Né à Belgrade, en Yougoslavie, dans les années 50, Enki Bilal s’est intéressé très jeune à la géopolitique : « Quand on naît dans un pays comme ça, on est forcément marqué par l’atmosphère, l’ambiance politique et géopolitique qui y règne. Je m’intéresse beaucoup au monde dans lequel je le vis, tel qu’il est. Je voyage dans ce monde avec le souvenir de ce que j’ai vécu gamin. » raconte le dessinateur. Il a neuf ans lorsqu’il émigre en France avec sa famille. Rapidement le dessin devient son refuge, avant de devenir son métier et il va passer sa vie à croiser ses deux passions.
L’artiste visionnaire
Les illustrations d’Enki Bilal sont souvent caractérisées de visionnaires. En 1983, il publie avec Pierre Christin l’ouvrage graphique « Partie de chasse » qui prédit la chute du bloc communiste à l’Est. Pour le dessinateur, c’est un des pouvoirs dont dispose un artiste : « Une des spécificités de l’art c’est de montrer ce que les autres ne montrent pas. C’est d’avoir une démarche libre, personnelle. Je pense qu’un artiste quel que soit son domaine d’expression, devrait poser sa vision et elle peut tomber juste » explique-t-il.
Celui qui murmure à l’oreille du président
Elle peut parfois tomber tellement juste qu’elle intéresse aussi les chefs d’Etats, qui rêveraient de connaître de quoi sera fait demain. C’est le cas d’Emmanuel Macron qui a échangé avec Enki Bilal, notamment au sujet de la perte de mémoire au profit du numérique, l’objet de sa dernière série de bande dessinée, nommée « Bug ». « Un très bon échange » se rappelle l’artiste, dont le président de la République serait l’instigateur. « Je ne suis pas du tout un conseiller d’homme politique ou de président » pondère toutefois l’auteur.