Glyphosate : « Il se retrouve dans les aliments, il est temps de s’en passer »
Nadine Lauverjat, coordinatrice de projet à Générations Futures, a présenté sur Sénat 360 les résultats d’une enquête menée par l’ONG. D’après elle, les taux de concentration de l’herbicide le plus répandu au monde atteignent des niveaux « élevés » dans les produits alimentaires.

Glyphosate : « Il se retrouve dans les aliments, il est temps de s’en passer »

Nadine Lauverjat, coordinatrice de projet à Générations Futures, a présenté sur Sénat 360 les résultats d’une enquête menée par l’ONG. D’après elle, les taux de concentration de l’herbicide le plus répandu au monde atteignent des niveaux « élevés » dans les produits alimentaires.
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Le glyphosate sur la table du petit-déjeuner ? Dans une étude menée sur une trentaine d’échantillons de produits alimentaires, l’association Générations Futures a retrouvé des traces de l’herbicide le plus vendu au monde dans la moitié des produits testés. Parmi les céréales du petit-déjeuner, sept paquet sur les huit examinés contiennent des résides. Des lentilles et des pâtes sont également concernées.

« Des niveaux relativement élevés »

Invitée de l’émission Sénat 360, Nadine Lauverjat, chef de projet et coordinatrice à Générations Futures, a commenté les résultats de cette enquête :

« On a retrouvé plusieurs milliers de microgrammes dans certains des échantillons analysées, ce n’est pas anodin. Cela fait partie des niveaux qui sont relativement élevés. À titre de comparaison, dans l’eau de boisson, on ne tolère que 0,1 mg de pesticides par litre. Là on a jusqu’à 2000 mg de glyphosate dans certains des échantillons que l’on a analysés. »

Aliments : alerte au glyphosate
00:53
Sujet : Géraldine Bavoillot

Des risques sur le long-terme

Nadine Lauverjat rappelle que le glyphosate a été classé cancérigène « probable » par le Centre international de rechercher sur le cancer. Elle prévient qu’il peut y avoir « un risque d’ingestion sur de longues périodes », les produits testés étant des « produits de consommation courante ».

« On a dit beaucoup de choses sur cette molécule, mais la vérité c’est qu’elle est polluante, qu’elle se retrouve dans les aliments – on vient de le montrer – elle pollue les eaux, les sols : il est temps de s’en passer », avertit Nadine Lauverjat.

Alors que l’institut Ipsos évalue à deux milliards d’euros le coût pour l’agriculture française d’un éventuel retrait de la molécule controversée, la représentante de Générations Futures est consciente qu’il s’agit d’une « vraie difficulté » pour les exploitants conventionnels. « La recherche a travaillé sur comment s’en passer, développons des alternatives et offrons-les aux agriculteurs ».

Le verdict européen attendu

Repoussé en 2016, le débat sur la reconduction ou non de l’autorisation dans l’Union européenne doit revenir cet automne, avant l’expiration de l’homologation. Un vote lors d’un comité d’expert pourrait avoir lieu le 5 ou le 6 octobre. La France a annoncé qu’elle s’opposerait au renouvellement d’autorisation.

« La France pèse très lourd dans les débats », observe Nadine Lauverjat. La représentante de Générations Futures craint néanmoins un « revirement » de Paris, « sous la pression du ministre de l’Agriculture, lui-même sous la pression des syndicats agricoles dominants ».

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