Faut-il garder son âme d’enfant pour être un bon auteur jeunesse ?

Faut-il garder son âme d’enfant pour être un bon auteur jeunesse ?

Cette semaine « Livres & Vous » met la littérature jeunesse à l’honneur. À l’occasion de la 8e édition de « Partir en Livre » organisé par le Centre national du livre (CNL) sur le thème de l’amitié, Guillaume Erner reçoit sa présidente et deux auteurs qui écrivent pour les enfants et les adolescents. Qu’est-ce qui attire le jeune public vers la littérature ? Comment s’adresser aujourd’hui aux adolescents ? Et à qui écrit-on quand on est un auteur jeunesse ? Réponse avec Régine Hatchondo (présidente du CNL) et les écrivains Marie Sellier et Vincent Mondiot.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

La littérature jeunesse, c’est un livre publié sur quatre, 18 000 nouveautés cette année et « presque autant de styles qu’il existe d’auteurs » souligne l’écrivaine Marie Sellier, elle-même à l’origine d’une centaine d’ouvrages pour les plus jeunes et les adolescents. « Quand je commence à écrire une histoire, raconte-t-elle, il y a toujours une petite part d’enfant en moi donc je sais parfaitement comment m’adresser à eux… mais pas seulement ». « Je pense que nos livres peuvent s’adresser également à ceux qui les accompagnent, il y a toujours un sous-texte et c’est ça qui fait la richesse de la littérature jeunesse », analyse cette amoureuse des mots et grande défenseuse des écrivains.

« Quand j’ai commencé à écrire, je savais que je voulais prendre les enfants par la main, leur dire les choses », affirme Marie Sellier.

Cette année avec « Willy » (Ed. Thierry Magnier), Marie Sellier signe une histoire d’amitié sur fond de conflit contemporain. C’est l’aventure d’un jeune homme qui rêve de vivre à Paris et qui quitte le Sénégal clandestinement au péril de sa vie.
« Une histoire qui s’est complètement imposée à moi » déclare-t-elle, « je suis partie d’un fait divers que j’avais lu dans le journal et qui m’a habité pendant plusieurs semaines : un jeune garçon qui s’était embarqué dans le train d’atterrissage arrière d’un avion, une histoire de rêves brisés qui finit de manière tragique et que je ne voulais pas que l’on oublie ».


Ecrire dans la langue des ados

Ecrire pour marquer les jeunes lecteurs, c’est aussi la volonté de Vincent Mondiot qui signe « Les derniers des branleurs » (Ed. Actes Sud jeunesse). Un titre choc qu’il assume totalement car « la littérature a le droit de parler comme elle veut ». « Moi, je m’adresse à des ados » continue l’auteur « et j’essaye de parler comme eux ».
« Au départ, explique-t-il, je ne pensais pas écrire pour les ados, ce sont les éditeurs qui me l’ont signalé, moi j’écrivais tout court ».
Mais pour Vincent Mondiot, quand on s’adresse aux adolescents, contrairement aux livres pour les enfants qu’écrit notamment Marie Sellier, « il faut leur parler directement sans penser à leurs professeurs ou à leurs parents ».

Si on les cultive, poursuit-il, c’est par accident, « je veux avant tout leur offrir quelque chose qui va les divertir à un âge complexe, je ne suis pas un prescripteur ».

« Je pense que l’adolescence, c’est un âge où l’on décroche trop souvent de la lecture » conclut Vincent Mondiot, notamment parce que le livre est souvent perçu comme plus « élitiste » que la télévision ou les jeux vidéo.
Un constat que partage la présidente du CNL, Régine Hatchondo qui nuance cependant : « Je préfère qu’un enfant s’endorme avec un manga sous sa couette qu’avec un écran, même si le programme est de qualité, car grâce au livre, la mémoire, l’imagination, l’inconscient, l’émotion sont davantage sollicités ».
Avec « Partir en Livre », ses 3 000 évènements partout en France, 300 librairies, et ses 850 auteurs, ce sont beaucoup d’échanges autour du livre qui vont se dérouler du 22 juin au 24 juillet 2022. Un bon moyen de « sortir le livre des étagères » conclut Régine Hatchondo.


Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

« Willy » de Marie Sellier - Ed. Thierry Magnier
« Les derniers des branleurs » de Vincent Mondiot - Ed. Actes Sud

Dans la même thématique

Illustration: justice tibunal,administration penitenciaire.
6min

Société

Qu’est-ce que le « contrôle coercitif », cette notion au cœur des débats sur la proposition de loi contre les violences sexuelles ?

L’intégration dans le Code pénal de cette notion, développée dans les années 1970 pour décrire certains aspects des violences conjugales, a nourri de vifs débats au Sénat jeudi 3 avril. Les élus ont renoncé à la faire entrer strico-sensu dans la loi, mais ils s’en sont inspirés pour revoir la définition pénale du harcèlement sur conjoint.

Le

European Union defence : ‘rearming Europe’ project
6min

Société

Kit de survie : « Quand une population est préparée, elle n’est pas en mode panique », salue le sénateur Olivier Cadic

Pour que les populations soient préparées en cas de crise, la Commission européenne conseille aux citoyens d’avoir un « sac de résilience » avec tout ce qu’il faut pour tenir, en cas de catastrophe naturelle… ou de guerre. « Le but n’est pas de faire peur aux gens », soutient le sénateur LR Cédric Perrin, mais « d’anticiper les situations ». La France prépare un livret de survie, sur le modèle suédois.

Le

Faut-il garder son âme d’enfant pour être un bon auteur jeunesse ?
4min

Société

« Sur le handicap, le regard de la société a progressé plus vite que celui des institutions » se réjouit Eglantine Eméyé

Mannequin, animatrice de télévision et comédienne. Elle a médiatisé le combat de son second fils Samy, atteint d’autisme sévère, pour alerter sur le manque de prise en charge des enfants handicapés, mais aussi la solitude des mères et des parents. Malgré la disparition de son fils en 2023, elle a décidé de poursuivre le combat. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Eglantine Eméyé dans « Un monde, un regard » sur Public Sénat.

Le