En Irlande, il n’y a pas de partis anti-européens
L’Irlande, ce petit pays de moins de 5 millions d’habitants tout à l’ouest de l’Europe, est suspendu à la décision de son grand voisin le Royaume Uni de quitter l’UE. Une décision toujours incomprise du côté irlandais, alors que le sentiment d’adhésion à l’UE en Irlande n’a jamais été aussi fort. Focus sur ce pays très europhile.

En Irlande, il n’y a pas de partis anti-européens

L’Irlande, ce petit pays de moins de 5 millions d’habitants tout à l’ouest de l’Europe, est suspendu à la décision de son grand voisin le Royaume Uni de quitter l’UE. Une décision toujours incomprise du côté irlandais, alors que le sentiment d’adhésion à l’UE en Irlande n’a jamais été aussi fort. Focus sur ce pays très europhile.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Installée à Dublin depuis 2006, Sophie Nicoullaud est française, mariée à un irlandais, elle milite pour le parti des verts. Les tracts pour l’élection européenne sont fraîchement imprimés, direction le quartier d’Inchicore.  
Sophie y a rendez-vous avec le candidat écologiste pour la circonscription de Dublin. C’est la première fois que Ciaran Cuffe est candidat pour les élections européennes. Pour lui : « L’Europe a été vecteur de nombreux progrès sociaux et environnementaux en Irlande. C’est donc important qu’en tant que membres, nous travaillons dans le cadre européen pour continuer à peser sur les décisions qui viennent de Bruxelles ».

Le 24 mai, en plus de leur député européen, les Irlandais éliront leurs représentants locaux. Sophie se présente dans sa circonscription sous l’étiquette des verts. 
Aujourd’hui ces 2 candidats résolument proeuropéens font campagne commune. Mais à quelques semaines du scrutin les habitants ne pensent pas encore vraiment à l’élection européenne. Ciaran Cuffe explique « Les gens pensent à l’Europe, mais pas encore aux élections en elle-même. Ils sont plutôt préoccupés par ce qui se passe au Royaume-Uni ».

L'ombre du Brexit

L’Irlande, ce petit pays de moins de 5 millions d’habitants tout à l’ouest de l’Europe, est suspendu à la décision de son grand voisin le Royaume Uni de quitter l’UE. 
Dans les rues de Dublin, l’ombre du Brexit ne fait que raviver le sentiment proeuropéen. Un des passants confirme : « Dans de nombreux pays actuellement, l’Europe est vue comme l’ennemi, mais par en Irlande. Je pense que nous sommes le pays aime le plus l’union européenne. »

Avec le Brexit, les Irlandais voient leur premier partenaire commercial en Europe quitter le marché commun. Pour eux, il s’agit de trouver de nouveaux alliés dans l’Union Européenne. C’est l’argument de campagne des centristes du Fine Gael, le parti au pouvoir. Plusieurs fois ministre, Frances Fitzgerald est candidate à Dublin : « Nous allons devoir bâtir de nouvelles relations, par exemple avec la France, autour de l’agriculture. Mais aussi avec d’autres petits États et les États d’Europe du nord avec qui nous avons des intérêts communs. C’est sans doute l’élection européenne la plus importante pour l’Irlande depuis qu’elle a rejoint l’UE. Car le scénario vient de changer. Et nous allons dépendre d’avantage des autres pays européens. » 

Pas de camp antieuropéen en Irlande

Ne cherchez pas de camp antieuropéen en Irlande. Même les nationalistes du Sinn Fein, rangés à gauche et longtemps opposés à l’Europe, ont mis de l’eau dans leur vin. Alors que le Brexit ravive le spectre du conflit nord-irlandais, l’UE apparaît comme le meilleur garant pour protéger la paix. Pour David Cullinane, député Sinn Fein : « Les Irlandais reconnaissent que l’Europe a été ferme, et a veillé aux intérêts de l’Irlande et à la protection des accords de paix dans les récentes négociations, afin d’éviter le retour à une frontière dure avec l’Irlande du Nord ».

Conséquence du Brexit, l’élection européenne change en tout cas de dimension en Irlande. Pat Leahy, journaliste à l'Irish Times insiste sur le caractère exceptionnel de l'élection cette année : « Dans le passé les élections européennes étaient considérées ici comme des élections de second rang. Mais avec le Brexit, toute notre attention est focalisée à Bruxelles. Et je pense que les Irlandais vont accorder beaucoup plus d’importance aux élections européennes ».

Hasard du calendrier, l’élection européenne coïncide avec une période de grande incertitude pour l’Irlande. Plus que jamais, son regard est tourné vers l’Europe. 


Un reportage de Fabien Recker.

Partager cet article

Dans la même thématique

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

En Irlande, il n’y a pas de partis anti-européens
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le

En Irlande, il n’y a pas de partis anti-européens
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le