Guerre en Ukraine : les craintes de la filière agricole française

Guerre en Ukraine : les craintes de la filière agricole française

Deux ans après la dernière édition, le Salon de l’Agriculture 2022 sonne comme des retrouvailles pour le millier d’exposants présents ce samedi, porte de Versailles. Mais la guerre en Ukraine et ses conséquences pour de nombreuses filières sont venues gâcher la fête.
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Emmanuel Macron a donné le ton dès l’inauguration du Salon. « Cette guerre aura des conséquences sur nos exportations pour les grandes filières », a-t-il prévenu, citant les secteurs du vin, des céréales et de l’alimentation du bétail.

Une crise qui intervient au moment où les négociations commerciales se font dans des conditions difficiles entre producteurs et distributeurs. Pour mémoire, la loi Egalim 2 votée en 2021 vise à œuvrer pour une « juste rémunération des agriculteurs » dans les relations commerciales entre les différents secteurs de l’agroalimentaire.

« Bouclier alimentaire » « pour ne pas être dépendant de la Russie »

« La Russie s’est construite un empire économique très fort. Ils ont le gaz, les engrais qui ont augmenté de 138 % sur une année, les céréales, le maïs, le blé… La Russie c’est 30 % des exports mondiaux. Donc, nous avons un vrai risque d’augmentation du prix de l’alimentation animale. Il y a une nécessité pour les éleveurs d’avoir un prix (pour leurs produits) plus élevé », rappelle, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA et du syndicat agricole européen majoritaire Copa (voir la vidéo tournée par Jérôme Rabier et Flora Sauvage)

Christiane Lambert demande au gouvernement la mise en place « d’un bouclier alimentaire » « pour ne pas être dépendant de la Russie ». « Être capable de nourrir sa population, c’est la vraie force aujourd’hui. La souveraineté alimentaire, c’est fragile et nous risquons de le voir prochainement », rappelle la patronne de la FNSEA qui prédit « une hausse des prix en raison de l’élévation de la hausse des coûts ». « Sinon il y aura des faillites chez les agriculteurs et chez les industries de transformation ».

« Il n’y aura pas de pénurie de blé car on a un stock mondial très confortable »

Philippe Dubief, céréalier de Côte d’Or et président du comité Communication et Promotion d’Intercéréales, estime quant à lui, que les conséquences de la guerre sur la filière se résumeront simplement « à un peu de volatilités ». « Le bilan du blé mondial en 2021-2022 est excédentaire. Par conséquent, il n’y aura pas de pénurie de blé car on a un stock mondial très confortable […] L’offre est largement suffisante […] Temporairement, on peut avoir des tensions mais qui seront très modérées. Il n’a pas d’inquiétudes à avoir », estime-t-il.

« Les sanctions contre la Russie qui vont tomber nous font craindre une flambée du coût des matières premières »

De l’inquiétude, les éleveurs en ont néanmoins. « On en produit des céréales en France, certes. Mais nous sommes aussi dépendants du marché mondial, notamment des engrais azotés qui servent à la production de la céréale française », souligne Fabien Favre, éleveur de bovins dans le Cantal.

« Les sanctions contre la Russie qui vont tomber nous font craindre une flambée du coût des matières premières. Donc des coûts et des charges sur les exploitations qu’on ne pourra pas maîtriser et des répercussions qu’on ne pourra pas mettre sur le prix de vente de nos animaux ou de nos productions », s’inquiète-t-il.

Thierry Meyer, président de l’interprofession nationale porcine (Inaporc) considère lui aussi que la guerre va engendrer une hausse du cours du blé. « Il a déjà pris 15 à 20 % et par conséquent, le prix de revient du porc sera encore plus cher demain. Afin de « protéger le porc français », Thierry Meyer appelle les distributeurs à accepter les hausses tarifaires demandées. Sans cela on verra une production diminuer et des importations augmenter »

 

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