À Stockholm, le transport urbain se passe de diesel. Les bus roulent au biocarburant depuis des années et plus personne ne s’en étonne. 80 000 tonnes de C02 sont ainsi économisées chaque année. C’est aussi 70% de particules fines en moins. « Bien sûr que chacun d’entre nous veut de l’air respirable. Nous avons une voiture mais nous ne l’utilisons pas en ville, nous prenons le bus pour nous déplacer et quand on peut on marche » lâche un passant.
La Suède un pays qui s'est transformé en l’espace d’une génération. La création d’une taxe carbone en 1991 a permis de tourner le dos aux énergies fossiles en changeant les comportements. Fredrik Lindgren et sa famille habitent en banlieue de Stockholm comme beaucoup de Suédois, il a changé son système de chauffage. Consommer du fioul devenait beaucoup plus cher, alors il a investi dans une pompe à chaleur géothermique qui va chercher dans le sol les calories qui permettent de produire de l’énergie. « C’est vite devenu très rentable. Nous l’avons achetée il y a 20 ans. La pompe couvre nos besoins en eau chaude et chauffage quasiment toute l’année. Et c’est le cas de tout le monde dans le quartier, plus personne n’utilise de fioul pour se chauffer ». Selon lui, la taxe carbone fait consensus, car elle a été mise en place de façon progressive, avec une fiscalité en faveur de l’environnement incitative et non punitive. Comme avec les déchets : « Le ramassage des ordures alimentaires est gratuit, le reste est payé au kilo. Plus on réduit ses déchets plus on fait d’économies, mais je dois dire que je ne le fais pas pour les économies mais pour l’environnement » insiste Fredrik.
En Suède on taxe la consommation d’énergie fossile et on baisse les impôts en même temps
La Suède possède aujourd’hui la taxe carbone avec le prix le plus élevé au monde près de 120 euros par tonne de C02. Elle a ainsi divisé par deux ses émissions de gaz à effet de serre. Mais tout cela ne s’est pas fait sans contreparties. « Cette taxe a été mise en place en parallèle d’une baisse de l’impôt sur le revenu ou sur le capital. L’esprit de ce système fiscal, c’est de taxer ce qui est négatif, c’est-à-dire les émissions de C02, plutôt que ce qui est positif, comme les économies ou le travail. Et puis, en Suède, les gens font plutôt confiance au gouvernement pour réinvestir et redistribuer cet argent à bon escient » Bjorn Hugosson, directeur climat de la ville de Stockholm
Une taxe carbone à 120 euros en Suède contre 44 euros en France
C’est aussi grâce à cette taxe carbone que les carburants verts ont pu se développer en Suède. Une partie du biogaz utilisé par les bus est fabriquée dans une usine de méthanisation située à quelques kilomètres de Stockholm. Ici arrivent chaque jour des tonnes de déchets ménagers venus tout droit des poubelles des particuliers ou des restaurants. « Pour produire l’équivalent de 5 000 tonnes de carburant vert, il faut 50 000 tonnes de déchet » détaille Jean-Bernard Collin, directeur technique de Scandinavian Biogas. Un cercle vertueux qui permet de fabriquer une énergie renouvelable compétitive. « On peut proposer le biogaz à 10 ou 15 cts moins cher que diesel car on ne paye pas taxe carbone »
Une taxe carbone qui concerne tout le monde, sauf qu’aujourd’hui en Suède, les entreprises n’en paient que 60% contre 100% pour les particuliers. Pour Lorentz Tovatt député écologiste, cet écart doit disparaître. « Le gouvernement suédois a beaucoup œuvré ces dernières années dans le cadre d’un plan climat pour augmenter la taxe carbone pour les industries mais il faut aller plus loin. Le prix du carbone doit être plus élevé dans tous les secteurs qui polluent au niveau européen. Par exemple, concernant les transports il y a encore des efforts à faire en taxant d’avantage le trafic aérien »
Et la Suède a commencé depuis avril dernier à taxer ses vols intérieurs. Alors que les émissions de CO2 des énergies fossiles augmentent en Europe, la Suède elle s’est engagée à atteindre le zéro carbone d’ici 2045.