Le député LREM, Jean-Marie Fiévet avait choisi d’appliquer à la lettre les consignes du gouvernement. « La règle est claire. Nous ne parlerons pas de problèmes locaux. Ce n’est pas le but du grand débat ». Les participants devront débattre tour à tour de l’organisation de l’État, de la transition écologique ou encore de fiscalité. De quoi échauder d’emblée certaines personnes comme Jean-Philippe, retraité, qui décide de quitter la petite salle du centre communal d’action sociale au bout d’une heure. « On en revient toujours à des sujets trop personnels (…) Autour d’ici, on a des usines très dangereuses. Et on ne sait pas. On n’y connaît absolument rien en écologie ».
Les questions écologiques reviennent régulièrement dans les discussions. À la question : quelles seraient, selon vous, les solutions les plus supportables sur un plan financier, pour changer votre comportement ? Certains participants sont interloqués. « Avec tous les choix anti écologiques du gouvernement, je trouve ça presque ironique que ce soit à nous de changer nos comportements » fait remarquer, Éliane, une jeune journaliste d’un média associatif local. « Lesquels ? » interroge le député. « Et bien, le projet de la montagne d’or en Guyane » lui répond une dame malvoyante.
« Si on veut prendre un train, c’est infernal »
Dans un département très rural comme les Deux-Sèvres, la fracture territoriale prend de nombreuses formes. Le numérique : « Tous les territoires ne sont pas à égalité. Quand je veux faire m’a déclaration à l’URSSAF sur internet, ça coupe tout le temps. Et quand je les appelle, ils me disent d’essayer chez la voisine » explique une participante. Les transports : « Si on veut se déplacer. Si on veut prendre un train. Si on veut prendre un avion, c’est infernal. Il faut prendre sa voiture. J’arrive de Paris aujourd’hui. C’est 4 heures » se désole un retraité.
Échanges tendus au sujet des gilets jaunes
Comme à chaque débat, les retraités sont surreprésentés. Ce jeudi soir, à Airvault, trois personnes avaient moins de 30 ans. Une fracture générationnelle qui s’est ressentie au moment d’aborder les manifestations des gilets jaunes. « À partir du moment, où il y en a qui sont là pour casser, les flics, ils se défendent, c’est tout » résume un retraité qui a manifesté à Paris il y a quelques semaines aux côtés des foulards rouges. La jeune journaliste, Éliane « ne comprend pas qu’on minimise les violences policières ». Pour la première fois de la soirée, le député est obligé d’élever la voix pour ramener le calme. « Franchement, je ne reviendrai plus dans un débat. Je me suis sentie très seule » confie Éliane.
En conclusion, Jean-Marie Fiévet compare l’organisation des grands débats sur le territoire national à un « moment historique ». Une personne veut savoir si on a demandé aux gilets jaunes d’enlever leurs gilets pour participer au débat. « Non, ce n’est pas l’uniforme qui compte et d’ailleurs je ne sais pas s’il y a des gilets jaunes dans la salle » répond-il. Trois personnes lèvent le doigt.