Guéret, une ville à la dérive ?

Guéret, une ville à la dérive ?

Les petites villes de France sont-elles condamnées à mourir à petit feu et à être moquées par les Parisiens ? C'est ce que s'est demandé Guillaume Estivie, réalisateur d"I love Guéret", qui a décidé de mettre en avant les qualités de sa ville natale, Guéret en Creuse, à travers ses habitants.
Public Sénat

Par Yanis Darras

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il existe des villes en France où l’avenir semble bien sombre. Fermetures des petits commerces dans le centre-ville, vieillissement de la population, exode vers la périphérie… la vie de certaines villes rurales semble difficile, face aux métropoles françaises qui attirent toujours plus d’étudiants et de jeunes familles.

C’est le cas de Guéret. La préfecture de la Creuse dépérit, dans l’indifférence générale des Parisiens souligne Guillaume Estivie, réalisateur du film « I love Guéret », à travers ses amis : « C’est où Guéret ? Entre nulle part et trop loin ? » Visiblement touché en plein cœur, le Guérois a décidé de montrer que sa ville d’enfance avait encore quelques cartes dans sa poche.

Guéret, ville attractive

gueret_capture_3.jpg
A Guéret, la rue piétonne semble un peu vide et pourtant, les initiatives pour lui redonner vie sont nombreuses.

À première vue, la ville semble vide. 40 boutiques ont fermé dans le centre-ville en seulement dix ans, au profit de zones commerciales situées en périphérie, et facilement accessible en voiture. Pourtant, il existe encore des résistants dans le centre-ville. C’est le cas de Véronique qui vient d’ouvrir sa galerie d’art et qui vient à la rencontre des rares habitants qui s’aventurent dans les rues de la ville. Son but : souligner les aspects positifs de la ville. « Moi, je dis qu’il faut déclencher les énergies positives ! Aujourd’hui, il y a plein de gens qui ne savent pas où aller, qui trouve tout trop cher… venez à Guéret ! Ici, on a une qualité de vie assez exceptionnelle, des loyers pas trop élevés et des maisons à prix raisonnables ! »

Il faut croire que Véronique se veut la défenseuse de sa ville, et aussi un peu sa responsable de communication. Car la ville a perdu ¼ de ses habitants en une trentaine d’années.

Des habitants combatifs

Alors à Guéret, on soutient la ville comme on le peut, en essayant d’apporter un peu de prospérité à la commune. C’est le cas de cette jeune grand-mère, qui s’est mise à fabriquer des ours en peluche depuis la naissance de ses petits-enfants, il y a quelques années. Dans son petit atelier, sa collection la surveille paisiblement. « Mes ours sont vivants » plaisante-t-elle, avant de se souvenir, les larmes aux yeux : « Une fois, on m’a demandé un couple d’ours pour les 60 ans de mariage d’un couple. (…) Quand je les ai emballés, j’ai eu les larmes aux yeux parce que, durant toute la période de fabrication des ours, j’ai imaginé ces gens. Je les ai vus amoureux… ces ours, c’étaient eux. C’est pour ça que je dis que mes ours sont vivants. »

 

gueret_capture_2.jpg
Guéret est connue pour ses loups ... un peu moins pour ses ours en peluche !

Des histoires touchantes, Guéret en a autant à raconter qu'elle a d'habitants. À l’image d’une partie de ces enfants réunionnais, envoyés dans les années 60 dans la ville creusoise, pour tenter de repeupler la région. Beaucoup ne sont jamais retournés sur leur terre natale, et ne l’envisagent pas. « Ma Réunion est ici – à Guéret. Je travaille pour la Réunion mais ici. J’aurai probablement beaucoup de mal à le faire là-bas. (…) Cette culture réunionnaise, j’ai envie de la montrer aux Creusois. De partager tout ce que j’ai au fond de moi, c’est-à-dire, ma musique, ma culture. »

Guillaume Estivie est clair : Guéret vit encore. Grâce à ses habitants, la ville a su garder son charme. Un charme indéniable pour le réalisateur qui voit en sa ville natale, son petit coin de paradis malgré les difficultés que cette dernière a pu rencontrer ces trois dernières décennies. 

"I love Guéret", de Guillaume Estivie, un documentaire à voir sur Public Sénat

Dans la même thématique

Dans le budget 2025, le gouvernement prévoit de réduire les moyens alloués à MaPrimeRénov, une aide de l’Etat destinée aux travaux de rénovation thermique des logements.
3min

Société

Logement : une proposition de loi communiste pour encadrer le prix du foncier

Pour répondre à la crise du logement, le groupe communiste du Sénat propose d’encadrer les prix du foncier, afin de favoriser la construction de logements sociaux et l’accession à la propriété. Le dispositif serait calqué sur l’encadrement des loyers, déjà en vigueur dans une dizaine de métropoles.

Le

Guéret, une ville à la dérive ?
3min

Société

Faire payer aux détenus une partie de leurs frais d’incarcération, comme le veut Gérald Darmanin ? « Une idée à la noix », fustige Jérôme Durain

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé lundi sa volonté de « modifier la loi » pour faire « contribuer » les détenus à une partie de leurs frais d’incarcération. « On est dans la démagogie la plus caricaturale », réagit sur Public Sénat le sénateur socialiste Jérôme Durain, co-rapporteur de la proposition de loi sur le narcotrafic qui devrait être définitivement adoptée par l’Assemblée nationale ce mardi. L’élu dénonce une « surenchère sécuritaire ».

Le

Illustration: justice tibunal,administration penitenciaire.
6min

Société

Qu’est-ce que le « contrôle coercitif », cette notion au cœur des débats sur la proposition de loi contre les violences sexuelles ?

L’intégration dans le Code pénal de cette notion, développée dans les années 1970 pour décrire certains aspects des violences conjugales, a nourri de vifs débats au Sénat jeudi 3 avril. Les élus ont renoncé à la faire entrer strico-sensu dans la loi, mais ils s’en sont inspirés pour revoir la définition pénale du harcèlement sur conjoint.

Le

European Union defence : ‘rearming Europe’ project
6min

Société

Kit de survie : « Quand une population est préparée, elle n’est pas en mode panique », salue le sénateur Olivier Cadic

Pour que les populations soient préparées en cas de crise, la Commission européenne conseille aux citoyens d’avoir un « sac de résilience » avec tout ce qu’il faut pour tenir, en cas de catastrophe naturelle… ou de guerre. « Le but n’est pas de faire peur aux gens », soutient le sénateur LR Cédric Perrin, mais « d’anticiper les situations ». La France prépare un livret de survie, sur le modèle suédois.

Le