Fin de vie : le député Olivier Falorni souhaite la mise en place d’une aide active à mourir

Invité de Public Sénat, le député Olivier Falorni, qui a travaillé sur la question de la fin de vie, estime que l’ouverture d’une aide active à mourir doit impérativement prendre en compte la situation des malades qui « ne sont plus aptes physiquement » à agir.
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Le gouvernement présentera son projet de loi sur la fin de vie d’ici la fin du mois de septembre. En avril dernier, Emmanuel Macron s’était engagé à s’appuyer sur les travaux de la Convention citoyenne pour établir un texte « co-construit » avec le Parlement. « Aujourd’hui, la question de la fin de vie arrive à maturation dans la société, on le voit dans toutes les enquêtes d’opinion », relève au micro de l’émission « Extra local », sur Public Sénat, le député Olivier Falorni, qui a piloté la mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti qui fixe depuis 2016 le cadre légal de la fin de vie.

« La sédation profonde et continue est très peu utilisée, ce qui doit nous interroger », explique cet ancien socialiste, qui siège désormais dans les rangs de la majorité présidentielle, au sein du groupe MoDem. « C’est une forme de laisser mourir, vous endormez la personne et arrêtez de la nourrir, cela peut durer plusieurs semaines, ce qui peut être absolument insupportable », déplore-t-il. « La convention citoyenne, sur laquelle j’étais assez sceptique, a produit un travail absolument remarquable. Ils ont dit clairement, à 76 %, qu’ils voulaient une loi sur l’aide active à mourir. Nous devons entendre cet appel ! », martèle l’élu.

« Vous avez des malades en fin de vie qui ne peuvent plus bouger »

Mais quel type d’aide active à mourir ? « Il y a un enjeu majeur demain : va-t-on, sur le modèle anglo-saxon, vers le suicide assisté seul où l’on ne permet qu’à la personne malade, en fin de vie, d’agir ? Ou va-t-on vers le suicide assisté et l’euthanasie ? », interroge Olivier Falorni. Dans le deuxième cas, « un tiers, en l’occurrence un médecin, vous administre le produit. »

« C’est extrêmement important, car si l’on allait vers le suicide assisté seul, on créerait une inégalité cruelle en mettant de côté les malades répondant à tous les critères d’éligibilité de ce droit, mais qui ne sont plus aptes physiquement à faire le geste. Vous avez des malades en fin de vie qui ne peuvent plus bouger. Je pense à la maladie de Charcot », pointe le député.

« La convention citoyenne a dit que le suicide assisté seul n’était pas possible, qu’il fallait le suicide assisté et l’euthanasie », rappelle Olivier Falorni. « C’est pour moi la lettre de mission donnée par la convention citoyenne », conclut-il.

184 citoyens tirés au sort ont travaillé pendant trois mois sur la fin de vie. Dans le rapport qu’ils ont rendu public le 2 avril dernier, ils appellent à des « changements profonds » de la législation en vigueur, qui n’est pas en mesure selon eux de répondre à toutes les situations rencontrées. Si la majorité des citoyens s’est prononcée pour la mise en place d’une aide active à mourir, de nombreuses nuances ont été apportées à cette position, notamment en ce qui concerne les mineurs ou les personnes souffrant de maladies psychiatriques.

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