Hausse du prix des mutuelles : « Inacceptable » jugent les sénateurs

Hausse du prix des mutuelles : « Inacceptable » jugent les sénateurs

En 2023, les cotisations des mutuelles vont augmenter en moyenne de 4,7 %, a annoncé la Mutualité française. Une décision jugée inacceptable par les sénateurs.
Alexandre Poussart

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Un nouveau coup porté au porte-monnaie des Français en ce début d’année 2023. Les mutuelles vont augmenter en moyenne de 4,7 % le montant de leurs cotisations cette année, selon la Mutualité française, qui a mené une enquête auprès de 35 organismes couvrant 18 millions d’assurés. Tous les cotisants ne seront pas impactés de la même manière. Les contrats collectifs (par exemple pour les salariés d’une entreprise) prévoient une hausse en moyenne de 5,7 % tandis que les contrats individuels, qui concernent notamment les retraités, augmenteront de 4,1 % en moyenne. 2,2 millions d’adhérents ne connaîtront pas d’augmentation de leurs cotisations en 2023, précise néanmoins la Mutualité française.

Une hausse « injustifiée »

« Ce n’est absolument pas justifié », déplore la sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly. « Dans mon département du Pas-de-Calais, certains renoncent à prendre des mutuelles, car c’est devenu trop cher. Pour un couple, une mutuelle peut revenir jusqu’à 200 euros par mois. Cela va frapper les salariés modestes, les petites entreprises, déjà touchées par l’inflation et aussi les petites retraites. »

« Cette hausse des mutuelles est inacceptable », réagit René-Paul Savary, sénateur LR et président de la Mission sénatoriale de contrôle et d’évaluation de la Sécurité sociale. « La période d’inflation a bon dos, tout le monde veut en profiter. Les mutuelles devraient faire un geste pour le pouvoir d’achat de leurs adhérents et ne pas augmenter leurs tarifs.  » Pour le sénateur centriste Olivier Henno, vice-président de la commission des Affaires sociales du Sénat, « cette nouvelle est inquiétante et difficile à expliquer. Le prix des médicaments n’augmente pas, ni celui des actes médicaux, alors pourquoi celui des mutuelles ?  »

Les remboursements de soins ont augmenté en 2022

Les mutuelles avancent plusieurs justifications de cette décision et notamment la hausse des remboursements de soins pour les Français en 2022. « En moyenne, l’an dernier, on estime que les Français ont perçu 49 euros de remboursements supplémentaires par rapport à 2019 », assure la Mutualité française dans un communiqué. « Au premier semestre 2022, ces remboursements ont progressé à un rythme soutenu sur les secteurs de l’audiologie (+10,7 %) et des prothèses dentaires (+2,9 %).  » Un argument qui ne passe pas au Sénat : « Les mutuelles ont des réserves financières prudentielles constituées depuis des années dans lesquelles elles peuvent puiser », estime René-Paul Savary.

Un rattrapage des soins reportés par la crise du Covid

Selon les organismes mutualistes, ces hausses de dépenses s’expliquent par l’inflation générale et par un rattrapage des soins reportés en période de Covid. « Ce rattrapage des soins est tout à fait normal, c’est de l’argent que les mutuelles n’ont pas dépensé en période de Covid. Elles n’ont donc pas besoin d’augmenter leurs prix », s’insurge René-Paul Savary.

Autre argument des mutuelles, la mise en place du 100 % santé. Cette réforme du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, crée un panier d’équipements de santé (lunettes, prothèses dentaires, appareils auditifs) gratuit pour les assurés et financé en partie par les complémentaires santé. « En 2021, le 100 % santé a représenté une dépense supplémentaire de 900 millions d’euros », explique la Mutualité française.

Des taxes exceptionnelles sur les mutuelles

Les complémentaires santé évoquent enfin les taxes exceptionnelles dont elles ont fait l’objet ces dernières années car elles ont fait des bénéfices pendant la crise Covid. Une contribution qui s’élève à 1,5 milliard d’euros en 2 ans, et que le Sénat souhaitait porter à 2 milliards d’euros. Pour l’année 2023, le Parlement, sous l’impulsion du Sénat, a même voté une taxe supplémentaire des mutuelles de 300 millions d’euros, dont la recette sera transférée à la Sécurité sociale.

Une taxe supplémentaire que n’avaient pas votée les sénateurs communistes : « Il faut aller vers le 100 % Sécurité sociale pour résorber les inégalités entre les Français face au coût et à l’incertitude que représentent ces mutuelles complémentaires », estime la sénatrice communiste.

Pour son collègue centriste, « sans être pour le 100 % Sécurité sociale, il faut que le mutualisme soit exemplaire et plus transparent sur l’utilisation de l’argent des assurés et notamment sur les frais de gestion qui sont trop élevés actuellement. »

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