’agit de répartir de façon égalitaire l’argent public. L’ancienne ministre a notamment pris l’exemple du sport dans les collectivités : « En fonction du nombre d’adhérents, on a plutôt tendance à favoriser le sport masculin, que féminin », et cette disparité financière est « énorme », selon ses mots.

En mars dernier, Élisabeth Borne, ministre de l’Education, Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, et Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes annonçaient la budgétisation « intégrant l’égalité entre les femmes et les hommes », à partir de l’année 2026.

Une victoire pour le Haut Conseil à l’égalité, mais qu’il faut prolonger : « Parlez-en dans vos territoires », a lancé Bérangère Couillard aux sénatrices.

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