Avez-vous des nouvelles de vos collaborateurs ?
A l’heure où on se parle (samedi matin 10H), nos collaborateurs, environ un millier, sont sains et saufs. On suit ça heure par heure. Nous avons trois sites en Ukraine où on produit du fromage, de beure et du yaourt. Un site à la frontière russe au Nord. Un site à l’Est et un au Sud. Ils sont dans des zones de campagnes, donc pas dans les zones les plus militarisées. Ces sites ne fonctionnent pas actuellement puisque les producteurs de lait ont arrêté la collecte pour des raisons de sécurité. Notre première préoccupation c’est la sécurité de nos collaborateurs. Certains sont actuellement à Kiev dans des stations de métro, avec leur famille, et sont extrêmement inquiets. On sent une extrême tension.
L’autre enjeu, c’est la chaîne alimentaire pour les Ukrainiens. Il va falloir assez rapidement s’assurer de pouvoir continuer de distribuer les produits.
Y a-t-il des Français parmi eux ?
Nous n’avons pas d’expatriés. La politique du groupe c’est d’être local partout. Ce sont des Ukrainiens.
Avez-vous une idée des conséquences de la guerre sur le chiffre d’affaires de Lactalis ?
Le groupe Lactalis en Ukraine, c’est un marché qui représente 100 millions d’euros de chiffres d’affaires. Mais à l’heure ou l’on parle ce n’est pas vraiment les euros qui comptent, ce sont nos collaborateurs.
En ce qui concerne les conséquences, c’est un peu tôt pour les évaluer. Nous avons la particularité de collecter localement, de transformer localement et de vendre localement. C’est interne au marché ukrainien. Quant au marché russe, depuis 2014, il ne fait plus l’objet d’import-export. C’est un marché autonome.
Le Président Emmanuel Macron est venu au Salon de l’Agriculture ce matin. Il a évoqué des « conséquences durables » de la guerre sur l’agriculture. Qu’attendez-vous de l’Etat ?
Nous sommes en lien étroit avec l’Etat qui cherche à évaluer les conséquences que ce conflit peut avoir sur les entreprises françaises, notamment en ce qui concerne l’énergie. Nous avons 66 usines en France. Il faut qu’elles continuent à pouvoir être alimentées. On a été rassurés sur ce point. Le risque économique sera l’impact de la hausse du coût de l’énergie sur la filière agricole et ses répercussions sur le prix des produits pour les Français.