Hôpital : « Pour le moment, ça ressemble à un catalogue de bonnes intentions »

Hôpital : « Pour le moment, ça ressemble à un catalogue de bonnes intentions »

Dans Sénat 360, les représentants des professionnels ou des patients, mais aussi les sénateurs, ont réagi au plan de transformation du système de soins, présenté ce matin par Édouard Philippe. Si le diagnostic posé ne fait pas débat, ce n’est pas le cas des solutions à apporter à la crise que connaît l’hôpital.
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Alors que le malaise s’amplifie dans les hôpitaux, face à l’étau budgétaire, comment a été accueillie la stratégie nationale présentée par Édouard Philippe, qui doit refonder à l’issue d’une concertation de trois mois, le système de santé français ?

Du côté de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les établissements publics, on y voit un « discours prometteur » et un « bon diagnostic ». « Le Premier ministre aborde les vrais sujets qui font aujourd’hui blocage dans notre système », réagit son président Frédéric Valletoux, qui se félicite également d’un « calendrier serré ». « Encore faut-il qu’au mois de mai le gouvernement soit au rendez-vous », nuance-t-il.

Hôpital : Un « discours prometteur » , pour la FHF
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« Il faut que le traitement s’inscrive dans le temps »

« On ne va résoudre le problème en trois mois », temporise le sénateur (LREM) Michel Amiel. « Pour que le traitement soit efficace, il faut qu’il s’inscrive dans le temps ».

Santé : « On ne va résoudre le problème en trois mois », estime Michel Amiel (LREM)
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Ce n’est pas l’avis de Bernard Jomier, sénateur (apparenté socialiste) de Paris. « Il y a quatre ou six mois, je disais la même chose. Là je trouve quand même que ça traîne un peu malgré tout ». « Pour le moment cela ressemble encore à un catalogue de bonnes intentions ».

Hôpital : « Pour le moment, ça ressemble à un catalogue de bonnes intentions », pour Bernard Jomier
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Alain Michel Cerreti (France Assos Santé), qui représente les patients, pointe surtout un certain nombre de choses éludées dans le discours gouvernemental, comme la liberté d’installation des médecins, l’un des « piliers » de ce que doit être la réforme, selon lui. « Je n’ai pas entendu la terminologie, ô combien importante pour les usagers, de désert médical », regrette-t-il. « On ne peut pas juste mettre sur la table ce qui ne fâche pas. »

Santé : « On ne peut pas juste mettre sur la table ce qui ne fâche pas », pour France Assos Santé
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Une tarification à l’acte qui entraîne une « concurrence »

C’est aussi ce que pense le président de la FHF. « Il y a un appel à la responsabilité lancé aux praticiens libéraux. Il doit être suivi d’effets, cela ne suffit pas. » Sur la baisse demandée de la part de la tarification à l’acte (T2A) dans le budget des hôpitaux, afin de lutter contre l’inflation des interventions,  Frédéric Valletoux considère qu’il s’agit d’un « chiffon rouge ». « Ce n’est pas une grosse révolution », affirme-t-il, notant que cette part, qui doit revenir à 50%, est aujourd’hui à 55%.

Pour la sénatrice (Union centriste), Élisabeth Doineau, qui se « réjouit » des annonces faites ce mardi, la « tarification à l’acte n’était pas une bonne chose en soi ». « Elle installe une concurrence entre les établissements sur un même territoire, c’est très mauvais, cela oblige à faire des volumes ». L’élue de Mayenne se dit également en accord avec les propositions sur le plan de la formation. « On doit revoir ce numerus clausus et revoir ce plafond de verre » de la première année de médecine, qui « décourage », selon elle, les étudiants.

Élisabeth Doineau se « réjouit des annonces faites par le gouvernement » pour les hôpitaux
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« Nous sommes traités comme des organes qu’il faut soigner »

Quant aux moyens annoncés par Édouard Philippe, Bernard Jomier regarde d’un œil critique les 100 millions d’euros supplémentaires promis chaque année pour faire vivre la réforme. « C’est la moitié du déficit du premier CHU de France, donc ça dit la modestie de la mesure ».

Pour Alain Michel Cerreti (France Assos Santé), le problème fondamental est « la perte de sens » sur le plan humain dans l’hôpital. « Nous ne sommes pas traités comme des humains, dans le sens de personnes, mais comme des organes qu’il faut soigner ».

Frédéric Valletoux lui emboîte le pas et rappelle que le mouvement dans les hôpitaux ne comporte aucune revendication sur des « mesures catégorielles ». « Les économies pour des économies, ça suffit », dénonce-t-il. « Il est temps de passer à de vraies réformes, sinon l’élastique sur lequel on tire, il va claquer, et personne n’y a intérêt ».

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