Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Grossophobie : le poids de la discrimination
Par Public Sénat
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Au mois de mai dernier, est rentré dans le Petit Robert, le mot « grossophobie ». Une victoire pour celles et ceux qui se battent pour faire connaître et combattre ce phénomène. Gabrielle Deydier, fondatrice du webzine culturel « Ginette le mag » et auteure d’« On ne naît pas grosse » (Éditions de la Goutte d’Or) en fait partie. Elle définit la grossophobie comme « l’ensemble des discriminations systémiques (…) qui touchent les personnes en surpoids et ou obèses ».
Pour Gabrielle Deydier, on peut distinguer plusieurs types de grossophobie : « la grossophobie du quotidien », la grossophobie systémique « liée à la discrimination à l’embauche ou à des problèmes pour se soigner parce qu’on est trop gros ». La grossophobie du quotidien se traduit par des actes de monsieur et madame-tout-le-monde qui se permettent de faire des réflexions à une personne obèse sur ses achats de nourriture au supermarché, sur ses choix de plats au restaurant, quand ce n’est pas de lui jeter des insultes à la figure.
Les obèses rencontrent aussi des difficultés pour se mouvoir et occuper l’espace de la ville, qui n’est souvent pas adaptée : « A Paris, c’est un vrai souci l’accessibilité. Ne serait-ce que les bancs (…) sur les quais de tramway, par exemple. C’est d’autant plus violent qu’on sait que ces bancs ont des petits accoudoirs pour ne pas que les gens viennent dormir dessus. Et il se trouve que quand on est gros, on ne peut pas non plus s’asseoir dessus. Et ça c’est très révélateur pour moi. Cela veut dire que les gens dont on ne veut plus, on n’a pas besoin de le leur dire. On se débrouille pour qu’ils ne soient pas là » déplore fondatrice du webzine culturel « Ginette le mag ».
Gabrielle Deydier explique que quand on est obèse, on se sent souvent en trop et on apprend à se faire discret. « Ou alors, il essaie de se faire remarquer positivement, avec cette éternelle image du gros rigolo » ajoute-t-elle. « D’ailleurs, quand il y a des gros qui maigrissent et qui ne jouent plus le rôle du gros, on leur reproche de ne plus être dans ce rôle-là » estime-t-elle.
L’auteure d’« On ne naît pas grosse » combat l’idée comme quoi les obèses se laisseraient aller et n’auraient pas de volonté face à la nourriture : « Les maladies de la volonté, concrètement, n’existent pas. »
Et d’ajouter : « L’obésité est une maladie. Après il y a beaucoup de discussions autour de « est-ce que c’est un symptôme ou est-ce que c’est le résultat ? » Statistiquement, on augmente nos risques d’avoir des maladies qui sont liées à l’obésité (…) Mais on peut-être obèse sans être malade. »
Gabrielle Deydier regrette le manque d’empathie du milieu médical et parle même d’ « ultime violence » : c'est-à-dire être culpabilisé par la personne – le médecin - censée nous protéger.
Gabrielle Deydier insiste sur le fait que l’obésité n’est pas qu’ « une histoire de bouffe » : « C’est multifactoriel. L’obésité c’est un marqueur social, c’est un marqueur de pauvreté. Une femme obèse a huit fois moins de chance de se faire employer qu’une femme qui ne l’est pas. Un homme obèse a trois fois moins de chance de se faire employer (…) Si vous prenez les cartes de l’obésité, les cartes de l’alcoolisme, les cartes de la dépression, elles se superposent toutes avec la carte de la pauvreté. Il y a un moment où il faut que l’on réfléchisse globalement. »
Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Gabrielle Deydier (en intégralité) :