Le comédien et réalisateur Artus était invité au Sénat, ce mardi 8 octobre, pour y présenter son film « Un p’tit truc en plus », et participer à un débat autour de l’inclusion dans le cinéma. Il a annoncé le lancement d’une fondation, destinée à mettre en place des centres de vacances inclusifs, accueillant à la fois jeunes valides et jeunes en situation de handicap.
Homosexualité dans la police : la diversité derrière l’uniforme
Par Public Sénat
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C’est un témoignage bouleversant à visage découvert. Celui d’une policière. Peggy est brigadier-chef, jeune maman et homosexuelle. Face à la caméra, elle évoque la passion qu’elle a pour son métier, son investissement quotidien et l’ardeur qu’elle met à résoudre les enquêtes qui lui sont confiées. Oui mais voilà, parfois des remarques sur son orientation sexuelle surgissent. Comme ce jour-là où un commissaire lance : « ça me fait toujours rire d’entendre parler de la fille de Peggy », une remarque sur une maternité qui serait douteuse, reçue comme un coup de poing pour celle qui toujours voulu être une flic parfaite, renvoyée en une phrase à son orientation sexuelle.
« Je n’ai pas menti, j’omettais de dire la vérité »
Brimades, remarques, discriminations, assumer son homosexualité lorsque l’on est policier n’est pas toujours facile. Mickaël, comme beaucoup de sa génération, est longtemps resté discret sa vie privée. « Je n’ai pas eu à mentir quand j’étais gardien de la paix, à Boulogne-Billancourt ou en école. Je n’ai pas menti, j’omettais de dire la vérité », confie-t-il.
Pourtant, dans cette profession qui il y a encore quelques années exaltait la virilité de son corps, les choses changent. Dans son film, Cécile Patingre donne la parole aux simples flics et aux gradés, et décrit une police plus diverse que l’uniforme ne le laisse paraître : « La police est à l’image de la population qu’elle sert, il y a des homosexuels partout, donc également dans la police », commente Alain Parmentier, membre de l’association FLAG.
« La police est à l’image de la population qu’elle sert, il y a des homosexuels partout, donc également dans la police »
Et il en sait quelque chose. Depuis 2001, cette association milite pour la défense des droits des minorités LGBT dans les forces de l’ordre. Et si aujourd’hui dans les écoles de police le sujet n’est plus tabou, c’est à leur action militante qu’on le doit. Désormais, les futurs diplômés reçoivent un enseignement sur la lutte contre les discriminations, basée sur une charte rédigée par FLAG.
« Ce qui a du mal à avancer c’est la prise en compte dans la culture policière de la diversité en général »
Si l'acceptation de l'homosexualité progresse, la question de la transidentité semble être plus difficile à accepter. Une commissaire, très à l’aise avec le changement de sexe d’un de ses employés en 2012, s’est vue attirer les critiques de ses collègues pour avoir accepté la « lubie » d’André, devenu Marilyne. « Ce qui a du mal à avancer c’est la prise en compte dans la culture policière de la diversité en général. […] Il y a une vraie volonté de l’administration affichée aujourd’hui mais […] la culture policière ne va pas changer en quelques décennies, elle est forgée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », explique la commissaire.
Si les témoignages ont été difficiles à recueillir, le film se termine sur une note de tolérance et le défilé de policiers européens lors de la "Gay pride". Interloquée une passante apostrophe l'un des policiers espagnols présents : « Je voulais te demander, tu es déguisé ou tu es un vrai policier ? (..) Je suis un vrai policier. C’est incroyable que les gens soient encore surpris ! La police est diverse, elle est LGBT. », répond-il avec le sourire, une main sur l’épaule de cette passante.