Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Égalité hommes/femmes : « Les hommes n’ont jamais eu aussi peu de pouvoir qu’aujourd’hui »
Par Public Sénat
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Les hommes sont-ils obsolètes ? C’est la question que pose l’essayiste Lætitia Strauch Bonart dans son livre (éditions Fayard). « Cela fait plusieurs années que je vois un certain nombre d’études, de données, de faits, qui, quand je les agrège (…) me laisse entrevoir que la situation des hommes aujourd’hui n’est pas forcément si rose qu’on le pense et que même, parfois, elle est assez inquiétante » explique-elle sur le plateau d’ « On va plus loin ». « J’en suis arrivée à l’hypothèse très forte que les hommes n’ont jamais eu aussi peu de pouvoir qu’aujourd’hui. »
Lorsque qu’on rappelle à Lætitia Strauch Bonart que l’écart salarial entre homme et femme reste important, que le harcèlement de rue n’a pas disparu, ni les violences sexuelles, l’essayiste acquiesce : « Il y a encore beaucoup d’inégalités en défaveur des femmes, beaucoup de choses très cruelles qui les concernent. Mais on a peut-être tendance aussi à oublier ce qui s’est passé sur le très long terme. C’est ça qui m’intéressait (…) de regarder l’évolution, sur des décennies, voire des siècles. Et là, on ne peut pas nier que la situation des femmes a énormément changé (…) Les femmes ont vécu une ascension spectaculaire. On le voit à l’école, on le voit dans le marché du travail (…) (et) les femmes ont tout le pouvoir aujourd’hui dans la famille. Parce qu’elles ont le pouvoir de contrôler la procréation, qu’elles n’ont plus besoin des hommes pour être indépendantes financièrement. Donc elles ont une ascension spectaculaire, qui peut parfois créer un désarroi chez les hommes. »
Lætitia Strauch Bonart insiste sur le fait que son propos n’est surtout pas de dire que « l’ascension des femmes nuit aux hommes et que c’est à cause des femmes que les hommes vont mal » » : « Mon propos est plutôt de dire qu’il y a des évolutions structurelles, économiques, technologiques et sociales, (qui) favorisent les femmes mais qu(i), parallèlement défavorisent aussi les hommes. »
« Je trouve absolument normal que les femmes prennent leur place. Et je trouve absolument normal que les hommes se remettent en question » martèle-t-elle. « Les couples aujourd’hui vivent comme des égaux. Ce sont des partenariats entre égaux. Et les hommes doivent le comprendre et doivent l’accepter. Simplement je constate que pour certains hommes, ce n’est pas quelque chose d’évident. Et d’ailleurs, ça peut provoquer chez eux, une suréaction. On le voit par exemple dans les mouvements masculinistes ou virilistes. »
Et elle ajoute : « Le célibat masculin est en augmentation dans les classes populaires. Parce qu’avant, quand les hommes avaient un travail à peu près convenable, ils trouvaient une femme. Et les femmes ne travaillaient pas donc elles étaient contentes de trouver quelqu’un qui pourvoit à leurs besoins. Aujourd’hui que les femmes sont indépendantes, qu’elles font de bonnes études, qu’elles trouvent un travail, elles n’ont plus besoin de ces hommes-là. Et donc c’est une très bonne chose pour les femmes mais forcément les hommes s’interrogent sur leur utilité. Presque. »
Et de conclure : « J’essaie de montrer que les différences de comportements que l’on observe entre hommes et femmes ne sont pas uniquement le fruit de déterminismes culturels. Je ne dis pas évidemment que tout est lié à la nature. Je dis qu’il y a des deux. Et les deux comptent. J’essaie en effet (…) de réhabiliter l’importance des influences naturelles parce qu’on en parle jamais et c’est un tabou. Alors que (…) ça permet de comprendre beaucoup de choses. »
Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Lætitia Strauch Bonart, en intégralité :