Extension du couvre-feu : « On court après le virus » affirme René-Paul Savary
Tandis que Jean Castex a annoncé, ce jeudi, un couvre-feu étendu à 38 nouveaux départements et la possibilité d’un durcissement des mesures dès la semaine prochaine, les sénateurs évoquent un « durcissement nécessaire », mais attendent d’en voir les résultats et regrettent un manque d’anticipation.

Extension du couvre-feu : « On court après le virus » affirme René-Paul Savary

Tandis que Jean Castex a annoncé, ce jeudi, un couvre-feu étendu à 38 nouveaux départements et la possibilité d’un durcissement des mesures dès la semaine prochaine, les sénateurs évoquent un « durcissement nécessaire », mais attendent d’en voir les résultats et regrettent un manque d’anticipation.
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« La situation est grave. » Ce jeudi, Jean Castex a pris la parole, accompagné, entre autres, des ministres de la Santé, de la Culture pour faire le point sur l’évolution de la situation sanitaire dans l’hexagone et préciser la mise en œuvre de nouvelles mesures restrictives sur une grande partie du territoire. Dès vendredi minuit, trente-huit nouveaux départements devront appliquer un couvre-feu, déjà effectif en Île-de-France et dans huit grandes métropoles, de 21h à 6h du matin. « Avec ces mesures, nous poursuivons notre stratégie de riposte graduée et territorialisée. (…) L’extension de la mesure du couvre-feu à de nombreux autres départements est une mesure préventive que j’assume », a assuré le premier ministre, avant de rappeler que le dispositif pourra être « révalué et éventuellement » en fonction des résultats.

« Notre priorité est de sauver des vies et de protéger la santé de nos concitoyens. Je vous le dis clairement : les semaines qui viennent seront dures. Nos services hospitaliers vont être mis à rude épreuve et le nombre de morts va continuer à augmenter. Le mois de novembre sera éprouvant », a conclu Jean Castex. Dans les rangs de la Haute assemblée, en particulier parmi les membres de la commission d’enquête chargée de l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies, ces nouvelles mesures sont qualifiées de « nécessaires ». « Je ne suis pas hostile à l’extension du couvre-feu », assure la sénatrice Les Républicains Catherine Deroche. « Il est indéniable que les chiffres ne sont pas bons, et il faut essayer au maximum de protéger les services hospitaliers et de réanimation qui commencent à être sous tension. »

« Prendre des mesures spécifiques pour les personnes fragiles »

Pour autant, les élus des territoires restent dans l’attente de résultats concrets sur l’efficacité de ces mesures. « Bien sûr que des mesures doivent être prises puisque l’épidémie tend à se propager de façon plus importante », reconnaît la présidente du groupe communiste Eliane Assassi. « Cela ne veut pas dire que je soutiens le gouvernement, c’est simplement factuel. Est-ce le bon remède pour endiguer l’épidémie ? Je ne sais pas, nous n’avons pas assez de recul, et j’attends de voir leur efficacité avant de juger de l’action du gouvernement. » Le sénateur LR René-Paul Savary, vice-président de la commission d’enquête chargée de l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies, pointe du doigt, quant à lui, une politique de « demi-mesure ». « Si le couvre-feu est vraiment la bonne solution, pourquoi attendre avant de confiner de façon générale ? », questionne-t-il. « C’est soit on y croit, soit on n’y croit pas. On peut se demander si on n’est pas encore en train de courir après le virus… ».

Le manque d’anticipation reste, de manière générale, le reproche fait par les élus au gouvernement, alors que la possibilité d’une deuxième vague avait été annoncée dès le déconfinement. « Nous ne sommes pas dans l’anticipation », dénonce René-Paul Savary. « Pour moi, il faudrait surtout prendre des mesures bien spécifiques pour protéger les personnes fragiles. Par exemple des mesures de précaution par rapport à la famille pour les personnes âgées.  Des mesures plus ciblées sur les personnes fragiles me sembleraient plus efficaces que des confinements généralisés », souligne le sénateur. « On n’a pas vu venir une deuxième vague aussi forte, alors que nous avions pourtant été alertée », regrette pour sa part Catherine Deroche. « Avec la période estivale, où nous n’avons pas assez pris conscience de la gravité de ce virus, les gens ont eu l’impression que tout cela était derrière nous. »

De nombreuses professions pénalisées

Car les sénateurs en sont conscients : les commerçants, les professionnels de la culture, les restaurateurs et bien d’autres seront touchés de plein fouet par cette nouvelle vague de restrictions. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a ainsi annoncé une nouvelle mobilisation de fonds pour soutenir le monde du spectacle. 85 millions d’euros seront destinés au soutien des acteurs du spectacle vivant, et 30 millions d’euros d’aide seront alloués aux acteurs du cinéma. « Economiquement, ces mesures risquent d’être mal appréciées, même si elles sont nécessaires », conçoit Eliane Assassi. « Mais j’ai tendance à penser qu’un mal peut valoir un bien. Espérons que ces mesures, qui pénalisent un grand nombre de professions, feront preuve d’efficacité. ».

 

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