Grande inquiétude dans le monde de la musique classique
Le secteur culturel en général, et celui de la musique classique en particulier, s’inquiète et demande des garanties au gouvernement. En cause, un mécanisme de chômage partiel qui pourrait écarter certaines structures. Et des décrets qui se font attendre. Le Sénat interrogera le ministre de la Culture sur ce sujet jeudi 16 mars.

Grande inquiétude dans le monde de la musique classique

Le secteur culturel en général, et celui de la musique classique en particulier, s’inquiète et demande des garanties au gouvernement. En cause, un mécanisme de chômage partiel qui pourrait écarter certaines structures. Et des décrets qui se font attendre. Le Sénat interrogera le ministre de la Culture sur ce sujet jeudi 16 mars.
Public Sénat

Par Jérôme Rabier

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La musique classique ne veut pas être réduite au silence. Comme l’ensemble du secteur culturel, elle est fortement impactée par la crise du Covid-19. Lieux de représentation fermés, demande de remboursement des spectateurs, festivals annulés, les nuages s’amoncellent sur les professionnels et les structures qui les font vivre.

Mais depuis ce week-end, une autre inquiétude grandit. Le ministère du travail souhaiterait que les associations subventionnées ne puissent avoir accès au chômage partiel. « Inconcevable » pour Loïc Lachenal, président des Forces musicales, syndicat professionnel des opéras, orchestres et festivals d’art lyrique, et directeur de l’Opéra de Rouen.

« Protéger les salariés et les structures »

« Le chômage partiel est une sorte de prêt pour nous. Ce dispositif est le plus à même de protéger nos salariés et nos structures. Et cela nous permettra de repartir au plus vite » insiste-t-il. Face aux insinuations de bénéficier à la fois de subventions et du chômage partiel, il reconnaît « qu’il faudra ensuite, dans un second temps, faire les comptes. Nous sommes des structures essentiellement à la charge des collectivités locales. Elles devront engager des discussions avec l’État pour imaginer un système de péréquation, c’est-à-dire de partage entre ceux qui sont les mieux portantes et les plus fragiles ». Et ainsi éviter un effet d’aubaine pour celles qui auraient finalement économisé de l’argent avec ces fermetures.

Même tonalité chez Profedim, le syndicat des producteurs, des festivals, ensembles, et des diffuseurs indépendants, principalement dédié à la musique classique.

Aurélie Foucher, directrice générale de l’organisation, a tiré la sonnette dès vendredi soir : « Si les associations sont exclues du champ du chômage partiel, cela mettra en péril nos structures ».

Mais c’est surtout pour les intermittents que l’arbitrage gouvernemental est très attendu. « Pourquoi ne pas associer les professionnels ? » s’interroge-t-elle.

« Il faudra des moyens après le déconfinement »

« Aucun fonds d’urgence n’est accessible pour nous. Seul l’accès au chômage partiel permet de préparer la réouverture. Mais dans notre secteur, ce sera bien après le 11 mai. Et il faudra alors des moyens pour tout relancer » précise-t-elle. En attendant les précisions gouvernementales, l’organisation a préconisé à ses adhérents de mettre en attente la question des intermittents et artistes. Mais la situation ne peut durer éternellement.

« Une règle rigide n’est pas possible »

Au Sénat, la présidente de la commission de l’Éducation et de la Culture, Catherine Morin-Desailly compte bien interroger le ministre à ce sujet jeudi 16 avril. « Mais le chômage partiel n’est qu’un des outils dans la batterie des mesures à mettre en œuvre » prévient-elle. Pour la sénatrice de Seine-Maritime, pas question de remettre en cause l’accès à ce dispositif pour le secteur culturel, en complément des subventions. « L’un ne se substitue pas à l’autre. Et une règle rigide n’est pas possible. Il faut que l’État et les collectivités locales travaillent ensemble pour fournir des réponses cohérentes, articulées, efficaces et adaptées à chaque situation » suggère-t-elle.

Par ailleurs présidente de l’association française des orchestres, elle espère que cette crise sera « l’occasion de s’atteler à ce sujet sur lequel nous alertons depuis des années ». Car après la crise, il faudra relancer l’écosystème de la culture en général et de la musique classique en particulier. Un défi qu’il faut d’ores et déjà préparer.

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