Deuxième étape de notre reportage sur le grand débat national. Après Vivy dans le Maine-et-Loire (voir notre article), direction Parthenay dans les Deux-Sèvres. Pas de débat organisé ce mardi 12 février, mais une vente à la criée de bovins sur le marché aux bestiaux, longtemps l’un des plus importants de France. 12 000 animaux y ont été commercialisés l’année dernière, une vache s'y vend entre 600 et 2 000 euros.
« On est dans des cours de viande qui sont les mêmes qu’il y a 25 ans »
En cette journée d’hiver ensoleillée, l’ambiance est quelque peu morose. À peine 200 bovins dans les enclos et le sentiment que le travail ne paie plus. « Aujourd’hui, on est dans des cours de viande qui sont les mêmes qu’il y a 25 ans. Ça devient de plus en plus difficile pour les éleveurs (…) À mon avis les cours sont à 15 à 20% trop bas » estime Denis Coudreau, éleveur et président du marché de Parthenay. « Il faut absolument que les engagements pris par les distributeurs et les transformateurs dans la loi Egalim (loi agriculture et alimentation) soient tenus » complète Michel, un exploitant agricole de Bressuire.
Ce texte est censé permettre un rééquilibrage des relations commerciales entre agriculteurs, industriels et distributeurs, en prévoyant notamment le relèvement de 10% du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions.
La veille, lors d’une rencontre avec les dirigeants des principaux syndicats agricoles, Emmanuel Macron a indiqué que ces engagements seraient tenus.
« Les gens nous regardent d’un drôle d’air. Comme si on maltraitait les bêtes »
Mais ce qui inquiète principalement les éleveurs, ce sont les récentes polémiques autour de la maltraitance animale ou encore les récentes actions d’extrémistes vegan. « On est montré du doigt. Les gens nous regardent d’un drôle d’air. Comme si on maltraitait les bêtes » se désole Guillaume, un jeune commerçant en bestiaux. « Entendre des conneries pareilles… C’est grave pour leur santé. La consommation de viande, ce sont des protéines indispensables. Alors que personnes adultes prennent la décision de ne pas manger de viande, passe encore. Mais qu’ils l’imposent à des jeunes enfants… »
Pour Denis Coutreau, « les images qu’on voit à la télé sont tronquées parce que ce n’est pas la vérité. Il y a peut-être des exceptions. Mais nous, on passe beaucoup de temps avec nos bêtes. On en prend soin. C’est dans notre intérêt d’en prendre soin ».