Alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie s’est ouverte il y a tout juste une semaine, les représentants des cultes échangeront aujourd’hui avec les citoyens au Conseil économique, social et environnemental (Cese). « C’est un débat qui ouvre un grand enjeu d’humanité et de fraternité », confie Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, qui mise sur un débat nuancé : « Très souvent ce débat est ouvert avec des positions extrêmement tranchées, puis l’écoute du terrain fait qu’il évolue. Je pense à la mission d’information parlementaire qui a donné la loi dite Leonetti. L’audition du terrain a conduit à ne pas dépénaliser l’euthanasie dans notre pays. »
Fin de vie : « Ce n’est pas un combat de laïcité »
En effet, ce représentant de l’Eglise catholique préfère « mettre en œuvre ce qui est déjà prévu par la loi, en termes notamment de soins palliatifs », et alerte sur les « déserts palliatifs », un véritable « enjeu de justice », ajoute-t-il. Ce faisant, il rejoint l’avis minoritaire du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dont certains membres avaient voulu exprimer des réserves dans l’avis ouvrant la « voie » à « une aide active à mourir. »
Si les représentants des cultes « échangeront » avec les membres de la Convention citoyenne ce vendredi après-midi, Monseigneur Matthieu Rougé tient à réaffirmer que ce débat « n’est pas un combat de laïcité » : « Comme croyants, nous ne cherchons pas à imposer une vision religieuse de la vie et de la mort. Certains soignants qui ne sont pas du tout croyants disent qu’il est invivable pour eux d’être dans une relation d’accompagnement et ce qui pourrait représenter un geste létal. »
Constitutionnalisation de l’IVG : « Il y a quelque chose de décalé à ouvrir ce débat aujourd’hui en France »
Alors que la proposition de loi pour la constitutionnalisation de l’IVG adoptée par l’Assemblée nationale sera discutée le 1er février au Sénat, Monseigneur Matthieu Rougé y voit « une répercussion inattendue d’un débat américain, pas toujours bien interprété. » D’après l’évêque de Nanterre, la décision de la Cour Suprême ne fait que « modifier » la liberté des Etats dans un pays fédéral, un contexte institutionnel totalement différent de la France pour lui, donc.
Par conséquent, « il y a quelque chose de décalé à ouvrir ce débat aujourd’hui en France, alors qu’il y a tant de débats plus urgents », estime Monseigneur Matthieu Rougé. Le Sénat avait rejeté une proposition de loi semblable le 19 octobre dernier, et l’évêque de Nanterre que la chambre Haute avait ainsi « fait preuve de sagesse. » Il ajoute : « J’espère qu’il continuera. »