Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est revenu sur le rapport sur les Frères musulmans, commandé par le gouvernement, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat, ce mercredi. Interrogé sur cet islam politique qui agit « à bas bruit » par le sénateur (apparenté LR) André Reichardt, corapporteure en 2016, avec Nathalie Goulet, d’un rapport du Sénat intitulé « de l’Islam en France à un Islam de France, établir la transparence et lever les ambiguïtés », le ministre a répété son inquiétude sur le sujet.
« Il faut séparer les menées islamistes d’une pratique de l’islam compatible avec les valeurs de la République »
« Bien sûr que ce rapport est alarmant. Il concerne l’islamisme. Je tiens à dire qu’il faut séparer les menées islamistes d’une pratique de l’islam compatible avec les valeurs de la République. Et j’observe que les pays le plus durs avec les Frères musulmans, ce ne sont pas les démocraties occidentales, ce sont les pays musulmans », commence Bruno Retailleau, qui tient aussi à faire la différence « entre séparatisme et l’entrisme ». « Sous couvert d’entrisme, d’un islamisme à bas bruit, en réalité, on a toujours la même matrice politique. Ce sont les Frères musulmans qui l’ont inventée en 1928. Et ça n’a pas bougé : la prééminence de la loi coranique sur la loi de la République, l’infériorisation du statut de la femme et l’antisémitisme, souvent voilé par le biais et le prétexte de l’antisionisme », pointe le nouveau président des LR.
« Il faut prendre ce problème à bras-le-corps », continue Bruno Retailleau, qui ajoute qu’il y a « deux menaces, selon le rapport : une menace contre les intérêts fondamentaux, notamment nos institutions, le régime républicain, mais aussi la cohésion nationale ».
« Il faut une stratégie de sensibilisation informationnelle, de sensibilisation du grand public »
Si l’Elysée a fait savoir, ce mercredi, qu’Emmanuel Macron demandait des propositions au gouvernement, lors d’un prochain Conseil de défense, prévu début juin, le ministre de l’Intérieur n’a pas attendu, donnant plusieurs pistes devant le Sénat.
« Dans les semaines à venir, dans les mois à venir, il devra être proposé une meilleure organisation de l’Etat, avec un vrai chef de filât en matière de renseignement et un parquet administratif au ministère de l’Intérieur pour diligenter des dissolutions, des entraves administratives », a annoncé le nouveau président des LR, qui vise aussi « les circuits financiers », car « on a des trous dans la raquette ». « Comment expliquer qu’après la dissolution de Barakacity, les biens et actifs de Barakacity soient allés se réfugier au Royaume Uni ? Comment se fait-il qu’après la dissolution de CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), ses biens et actifs soient allés se réfugier en Belgique ? » demande le ministre.
« Enfin, il faut une stratégie de sensibilisation informationnelle, de sensibilisation du grand public. […] Il faudra former aussi les élus et les fonctionnaires », ajoute Bruno Retailleau, qui prévient : « Nous aurons vraiment la ferme intention de combattre le frérisme et l’entrisme ».